Fréquences 5G : Free et Bouygues enragent contre l'Arcep
Lancée en juillet par l'Arcep, la consultation sur les modalités d'attribution des fréquences de la 5G s'achèvent aujourd'hui. Le régulateur des télécoms devrait rendre ses conclusions dans quelques semaines et communiquer aux quatre opérateurs concernés (Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR) les règles du jeu concernant l'attribution des fréquences de la 5G. Elles seront mises aux enchères cet automne avant une commercialisation du nouveau réseau mobile 5G en 2020.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Bouygues Telecom et Free ont décidé de mettre la pression sur l'Arcep pour le forcer à revoir sa copie. Disposant de moins de moyens conséquents que Orange et SFR, les deux opérateurs ont la crainte d'être désavantagé.
Didier Casas, directeur général adjoint Bouygues Telecom "conteste vigoureusement" la procédure proposée par l'Arcep, qui prévoit de vendre à prix fixe un bloc de 40 MHz à chaque opérateur sur un total de 310 MHz disponibles. Le reste serait mis aux enchères au plus offrant. "c'est incompréhensible de la part du régulateur", dit-il au journal La Tribune. Il redoute un "scénario noir" qui verrait Orange et SFR récupérer 60 MHz supplémentaires, pour atteindre le plafond de 100 MHz par opérateur fixé par l'Arcep. Bouygues Telelcom et Free n'auraient alors plus que 30 MHz à se partager.
Xavier Niel, le patron d'Iliad, la maison mère de Free est encore plus virulent contre l'Arcep. Selon lui, le projet de modalités d'attribution des fréquences 5G est "une tentative de mise à mort". "Elle est mise en oeuvre pour nous détruire (...) le marché des télécoms pourrait passer de quatre à deux". Il redoute que SFR et orange se retrouvent avec un portefeuille de fréquences deux fois plus important que Free et Bouygues Telecom. Et qu'ils proposent donc une qualité de service et des débits beaucoup plus importants. Selon Thomas Reynaud, le directeur général d'Iliad, il existe même un risque de "réserve foncière", "Orange et SFR pouvant être tentés d'acquérir plus de fréquences qu'ils n'en ont besoin", rapporte 01Net.
Aussi, les deux opérateurs réclame qu'un bloc de fréquences de 60 MHz, au lieu de 40, soit vendu à prix fixe à chaque opérateur, avec un plafond de 90 MHz au lieu de 100.
L'UFC-Que Choisir, aussi, n'est pas d'accord
Les modalités d'attribution de la 5G prévues par l'Arcep sont loin de faire l'unanimité. L'UFC-Que Choisir vient en effet gonfler les rangs des mécontents. L'association de consommateurs est, elle aussi, vent debout contre le régulateur des télécoms. Dans un article paru hier sur son site Internet, elle s'alarme "des failles" du projet de l'Arcep. Si il le maintient, "les enchères entre opérateurs pourront aboutir à ce que l'un d'entre eux n'ait que 40 MHz à exploiter quand un autre pourra en obtenir 100 MHz". D'où la crainte d'une 5G à deux vitesses. Autrement dit : "les débits maximaux pourront varier du simple au plus du double entre opérateurs, pour une technologie en apparence identique". Or, les opérateurs comptent bien monétiser la 5G et l'association ne veut pas se retrouver avec des consommateurs lésés. C'est pourquoi, selon elle, "l'Arcep doit interdire aux opérateurs de prétendre offrir de la 5G si celle-ci ne garantit pas, en pratique, des débits supérieurs à ceux de la 4G".
Reste à savoir si l'Arcep tiendra compte des recommandations, ou plutôt des injonctions, formulées par les opérateurs comme par l'UFC-Que Choisir. La réponse dans trois semaines.