Deux problèmes existaient, cependant : même si les différents systèmes informatiques mis en réseau étaient disposés à des endroits différents, une défaillance du système central suffisait à faire cesser toute communication entre eux.
Pour comparer avec un évènement plus récent, c'est ce qui s'est passé pour Napster : lorsque le système central a été mis hors d'état de nuire par la justice, en 2000, refusées plusieurs fois par AT&T arguant qu'elles ne fonctionneraient pas, pour imaginer un nouveau réseau, plus résilient. Son nom devait être ARPANET, pour ARPA, le nom du service de Robert Taylor et Net, de network, signifiant réseau.
En réalité, le problème de Robert Taylor était tout simplement qu'il avait deux ordinateurs déjà connectés à différentes machines et qu'il voulait trouver un moyen pour qu'un nouveau terminal puisse dialoguer et se mettre en réseau avec l'un ou l'autre de ces ordinateurs. La méthode pour relier ces ordinateurs était encore ouverte, à cette époque.
Même après la création de ce réseau, certaines contraintes se révélaient gênantes : au cas où une erreur devait se révéler durant le transfert du message, il fallait transmettre, du coup, le message complet. Effectivement, au final, le message pouvant passer par plusieurs serveurs différents, il arrivera à destination, mais au prix de beaucoup de temps perdu. D'où l'idée, partagée avec d'autres, de découper ce message en petits paquets standards pour le transport, pour recomposer le message à l'arrivée. Si un paquet s'est perdu en route, il sera alors demandé au serveur de ne renvoyer que ce petit paquet.
Plus tard, ce pressentiment deviendra le protocole TCP/IP.
Paul Baran a retracé, dans une passionnante interview accordée à Wired en 2001, l'histoire de l'époque, entre réflexion sur la survie des moyens de communication après une attaque nucléaire, coups de bluff et lourdeurs de l'administration.
L'homme, très humble, se décrivait comme un simple artisan, parmi le millier d'autres qui ont bâti la cathédale Internet, bien qu'il ait clairement travaillé sur ses fondations...
Ce qu'il voyait, en décembre 1966 ? Il présentait à l'époque une étude à l'association américaine de marketing, nommé "Le marketing en l'an 2000". Il y décrivait la diffusion d'informations par le réseau de deux manières, soit directement "imposées" au public, soit récupérées par le public lorsqu'il le souhaite.
Il décrivait également une nouvelle façon de commander, depuis sa télévision, en sélectionnant par exemple "matériel", puis "outils" avant de se voir proposer deux perceuses "intressantes". Pour choisir entre les deux, un sélection sur le bouton de demande à une association de consommateurs, et leur avis permettait de se décider, avant d'acheter.