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50% des foyers français ont la fibre, mais ils sont loin d'être tous abonnés

Le déploiement de la fibre optique a fait un bond de géant en 2019, mais seul un gros tiers des foyers raccordables détiennent un abonnement.

50% des foyers français ont la fibre, mais ils sont loin d'être tous abonnés
Yann Daoulas - modifié le 10/03/2020 à 10h10

On en attendait 4 millions en 2019 : ce sont finalement près de 5 millions de locaux qui sont devenus raccordables en fibre optique l'an passé. Une cadence inédite qui a permis d'atteindre, à fin décembre 2019, le nombre de 18,4 millions de foyers et entreprises raccordables en France. C'est-à-dire 50% des locaux du territoire.

Cette disponibilité croissante de l'Internet Très Haut Débit en fibre se traduit sans surprise par une hausse rapide des abonnements. Pourtant, moins de 40% des Français chez qui la fibre est disponible ont sauté le pas et souscrit une offre. Alors que les usages numériques explosent, pourquoi les consommateurs ne prennent-ils pas un abonnement à la fibre quand celle-ci vient à eux ?

Des chiffres en trompe-l'œil

Un rythme de déploiement record, mais une adoption qui reste en apparence mesurée. C'est frappant lorsque l'on regarde les chiffres fournis par le gendarme des télécoms. Malgré ces plus de 18 millions de locaux raccordables en fibre jusqu'au domicile (FttH), l'Arcep, dans son dernier observatoire, ne dénombre que 7,1 millions d'abonnés

fibre-optique-decembre-2019

Source : Observatoire Haut et Très Haut Débit de l'Arcep, T4 2019

Un constat à relativiser toutefois : certes, à fin décembre 2019, seulement 38% des foyers et entreprises couverts en fibre s'étaient effectivement abonnés. Cette proportion était de 32% il y a deux ans. L'augmentation peut paraître lente, mais n'oublions pas qu'en parallèle, le nombre de locaux éligibles explose lui aussi... De quoi démontrer malgré tout l'appétence des Français pour la fibre, illustrée par un autre chiffre : depuis plusieurs années maintenant, le nombre d'abonnés à une offre FttH augmente à une cadence quasi métronomique de 50% par an. A ce rythme, ils seraient donc... 22 millions à fin 2022 !

Enfin, il ne faut pas oublier que parmi ces nombreux non-abonnés, certains sont éligibles depuis plusieurs années, mais certains depuis quelques mois seulement. Ces derniers sont parfois simplement raccordables, et pas encore éligibles commercialement. Ou parfois pas informés de la disponibilité de la fibre à leur adresse - rappelons que notre test d'éligibilité peut y remédier. Et, parfois aussi, pas satisfaits des propositions qui se présentent à eux, notamment lorsqu'il n'y a qu'un ou deux fournisseurs chez qui s'abonner.

Des besoins inégaux en (Très Haut) débit

Passé ces précautions statistiques, quelques raisons concrètes peuvent expliquer pourquoi de nombreux Français choisissent de se passer de la fibre optique, même quand ils peuvent y prétendre. Il y a ceux, tout d'abord, qui, même s'ils sont éligibles à plusieurs centaines de Mb/s, voire plus, n'en ressentent tout simplement pas le besoin. Parce que leur usage d'Internet se limite à l'essentiel et qu'ils peuvent donc se contenter d'un ADSL de qualité correcte : navigation, mail, voire télévision en qualité minimale. Et sans trop d'usages en simultané au sein du foyer.

D'autres internautes dont les besoins en débit sont plus conséquents peuvent du reste être satisfaits par une connexion Très Haut Débit assurée autrement qu'en fibre optique. Le VDSL2, qui leur permet de compter sur plusieurs dizaines de Mb/s, ou encore la fibre avec terminaison câble (FttB), susceptible de délivrer, en fonction des zones géographiques, de 30 Mb/s à 1 Gb/s en réception.

On pourrait ajouter que la fibre optique s'est déployée en priorité jusqu'ici dans les zones les plus denses du territoire. Soit, globalement, là où l'ADSL de qualité ou les alternatives THD sont aussi les plus répandus, comme le constatait il y a quelques mois une étude de l'UFC-Que Choisir. Il sera ainsi intéressant de voir si le taux d'adoption de la fibre accélère plus franchement à mesure que les zones rurales "oubliées du débit" seront desservies en fibre optique dans les prochaines années.

La fibre plus chère que l'ADSL

Modestes ou plus gourmands, à partir du moment où leur connexion Internet suffit à combler leurs désirs, les utilisateurs ne voient pas vraiment de raison de changer pour une autre technologie. D'autant que le passage au Très Haut Débit en FttH reste pour de nombreux consommateurs synonyme de hausse de la facture.

C'est l'un des repoussoirs qui colle à la fibre : ces abonnements sont en général plus chers que l'ADSL. Ce n'est pas tout le temps vrai, du reste : les offre fibre Free, par exemple, sont proposées au même prix que les abonnements haut débit classiques. Ses concurrents, en revanche, ont beau proposer la fibre au prix de l'ADSL la première année pour convaincre le chaland, ils la font payer plus cher ensuite. Comptez ainsi 2€/mois en plus chez Bouygues Telecom, et 5€/mois supplémentaires chez Orange et SFR.

Chez les clients dont l'ADSL fait très bien son office, aucun intérêt à payer plus, donc. A contrario, on peut concevoir que les consommateurs englués depuis des années dans un débit de 2 Mb/s pour 30 à 40 euros par mois voient moins d'inconvénients à payer un surcoût, contre l'assurance d'un débit digne de ce nom.

On va faire des trous chez moi

Et puis il y a l'installation de la fibre. Une opération qui fait peur. Parce qu'elle suggère des frais supplémentaires à la charge de l'abonné. Cela ne sera pas forcément les cas, notamment en immeuble. Le coût du raccordement en fibre optique peut, il est vrai être plus élevé, dans le cas d'une maison individuelle, en fonction des situations. Mais il peut aussi se négocier avec son fournisseur...

Sans parler de l'intervention à proprement parler. La perspective de travaux au domicile achève de conforter les réfractaires à la fibre, et n'est pas pour rassurer les hésitants. Surtout quand certaines opérations bâclées font une mauvaise publicité au raccordement. Des cas complexes existent, et des malfaçons peuvent se produire. Mais l'intervention se révèle en général inoffensive : elle consiste à tirer un câble depuis l'extérieur, si possible via les gaines existantes, jusqu'à un boîtier à installer à un endroit propice de son logement. En faisant en sorte que le tout reste le moins voyant possible, comme il fut fait pour installer le téléphone à l'époque...


Pour en savoir plus sur cette opération, vous pouvez consulter notre guide sur l'installation de la fibre dans une maison. Encore une fois, tout est affaire d'impatience numérique, et tous les internautes ne seront pas prêts à sauter le pas si leurs pratiques en ligne ne le justifient pas. 

Le cuivre n'est pas éternel

Elle finiront sans doute par le justifier, néanmoins, étant donné la sollicitation croissante de nos connexions Internet pour les contenus, les jeux, les achats en ligne ou encore les démarches administratives dématérialisées. Sans oublier que se profile la fin du réseau ADSL. Une date a été fournie par Orange pour son extinction : 2030. D'ici à cette échéance, la couverture exhaustive d'une zone en fibre optique, dans des conditions de concurrence satisfaisantes, entraînera la fermeture progressive de l'infrastructure de cuivre historique.

Le régulateur et les différents acteurs de l'écosystème des télécoms commencent à examiner les modalités fines de cette transition. Qu'on le veuille ou non, le passage à la fibre optique sera donc une nécessité à plus ou moins brève échéance, si tant est que l'on puisse s'y brancher. Le gouvernement vient en tout cas de s'engager à ce que cela soit possible pour la quasi totalité des locaux du territoire à l'horizon 2025.

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