Huit mois à peine après avoir étreint Orange, Deezer est devenu un acteur incontournable de l'abonnement à la musique en streaming, avec plus de 800000 abonnés à ses services payants, pour 20 millions d'utilisateurs.
A titre de comparaison, Spotify, le plus grand service de ce type dans le monde, vient tout juste d'étrenner son millionième abonné payant.
Il est assez étonnant de constater que ces chiffres sont largement supérieurs aux prévisions de Deezer et d'Orange, qui espéraient 200000 abonnés fin 2010 et un million fin 2011.
Certes, ces services ont leurs désagréments. Certains, comme le patron d'Abeille Music leur ont reproché d'amplifier les difficultés des labels indépendants, qui n'ont pas les mêmes possibilités de négociation que les majors pour monnayer chèrement la mise à disposition de leurs catalogues. Après tout, leur présence sur Deezer ou un autre service est gage de publicité pour les "petits" artistes...
Ces services sont aussi gourmands en bande passante. A chaque nouvelle écoute, la musique doit de nouveau être au moins partiellement re-téléchargée. Si cela pose quelques difficultés aux fournisseurs d'accès, qui doivent, donc, absorber ce trafic supplémentaire, cette limitation impacte le confort d'usage des petits débits, voire des offres bridées par un quota.
Pourtant, ils ont eu deux impacts positifs importants pour le monde de la musique. La baisse du nombre de téléchargements "illégaux" est largement imputable à ces nouveaux services. La recherche ponctuelle d'une chanson s'effectue désormais sur Deezer, Spotify, Jiwa ou musicMe plutôt que via des outils de peer to peer, comme il y a seulement quatre ou cinq ans. De plus, les fonctions de recherche de musique "similaire" de ces outils peuvent permettre l'émergence de nouveaux acteurs.
Ensuite, avec l'augmentation des offres "Premium", ils offrent un futur au financement de l'économie de la musique, au-delà de la seule publicité en ligne, aux revenus aléatoires ou des concerts, qui limitent les possibilités de travail en studio.
Le paysage des offres musicales en streaming devrait encore fortement évoluer cette année, avec l'arrivée prévisible de Google Music, encore soumis à un sérieux teasing au Mobile World Congress.
Ce qui est espéré de cette offre : pour 25$ par an, la mise à disposition d'un casier musical depuis n'importe quelle connexion Internet, selon les informations de Billboard.
Une sorte de mix de Deezer et d'iTunes, en somme, offrant la possibilité de pouvoir télécharger ou écouter plusieurs fois sa musique depuis des appareils différents, sans craindre une panne de son disque-dur ou d'oublier de télécharger un album indispensable sur son mobile avant de partir en voyage.
Si l'on ajoute à cela la possibilité d'écouter une fois en entier une chanson avant de l'acheter, la possibilité d'écouter une fois une play-list issue du casier d'un ami, un tarif attractif pour l'achat de nouvelles chansons et albums, à respectivement 70 cents et 7$.
Enfin, Google pourrait adopter une approche plutôt neutre dans le téléchargement de musique depuis l'ordinateur vers le casier en ligne, en permettant d'y envoyer les fichiers issus des CD, par exemple. Ces possibilités expliquent les attentes que ce service suscite chez les consommateurs... et les angoisses étreignant les concurrents.