Depuis hier, un compteur, en haut et à droite de la page deezer, vous indique ce que vous avez "consommé". Si vous dépasser le cap de 5 heures d'écoute, vous devrez attendre le mois suivant - ou payer un abonnement - pour continuer à utiliser le site. 5 heures, cela peut sembler beaucoup, mais c'est le temps d'une soirée, avec la musique du site en fond, pour l'ambiance. Ou 10 minutes par jour.
Aujourd'hui, l'objectif du site n'est donc plus de développer sa notoriété, exceptionnelle et qui n'a pas actuellement besoin d'aide, mais de faire passer à la caisse ceux de son public "qui est dans une sorte de sas entre piratage et modèle payant, auquel il n’est pas encore forcément converti", selon les mots de son PDG, Axel Dauchez.
S'il s'agit effectivement d'une dégradation de l'offre gratuite, quoique différente de celle qu'avait demandée Pascal Nègre, PDG d'Universal Music France, elle devrait permettre au site d'enterrer définitivement la hache de guerre avec les majors.
Rappelons brièvement qu'en 2007, le même Universal avait fermé son catalogue au même Deezer, une situation qu'il convient de comparer à celle d'aujourd'hui où, grâce à l'accord passé avec Orange, Deezer se montre incontournable.
Les abonnés aux offres Orange bénéficient ainsi de musique "illimitée", d'une manière relativement indolore en souscrivant à une option dédiée, via leur facture Orange.
Jouir de 7 millions de titres, sans publicité, en haute qualité sonore, accessibles partout depuis son ordinateur, son mobile et certains périphériques IP, c'est évidemment tentant pour les mélomanes...
A part des Jamendo, dont le positionnement sur le segment de la musique libre les place résolument à part, il est quasi assuré que des Jiwa et des MusicMe devront également passer sous les fourches caudines d'une dégradation de leur offre...
Ceci ne signifie pas que Deezer est maintenant bon à enterrer : pouvoir accéder à la musique que l'on souhaite depuis son mobile reste difficile si l'on ne se cantonne pas aux offres payantes, ne serait-ce que parce que les mémoires de base de ces charmants appareils sont insuffisantes pour stocker de grandes quantités de musique, et qu'il est donc préférable que cette musique soit accessible depuis Internet.
Avec ce changement de stratégie arrive cependant la fin d'un modèle imaginé, d'aucuns diront imaginaire : celui de la musique non-libre "gratuite" à la demande.
Il faut comprendre que le financement de la musique par la publicité n'a pas atteint ses objectifs. La trajectoire effectuée par les sites de streaming basés sur le "gratuit" ressemble à celle d'Oreka, un fournisseur d'accès à internet gratuit, financé par la publicité et tellement populaire qu'il fallait s'inscrire sur une file d'attente pour en bénéficier, qui a décollé rapidement pour tout aussi rapidement exploser en vol.