Cette image d'Epinal, dont nous nous souvenons tous avoir été les spectateurs ou les acteurs, est en train de disparaître progressivement sous les coups de boutoir des nouveaux services de télévision, une évolution qui s'accélère aujourd'hui mais déjà amorcée depuis plusieurs dizaines d'années.
Il y avait eu en effet, au début des années 1980, la révolution du VHS, qui avait permis à des centaines de milliers de foyers de contrôler, les soirs où les grandes chaînes ne diffusaient "rien de bon", les lumières du petit écran.
Le développement des vidéo-clubs a accompagné le développement du VHS comme son ombre. Plusieurs facteurs à cela : les cassettes vidéo VHS étaient chères à l'achat, pas toujours faciles à trouver en magasin et les moyens personnels d'enregistrement ne permettaient souvent pas de copies illicites des cassettes officielles, bien protégées.
Aujourd'hui, les vidéo-club existent toujours, mais leur marché est en déclin, sous l'effet conjugué du piratage, de la concurrence des sites de charme sur Internet et de la multiplication des sites Internet permettant de voir des oeuvres vidéos en streaming.
Les chaînes optionnelles de télévision, disponibles en utilisant du matériel autre que la simple combinaison entre TV et antenne hertzienne, ont fait leur apparition en France à peu près à la même époque, à l'image de Canal +, la chaîne à péage fondée en 1983.
Aujourd'hui encore, le marché des chaînes optionnelles est en croissance, même si la répartition des revenus générés par ces chaînes s'est déplacée, petit à petit, vers des producteurs de contenus ayant besoin de toujours plus de moyens pour réaliser de la HD ou des effets spéciaux, ainsi que vers des distributeurs finaux, souvent en position de force car bénéficiant d'une situation oligopolistique sur la distribution.
Aujourd'hui, ces chaînes peuvent être reçues par différents canaux. Celui ayant eu son heure de gloire aux Etats-Unis, le câble dédié à la vidéo, est aujourd'hui un modèle en déclin, la plupart des réseaux dédiés à cet usage, comme ceux de Numericable, étant aujourd'hui rénovés pour pouvoir accueillir Internet et téléphonie.
Cela peut paraître étrange aujourd'hui, mais il existait quantité de chaines uniquement diffusées dans un réseau câblé local donné : TV Rennes a commencé ainsi, par exemple.
Le satellite est un marché qui reste vivace, car il est accessible partout sur le territoire pour celui qui dispose d'une parabole : même en zone rurale, à des kilomètres des répartiteurs ou hors de portée des émetteurs TNT, il est possible de souscrire à des Canal Satellite ou à des Orange Sport, ou encore de regarder la BBC sur Astra.
Mais Internet et les réseaux IP en général ont révolutionné la manière de concevoir les chaînes optionnelles de télévision. Internet facilite en effet l'interactivité avec les chaînes : une personne peut désormais souscrire à une offre optionnelle de télévision depuis son canapé, à l'aide de sa simple télécommande, de quoi oublier l'interactivité toute relative d'Hugo Délire !.
Hugo Delire (1993 - Karen Cheryl)
envoyé par GREG1205. -
La simplicité de la commande de nouvelles chaînes et de nouveaux services a un impact direct sur leur popularité : un simple code à entrer, voire une touche "OK" à presser, et vous avez accepté de vous payer une bonne soirée, personnalisée selon vos goûts... et vos moyens.
La sauce a mis du temps à prendre quand on l'observe au regard des espérances de la bulle Internet, mais cette consommation très personnalisée des contenus a commencé à prendre l'aspect d'un marché en croissance... et juteux !
Maintenant que les perspectives de croissance du nombre d'abonnés Internet diminuent, le marché étant saturé, les distributeurs ont aujourd'hui, pour les fournisseurs de contenus, un aspect particulièrement agressif car, non contents de négocier en position de force des contrats de distribution, ils diffusent de plus en plus leurs propres contenus, à l'image des Orange Sport et autres Orange Cinéma qui ont fait leur apparition dans le PAF.
Ceci leur permet de prendre le contrôle de la chaine de production de valeur et donc de mettre la main sur la totalité de la valeur ajoutée produite, dans une stratégie d'intégration verticale et... une politique d'exclusivités.
Or, les fournisseurs de contenus audiovisuels n'ont aucune envie de voir se répéter dans leur marché le scénario de ce qui s'est passé dans la grande distribution, avec la dominance croissante des marques de distributeurs, qui étouffent les marques mineures et augmentent la pression sur les marges des marques majeures.
En substance le discours tenu aux grandes marques en grande distribution est celui-ci : "Si vous voulez continuer à exister dans tel ou tel rayon, rester en tête de gondole ou garder un bon facing, il va falloir nous vendre vos marchandises moins cher, proposer des promo, nous donner des exclusivités ou faire de la pub à la TV pour attirer du monde dans nos magasins. Si vous n'acceptez pas, la porte est grande ouverte, votre remplaçant est à nos couleurs et vous pourrez dire adieu à votre chiffre d'affaires."
On remarque de fortes similarités entre ce qui s'est passé dans le cadre de la grande distribution et ce qui arrive aujourd'hui dans le calme feutré des boutiques de VOD.
Dans ce cadre, le petit évènement que représente le partenariat entre Canal+ et un fabriquant de télévision, TCL, qui a repris la branche télévision de Thomson fait figure de pied de nez au modèle dominant actuel, où les fournisseurs d'accès à internet, dont l'ARPU augmente régulièrement grâce aux contenus additionnels générés grâce au "décodeur" sagement installé sous la TV, ne pourraient pas soumettre à péage ces contenus payants. Tels que l'ont imaginés Canal+ et TCL, deux modèles de télévision HDTV 1080p de 32 et 40 pouces commercialisés en France sous la marque Thomson avec l'appellation « mywish TV » permettront d'accéder directement à Canalplau, le service de VoD du groupe Canal+.
En prime, équipés du WIFi et d'un disque-dur intégré de 4Go, en sus d'un port Ethernet, ces téléviseurs devraient pouvoir résoudre la quadrature du cercle qu'était la simplicité de l'usage : avec cette technique, le film peut potentiellement être téléchargé même sur une ligne habituellement incompatible avec la TV, la diffusion n'ayant pas à être simultanée avec le visionnage du film.