S’il y a deux ans, les relations entre Canal et BeIn n’étaient pas au beau fixe, le groupe qatari et Vivendi pourraient se rapprocher.
Depuis de nombreux mois maintenant, Canal perd des abonnés. Le recrutement de nouveaux abonnés ne parvient pas à compenser le nombre de résiliations. La concurrence est diverse et de nombreux facteurs expliquent ce recul du volume d’abonnés. Tout d’abord, les bouquets proposés par les FAI dans le cadre de leurs offres triple play sont particulièrement mis en avant par les opérateurs, comme OCS d’Orange, par exemple. D’autant plus qu’en France, une majorité des Français reçoit la TV via leurs décodeurs.
La concurrence de Netflix sur le cinéma et les séries
Netflix, lancé en France en septembre 2014, se positionne sur le segment du cinéma et des séries. Même si la plateforme américaine propose des contenus moins récents que Canal + (les films sont disponibles sur Netflix 3 ans après leur sortie en salles, alors que sur Canal +, ils sont souvent dispo dans l’année qui suit leur sortie), Netflix a l’avantage d’être moins cher qu’un abonnement Canal+, d’être sans engagement et de proposer des contenus délinéarisés. Certes, la concurrence se fait surtout au niveau de Canalplay, la plateforme de SVOD de Canal, mais Netflix a pour ambition de cannibaliser la TV linéaire, pour devenir le premier réseau de télévision mondial. Et Netflix n’est pas le seul, puisque les opérateurs internet commencent aussi à se positionner sur les contenus et la SVOD, comme SFR qui a lancé Zive à l’automne dernier.
BeIn Sports et Altice concurrents sur le sport
Si Canal c’est le cinéma, c’est aussi et surtout le sport. Pour exister et continuer à proposer une offre attractive, Canal doit continuer à diffuser les grandes compétitions et grands événements sportifs. S’il faisait face jusque là à la concurrence du challenger BeIn, avec son offre moins chère, sans engagement et ses contenus premium (Champion’s league, Ligue 1…), il doit en plus subir de plein fouet l’entrée dans la course d’Altice (SFR) qui vient d’acquérir les droits pour la Premier League, le championnat de football anglais pour 300 millions d’euros et donc l’augmentation des coûts d’acquisition et de diffusion des grandes compétitions sportives. Certes Canal + a récupéré la Coupe de la Ligue et partage la Ligue 1 et La Ligue des Champions avec BeIn Sports et dispose toujours des championnats de foot de Belgique, d’Ecosse et des Pays-Bas, mais cela ne sera probablement pas suffisant pour endiguer la perte d’abonnés.
Un rapprochement Vivendi/BeIN ?
Libération révèle que pour sauver Canal, des discussions seraient en cours pour un rapprochement entre Vivendi et BeIN. Toujours selon Libération, deux schémas d’alliance seraient envisagés.
Le premier serait que Vivendi devienne le distributeur exclusif de BeIn Sports, ce qui signifierait que pour avoir accès aux chaînes BeIn Sports, il faudrait nécessairement être abonné Canal + ou Canalsat, ce qui est actuellement le cas pour Eurosport (Discovery), distribué exclusivement par Canal et qui lui coûte environ 50 millions d’euros par an.
Ce coût serait nettement plus élevé pour BeIn qui diffuse des contenus plus premium encore, avec notamment le football français et la NBA. Libération estime que la chaîne cryptée devrait débourser plus de 100 millions d’euros pour cette exclusivité.
Par ailleurs, en ce moment, pour tout abonnement Canal + ou CanalSat, l’accès à BeInSports est gratuit pendant trois mois. Une opération qui aurait valeur de test selon le quotidien.
L’autre schéma serait, toujours selon Libération, celui qui aurait les faveurs de Vincent Bolloré. Il s’agirait de l’acquisition de la partie française de BeIn Sports. Natixis a évalué le montant de cette transaction à 500 millions d’euros, payables en actions, ce qui permettrait à BeIn Sports de prendre en échange 8% de Canal. Le groupe a de plus une trésorerie excédentaire de 8 milliards d’euros.
La question qui se pose désormais est de savoir si BeIN serait intéressé par une telle offre. Avec la baisse du prix du baril de pétrole, l’austérité est de mise au Qatar. Par ailleurs, BeIn Sports France perd de l’argent : 250 à 300 millions d’euros par an, selon Natixis. Car les programmes premium ont un coût et un prix d’attaque à 13 euros par mois ne permet pas de le compenser. BeIn Sports aurait donc tout intérêt à se rapprocher de Vivendi.