Une partie des droits de retransmission TV des matchs de football pour la période 2016-2020 sera attribuée aujourd'hui. En Ligue 1, six lots sont proposés avec des droits exploitables sur tous les supports (TV, mobile, tablette, PC) :
Lot 1 "L’Essentiel de la Ligue 1" : 2 grands matchs en direct par journée avec 1 match de 1er choix (pour 28 journées) ou de 2eme choix (pour 10 journées) et 1 match de 3eme choix ( pour 38 journées)
Lot 2 "Le Top de la Ligue 1" : 1 grand match en direct avec les 10 meilleures affiches de Ligue 1 ou 1 match de 2eme choix (pour 28 journées)
Lot 3 "Le 100% Ligue 1" : 7 matchs en direct (matchs de choix 4 à 10), 3 matchs en différé (matchs de choix 1 à 3) et 12 co-diffusions de choix 2 par saison.
Lot 4 "Evénementiel" : les 3 journées multiplex (19e, 37e, 38e) et le Trophée des Champions.
Lot 5 "Magazines de la semaine" : les droits sur les magazines tous les jours du lundi au vendredi
Lot 6 "Ligue 1 à la demande" : les droits des extraits en quasi-direct sur tous les matchs et les droits magazine en vidéo à la demande.
En Ligue 2, trois lots sont proposés avec des droits exploitables sur tous les supports :
Lot 1 "Toute la Ligue 2" : 9 matchs par journée en direct dont le match de 1er choix, le match de 2eme choix en différé, les multiplex des 37eme et 38eme journées.
Lot 2 "Grand Match" : le match de 2eme choix en direct de chaque journée de championnat
Lot 3 "Best-Of Ligue 2" : le droit d’exploiter des extraits des matchs en différé dans 2 magazines.
Qui de Canal+ ou de BeIN Sports marquera le premier but ? Le découpage des lots et le calendrier largement avancé devraient fortement peser sur les enchères. L'objectif de la Ligue Professionnelle de Football est clairement de souffler sur les braises de l'ardente concurrence que se livrent Canal et BeIN Sports.
En marge de la bataille judiciaire en cours, la lutte se cristallise surtout sur la qualité du portefeuille de rencontres sportives que les deux chaînes sont à même de s'offrir pour recruter et fidéliser les abonnés... et les annonceurs ! En 2011, l'intrusion de BeIN Sports dans le pré-carré de Canal+ avait déstabilisé la filiale de Vivendi qui perd des clients en France au profit de BeIN Sports.
La chaîne cryptée - dont le fonds de commerce repose sur les contenus premium tels que le sport et le cinéma - doit donc désormais affronter un concurrent coriace et aux poches bien remplies. Soutenue directement par le riche émirat du Qatar, la chaîne BeIN Sports dépense en effet sans compter et a décroché ces derniers mois de stratégies droits audiovisuels. Citons notamment plusieurs championnats européens de football ou encore les 64 matchs de la Coupe du Monde du Brésil.
Bien consciente du potentiel de BeIN Sports, mais aussi des enjeux pour Canal+, la Ligue de Football présidée par Fréderic Thiriez tablerait sur plus de 750 millions d'euros, soit une hausse espérée de + de 23% par rapport aux 607 millions payés pour la période 2012/2016 (et 685 millions pour 2008/2012 !
Pour contrer BeIN Sports, Canal+ cassera-t-il sa tirelire ou BeIN Sports sortira-t-il le chéquier pour garantir une victoire nette et symbolique sur l'historique partenaire du championnat de France de Football ? Dans les deux scénarios, Canal+ risque de se retrouver en difficultés.
En sauvant à tout prix une partie de la Ligue 1, Canal+ augmentera considérablement son budget alloué aux droits TV au risque d'abandonner d'autres sports à BeIN Sports (Rugby, Tennis, Golf....). A l'inverse, si la chaîne qatari emporte la mise, Canal risque à terme une hémorragie d'abonnés.
De manière globale, Canal+ doit faire face simultanément au succès de BeIN Sports (12€/mois - 1.7 million de clients) mais aussi à celui des nouveaux services de télévision tels que le bouquet OCS (12€/mois - 2 millions de clients) et le géant de la vidéo à la demande Netflix d'ici la fin de l'année (son prix devrait être proche de 8€/mois).
Quel que soit le résultat de la première mi-temps du match des droits audiovisuels du foot, Canal+ a de nombreux atouts pour rebondir. En premier lieu, il peut compter sur la fidélisation de sa très large base d'abonnés et sur des bouquets Canal+ et Canalsat de qualité, disposant d'une forte notoriété et largement distribués (TNT, satellite, ADSL/Fibre, câble).
Comment ? En segmentant mieux ses formules d'abonnement pour les rendre plus souples, plus personnalisées et donc moins chères pour l'abonné... qui ne paierait au final que ce qu'il regarde. Canal peut également s'appuyer sur de nouveaux concepts de chaînes (youtube...), sur de nouveaux modes de distribution (via Internet en "OTT", 4G...) ainsi que sur une expérience client enrichie (multi-écrans....).