Quoi de neuf en 2019 pour les box Internet et les forfaits mobiles ? Un coup d'œil dans le rétro pour faire le point sur cinq faits marquants de l'année passée : de la disponibilité croissante du très haut débit en fibre optique aux nouvelles box, en passant par la hausse de la facture...
Fibre optique : le décollage
C'est indéniablement l'un des faits majeurs de l'année qui vient de s'écouler : l'accélération du déploiement de la fibre optique jusqu'au domicile (FttH). En 2019, plus de 4 millions de locaux auront été rendus raccordables à cette technologie d'accès à Internet. Près de la moitié des foyers français peuvent désormais prétendre à une connexion distillant plusieurs centaines de Mb/s en fonction des offres. De quoi faire oublier l'ADSL, même si, sur les quelque 17 millions de foyers éligibles à la fibre, seuls 7 millions ont pour l'instant sauté le pas...
Toujours est-il que la cadence n'est pas près de retomber l'année prochaine. Elle devrait même encore s'intensifier, puisque Orange et SFR auront à eux seuls environ 4 millions de lignes à déployer dans les villes moyennes et périurbaines d'ici à fin 2020 - ils s'y sont engagés devant le gouvernement. Pendant ce temps, la fibre en campagne passe aussi à la vitesse supérieure : 1 million de locaux raccordables en plus en 2019, et probablement beaucoup plus l'an prochain sur les réseaux publics pilotés par les collectivités.
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Il y a certes encore du chemin pour atteindre les 80% de fibre - et le 100% Très Haut Débit (30 Mb/s minimum) - prévus par le plan France THD à fin 2022. Comme il y en a sur le mobile : la couverture satisfaisante de la population n'est pas encore au rendez-vous, loin s'en faut. Mais il y a du mieux, a constaté le régulateur à l'occasion de son dernier observatoire de qualité de service. Régulièrement aiguillonnés par l'Etat et les collectivités, les opérateurs se sont engagés à accélérer, via l'accord New Deal de janvier 2018. Les premiers résultats commencent à se faire sentir, avec notamment un doublement du débit 4G moyen en zone rurale, à 28 Mb/s en moyenne. D'ici un an, cela devrait également s'améliorer encore, puisque Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom devront avoir généralisé la 4G sur la quasi intégralité de leurs sites mobiles. Rendez-vous fin 2020 pour voir si leurs engagements seront tenus.
Des solutions contre la mal-connexion
Des bonnes nouvelles surtout pour ceux qui en profitent. Mais avoir une connexion Internet fixe correcte ou un bon réseau mobile reste problématique pour des millions de Français. Le gouvernement a voulu montrer qu'il ne restait pas les bras croisés en fixant un objectif de "bon débit" pour tous - 8 Mb/s minimum. L'objectif étant de l'apporter à l'ensemble des Français d'ici un an. Pour y parvenir, l'Etat a ainsi mis en place en 2019 un "Guichet de Cohésion Numérique" : une subvention pouvant aller jusqu'à 150 euros pour aider les mal connectés à améliorer leur ordinaire numérique. Et parfois cumulable avec les aides dispensées par certaines collectivités. Sont éligibles au coup de pouce de l'Etat les technologies alternatives comme le satellite, le THD Radio ou le WiMax. L'aide permet aussi de se faire rembourser les frais de mise en service des abonnements box 4G de plusieurs opérateurs nationaux, sauf chez Free, dernier grand opérateur national à avoir lancé une telle offre.
Source : https://www.amenagement-numerique.gouv.fr/
Une initiative qui a ses limites : de nombreux internautes préfèrent encore une connexion Internet filaire de mauvaise qualité plutôt que de basculer sur un nouveau mode de réception hertzien. Les solutions box 4G suscitent peut-être moins de réticence, puisque adossées à des marques nationales connues du grand public. Encore faut-il qu'elles soient disponibles : c'est rarement le cas en zone urbaine, où les foyers mal connectés sont encore nombreux pourtant. Et cela reste bien entendu hors de portée dans les territoires ruraux qui ne sont pas encore couverts en 4G. Comme nous l'avons plus haut, les opérateurs se sont engagés à investir pour combler ces lacunes. Et notamment, s'agissant d'Orange et SFR, pour mettre sur pied des sites mobiles dédiés à la desserte en 4G fixe de certaines zones sinistrées en matière d'Internet filaire. Un maillage qui nécessitera encore quelques années...
Des hausses de prix en série
Sur l'Internet fixe comme sur le mobile - et notamment la 5G à venir, les opérateurs doivent encore consentir d'importants efforts financiers. Un contexte qui explique une autre tendance lourde de l'année 2019 : l'ascension des tarifs Internet fixe et mobile. D'une part, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont mis en pause la guerre des prix. Il y a quelques mois encore, il n'était pas rare de trouver des forfaits mobiles avec 50 Go de 4G à 10€ sans limite de durée. Désormais, n'escomptez pas trouver de telles offres à moins de 12, voire 15 euros par mois. Et n'espérez pas non plus retrouver ces forfaits à 5 euros "à vie" qui avaient fleuri à la rentrée 2018, ou des forfaits Free quasiment donnés en vente privée. Le sillon du petit prix n'est plus labouré aujourd'hui que par certains opérateurs virtuels, avec à la clé une moindre récolte de gigas (5 ou 10), ou une facture réduite pendant seulement six mois.
Même chose pour les box Internet : les abonnements Internet pour les nouveaux clients sont désormais solidement ancrés au-dessus des 15 euros par mois. Alors qu'il n'était pas rare d'en trouver entre 5 et 10 euros la première année il y a un an ou deux. Au contraire : Orange, SFR et Bouygues Telecom ont augmenté leur tarif de 1e année ou hors promotion de 2 à 3 euros ces derniers mois.
Il y a les hausses pour les nouveaux clients, il y a aussi celles imposées en cours de route aux abonnés. Souvent par le biais d'enrichissement d'offre sous forme de gigas supplémentaires ou d'options, que l'on sera certes en droit de refuser... à condition de les avoir vu passer ! Ces surcoûts dépassent rarement les 2 ou 3 euros par mois, ce qui ne suffira pas à remettre en cause le statut enviable des abonnements télécoms français, parmi les moins chers d'Europe, pour les particuliers en tout cas. Et qui peuvent même se comprendre sur le fond, au regard des investissements considérables que doivent consentir les opérateurs pour déployer une infrastructure à même de répondre aux besoins exponentiels des consommateurs. Sur la forme, toutefois, cette pratique limite des hausses de tarif automatiques "semi en douce" a le don d'agacer le client, qui plus est accoutumé depuis plusieurs années à payer son forfait à vil prix.
La bataille des contenus se profile
Des abonnements plus chers, mais mieux garnis ? A l'exemple d'un Free qui, moyennant un euro de plus par mois, inclura bientôt l'abonnement de lecture numérique Youboox One pour tous ses clients. Ou d'un Bouygues Telecom offrant 3 à 6 mois de Spotify à ses clients mobiles. Alors que les usages numériques des français évoluent, la différence pour le consommateur pourrait se faire non plus sur les petit prix, mais sur les services. C'était déjà le pari de SFR lorsqu'il commença à développer ses services de contenus maison (SFR Presse, SFR Sport devenu RMC Sport), et plus encore lorsqu'il racheta les droits de la Ligue des Champions. C'est aussi l'équation qui a donné naissance à l'offre Freebox Delta et sa kyrielle d'abonnements inclus (Netflix, presse avec Cafeyn / LeKiosk, TV by Canal, Amazon Prime).
Netflix, justement, voit de nouveaux concurrents venir lui contester sa suprématie, une bataille qui se jouera aussi dans nos box. Elle a déjà commencé en 2019, d'ailleurs, avec l'arrivée d'Amazone Prime dans les abonnements Freebox Delta, avant celles de SFR d'ici peu. Orange continue de se tenir à l'écart de cette course à l'échalote en s'en tenant à un système d'options payantes. Bouygues Telecom, qui n'a jamais eu peur d'inclure des contenus sur ses offres premium (Spotify ou Canal+ Series), ne devrait pas être en reste l'année prochaine.
Dans ce domaine, les opérateurs Internet devront aussi compter avec Canal+. La chaîne cryptée a récemment intégré Netflix dans son offre et aura l'exclusivité de la distribution de Disney+ (hors offre streaming). Elle s'est aussi fortement remplumée côté sports en s'adjugeant des matches de Ligue 1 et de Ligue des Champions, assortie de la distribution exclusive de BeIN Sports. De quoi la replacer au centre de la bataille des contenus en 2020.
2019 : l'année des box avec enceinte connectée
Des offres Internet tout compris, et des box à l'avenant. L'année 2019 a été marquée par l'apparition de nouvelles box chez presque tous les opérateurs. Des matériels qui visent à améliorer les débits ou la connectivité au sein du foyer, et ont aussi franchi le pas des enceintes connectées. La Freebox Delta avait ouvert le bal en décembre 2018, avec un player hi-fi assorti d'une enceinte connectée embarquant Amazon Alexa. L'opérateur au carré rouge l'a imité quelques mois plus tard avec la Box 8 SFR, un dispositif du même tonneau, moins sophistiqué mais aussi moins cher, à bord duquel Alexa devrait aussi apparaître sous peu. Orange s'est contenté d'un nouveau modem, la Livebox 5, mais l'opérateur s'est lui aussi fendu de son enceinte connectée (ci-dessous), dotée de son assistant maison Djingo et de l'inévitable assistant d'Amazon. On serait très surpris que Bouygues Telecom, dont la nouvelle box est attendue début 2020, n'ait pas lui aussi dans ses cartons un OK Bbox.
Une enceinte connectée avec sa box : tous les opérateurs s'y mettent, mais leurs clients vont-ils suivre ? La technologie n'est pas encore très mature sous nos cieux : moins de 10% des Français déclaraient posséder une enceinte connectée en 2019, selon le dernier Baromètre du numérique publié il y a peu par l'Arcep. Un chiffre qui augmentera à n'en pas douter dans les années à venir, encore faut-il que les consommateurs souhaitent les utiliser. Car tous ne voient pas d'un bon œil l'arrivée dans leur foyer d'un équipement volontiers perçu comme un espion. Les opérateurs mettront sans doute du temps à convaincre leurs clients des intérêts de ces enceintes connectées, au-delà des usages de divertissements (TV, radio, musique) et de vie quotidienne (météo, trafic...), pour aller vers la maison connectée : domotique, sécurité, etc... Le même baromètre rappelait ainsi que "deux tiers des sondés affirment qu’ils n’utiliseront probablement pas d’objets connectés dans le futur".
Pour autant, pas question pour les opérateurs d'abandonner ce terrain de jeu aux géants américains du domaine tels que Google ou Amazon. Comme sur les contenus, l'enjeu est pour eux de rester au centre de ces interactions afin de valoriser leurs propres services et de ne pas être ravalés au rang de "simple" fournisseur de connexion.
2020 : cap sur la 5G
Cette rétrospective ne serait pas complète sans un mot sur la 5G, au centre de toutes les attentions en 2019. Le lancement commercial du réseau mobile de 5e génération n'interviendra finalement qu'à la mi-2020, avec plusieurs mois de retard sur le calendrier prévu et sur certains de nos voisins européens. On n'est plus à six mois près, a déclaré en substance Stéphane Richard, PDG d'Orange, lors d'une récente audition au Sénat. Et, de fait, l'arrivée de la 5G ne changera pas grand chose, dans un premier temps, au quotidien numérique des Français, comme nous l'expliquait plus tôt cette année Jean-Paul Arzel, directeur des réseaux de Bouygues Telecom.
Sans surprise, la 5G se déploiera d'abord dans les grandes villes, où elle aura quand même un intérêt certain à cour terme : celui de désengorger le réseau 4G, sur-sollicité dans les métropoles à l'heure où la consommation data explose. Avec à la clé une amélioration des débits, et peut-être aussi des forfaits 5G plus chers - on en sait peu encore des intentions des opérateurs à ce stade. En attendant les usages réellement innovants rendus possibles par l'exploitation de nouvelles bandes de fréquences. Pas forcément une révolution pour le grand public, mais susceptibles d'apporter de grands changements dans l'industrie, le commerce, la télémédecine ou le pilotage des villes intelligentes. Mais on ne parle plus ici de 2020, plutôt d'un rendez-vous dans cinq ou dix ans...