Le patron d’Iliad n’a même pas attendu 9h ce matin pour dévoiler cette fameuse offre qui ne devait « pas plaire à ses concurrents ». Point de nouvelle formule, mais une montée en puissance du forfait haut de gamme Free Mobile, qui permettra dorénavant d’utiliser son smartphone à l’étranger toute l’année. Comme nous l’avions pressenti, l’opérateur a décidé de devancer de quelques mois les nouvelles règles européennes, en soignant au passage sa communication.
Le nouveau forfait Free en détail
Depuis la France métropolitaine, la formule Free mobile à 19,99€/mois sans engagement (15,99€ pour les abonnés Freebox) ne bouge pas : elle embarque toujours, appels et SMS illimités vers les fixes et mobiles de métropole et des DOM (et MMS vers la métropole uniquement). Egalement incluses, les communications à volonté vers les fixes d’une centaine de destinations et vers quelques pays en mobile (Etats-Unis, Canada, Chine). Et bien sûr, toujours 50 Go d’Internet mobile en 4G.
Grosse évolution du côté des usages à l’étranger, en revanche : le volet itinérance de l’offre Free inclut désormais :
- Les appels, SMS et MMS illimités au sein de l’Europe et des DOM ;
- Les appels, SMS et MMS illimités en local et vers la France métropolitaine depuis les autres pays (Etats-Unis, Canada, Israël, Australie, Afrique du Sud et Nouvelle-Zélande) ;
- 5Go/mois d’Internet mobile utilisables depuis l’Europe, les DOM, les Etats-Unis, le Canada, Israël, l’Australie, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande. Cette enveloppe d’Internet mobile s’ajoute à celle allouée au Forfait Free en France métropolitaine. A noter que les frais en cas de dépassement s'élèvent à 0,057€/Mo.
Soit trois évolutions notables : l’inclusion de l’illimité sur les appels et SMS toute l’année au lieu de 35 jours par an ; le passage de 3 à 5 Go de data disponible en roaming, et l’établissement d’une enveloppe de data en roaming distincte de celle utilisable en métropole. Pour rappel, les 3 Go auparavant proposés étaient décomptés aussi en métropole en cas d’utilisation de la 3G.
Mise aux normes anticipée
L’amélioration annoncée aujourd’hui est calquée sur ce que prévoit la Commission européenne lorsque les frais de roaming seront abolis dans l’UE le 15 juin prochain. Quel que soit l’opérateur, les surfacturations appliquées aux communications et aux connexions à Internet depuis l’Union européenne n’existeront plus, et l'on pourra utiliser son forfait « comme à la maison » partout en Europe. A condition de résider, ou de justifier « de liens stables impliquant une présence fréquente et significative » en France métropolitaine. Un point que Free mobile n’omet pas de mentionner dans sa fiche tarifaire, même s'il n'est pas encore tout à fait clair dans les textes européens
A condition aussi, sur les forfaits à petit prix embarquant une importante enveloppe de données, de ne pas dépasser un certain seuil de fair-use. Limite fixée à deux fois le volume de data que permet d'acquérir le montant mensuel payé (ici 20€), sur la base du prix de gros du giga. Ce dernier est actuellement fixé à 7,7€/Go, ce qui donne bien droit, sur un forfait Free, à 5 Go de data en roaming.
Précisons du reste que l’accord européen prévoit un glissement progressif dudit prix de gros, ce qui entraînera mécaniquement un gonflement du matelas de data : 6€ au 1er janvier 2018, soit 6,6 Go disponibles en roaming pour un forfait à grosse enveloppe de data coûtant 20€, puis 4,5€ en 2019 (soit 8,8 Go), et enfin 2,5€ en 2022, soit 16 Go disponibles.
Free redore sa com'
En résumé, l’opérateur ne propose là que ce qu’il sera obligé de faire, comme tous les autres opérateurs, d’ici 3 mois. Avec, certes, l’extension de l’obligation européenne aux DOM et à l’ensemble des pays hors-UE déjà couverts dans l’ancienne formule, ce qui n’est pas négligeable. Et peut-être aussi l’avantage de ne pas avoir augmenté ses tarifs, ce que ses rivaux auront peut-être du mal à faire. En particulier du côté des opérateurs virtuels, qui ont déjà dénoncé le niveau retenu par Bruxelles pour le prix de gros de la data, insoutenable financièrement pour leur permettre de rester compétitifs.
Même s’il a déçu certains espoirs (data illimitée, voir Freebox V7 pour les plus optimistes), comme à son habitude, Xavier Niel a su utiliser cette nouvelle donne imposée pour créer l'événement à partir de pas grand-chose. Et s’est offert auprès du grand public un avantage d’image indéniable : celui d’avoir tiré le premier, avec un nouveau forfait encore plus pratique pour l'étranger et les vacances, à un moment où tous les opérateurs réfléchissent à la refonte de leur gamme mobile pour intégrer la donne post-15 juin. A Free l’action, aux autres la réaction.