Les chiffres sont tombés il y a quelques jours. Au sortir de l'hiver, près de 20 millions de foyers et entreprises étaient raccordables à la fibre optique en France. Soit la moitié des quelque 40 millions que compte le pays. Mais quelles sont les territoires les mieux couverts ? Régions, département ou villes : voici un état des lieux du déploiement de la fibre dans l'Hexagone à fin mars 2020, grâce aux chiffres publiés en open data par l'Arcep.
[Mis à jour le 20 juin 2020 : A noter que l'Arcep recalcule actuellement le nombre de foyers et entreprises dans le pays, en se basant sur les informations communiquées par les opérateurs. Cette opération s'est déjà traduite ces derniers mois par une révision à la hausse du nombre de locaux, de l'ordre de plusieurs millions, et est toujours en cours. Les taux de couverture indiqués dans cet article se basent sur la "meilleure estimation à date" de l'Arcep et ne reflètent donc pas l'exacte réalité de la situation dans les territoires concernés.]
Top fibre par région : un peu plus à l'Est
Une métropole coupée en deux : c'est ce que suggère la carte de France du déploiement de la fibre par région, arrêtée au 31 mars 2020. Reste que l'écart n'est pas si conséquent entre les deux ensembles, et que les chiffres plus élevés de plusieurs régions reflètent le poids des plus grandes métropoles, à commencer par Paris, Lyon et Marseille. Et aussi de leurs périphéries, où Orange et SFR ont sensiblement accéléré leurs déploiements depuis deux ans. Si bien que la situation dans ces régions a priori en avance sur la fibre n'est pas toujours homogène comme nous le verrons ensuite.
Entre zones urbaines et secteurs moins denses, un rééquilibrage commence néanmoins à s'opérer sur la fibre dans certains territoires. C'est le cas dans la région Hauts-de-France. La seule, derrière les indétrônables Ile-de-France et La Réunion, à dépasser un taux de couverture de 60%. Tout en sachant que ses quelque 1,8 million de locaux raccordables proviennent presque pour moitié des zones les moins denses. Celles desservies par les réseaux d'initiative publique (RIP) : des projets pilotés par les collectivités qui prennent désormais leur essor dans de nombreux départements.
Une dynamique que l'on retrouve, dans une moindre mesure, dans le Grand-Est et en Centre-Val-de-Loire. Les RIP y représentaient fin mars un peu plus d'un tiers des locaux raccordables, selon les données communiquées par l'Arcep.
Outre-mer, enfin, le taux de couverture reste globalement bloqué sous les 20%, quand il n'est pas nul. Hormis à La Réunion où, comme ne l'indique pas un chiffre qui dépasse les 100%, le déploiement est encore en cours sur quelques communes. Remarquons néanmoins l'arrivée de la fibre à Saint-Martin depuis fin 2019. Un chantier confié à Orange, Dauphin Telecom et THDtel, dans le cadre de l'effort de reconstruction consécutif aux ravages de l'ouragan Irma.
Top fibre par départements : cap au Nord
A l'échelle départementale, la carte du déploiement de la fibre fait apparaître une image un peu différente. On y discerne finalement plus de territoires mieux couverts au Nord qu'au Sud. L'Ile-de-France et les Hauts de France n'y sont pas pour rien, avec notamment deux départements - Oise et Val-d'Oise - en passe d'achever le maillage en fibre de leur territoire. Tout comme la Loire, dans un ensemble rhonalpin qui "sauve" la moitié sud grâce à ses métropoles (Lyon, Grenoble, Saint-Etienne) et plusieurs RIP déjà denses.
D'autres départements sont mis en évidence plus à l'Ouest, à commencer par le Calvados. Ce dernier dépasse les 60% de locaux raccordables grâce au déploiements sur fonds privés d'Orange à Caen et son agglomération, et ceux, un peu plus élevés, des deux RIP (Fibre Calvados et Coeur Côte Fleurie) dans les zones moins denses. Un profil équilibré entre ville et campagne que l'on retrouve dans quelques départements aux centres urbains d'envergure modeste, comme la Mayenne ou l'Eure-et-Loir. Mais pas en Ille-et-Vilaine, Loire Atlantique ou Gironde, lesquels affichent des taux de couverture plus élevés que la moyenne essentiellement grâce à leurs grandes agglomérations.
Les départements qui décollent
Voilà pour l'état des lieux de la disponibilité de la fibre optique par département à fin mars. Mais qu'en est-il de leur dynamique de déploiement ? Une majorité d'entre eux ont enregistré une croissance de 25 à 50% de locaux couverts par la fibre en l'espace d'un an. Nombreux sont aussi ceux affichant un rythme encore plus élevé, allant jusqu'à doubler le nombre de foyers et entreprises couverts sur la période.
Une quinzaine de départements se détachent, enfin, avec un volume de lignes plus que doublé, voire triplé ces 12 derniers mois. Dans la plupart d'entre eux - Aveyron, Lot, Lozère, Ariège, Gers, Meuse, Vosges, Creuse, Jura... - il est finalement logique de retrouver de telles augmentations étant donné leur base de départ relativement basse. Ces progressions vertigineuses se traduisent ainsi par "seulement" 5 à 30 000 lignes supplémentaires en un an, pour des taux de couverture compris entre 10 et 30%. Signe, toutefois, que la dynamique est enclenchée, notamment sur les réseaux d'initiative publique. Exception : le Jura, qui ne doit sa forte augmentation des 12 derniers mois qu'aux efforts de déploiement sur les agglomérations de Dole et Lons-le-Saunier.
Dans certains cas, néanmoins ces hausses supérieures à 100% reflètent de forte augmentations en valeur absolue : +75 000 en Haute-Savoie, et près de 100 000 de plus en Charente-Maritime. Des augmentations qui, ici, profitent à peut près à part égale aux zones urbaines où s'activent les opérateurs privés, et aux zones rurales desservies par les RIP.
Couverture fibre en ville : les tops et les flops
Enfin, qu'en est-il du déploiement dans les principale métropoles françaises ? Seules une poignée d'entre elles dépassaient les 90% de couverture fibre fin mars dont Paris, Lyon, Brest, Saint-Denis de la Réunion ou encore Pau grâce à son RIP.
Nombreuses sont celles, en revanche, qui stagnent sous les 60%, dont un trio de queue à moins de 50% : Lille, Béziers et Clermont-Ferrand. On relève en outre une concentration de villes moins bien loties sur l'arc Sud-Est. Dont Marseille, où de trimestre en trimestre, la couverture fibre stagne aux alentours des 65%.
Contrairement aux idées reçues, habiter dans les plus grandes villes du pays n'est donc pas toujours la panacée en matière de connexion Internet. Au rythme actuel des déploiements, c'est d'ailleurs plutôt en périphérie de ces métropoles, ainsi que dans les villes de tailles plus modestes et leurs agglomérations, que l'on aura bientôt plus de chances d'être éligible à la fibre. Les opérateurs Orange et SFR y on en effet souscrit des engagements de déploiement contraignants à fin 2020, puis fin 2022, même s'ils risquent d'être réaménagés suite à la crise sanitaire. Rien de tout cela, en revanche, dans les zones les plus denses du territoire. En tout cas pour l'instant...