« Il y a urgence à redynamiser l’activité française de la télévision payante ». L’avertissement émane de Maxime Saada, directeur général de Canal + Groupe, qui, dans Le Figaro du 20 septembre, brandit la menace de 400 millions d’euros de perte pour la seule chaîne Canal + en 2016 « si rien n’était fait ». Pour y remédier, deux pistes : un plan d’économies de 300 millions d’euros, mais surtout une refonte totale de l’offre commerciale. Et même un changement de cap.
S’adapter aux nouveaux usages
Des abonnements à 30 ou 40 euros avec engagement de deux ans pour regarder les chaînes Canal + : trop contraignante, la formule ne séduit plus vraiment le public. Surtout à l’heure ou un Netflix vient proposer pléthore de divertissements pour moins de 10 euros et BeIN Sport une large gamme de retransmissions pour 14 euros, le tout sans engagement. Un atout crucial que, le groupe, soucieux de recruter au sein des moins de 35 ans, tente de jouer pour la première fois, avec une offre Canal + et son replay à 19,90€ par mois, sans engagement, disponible dès aujourd’hui sur son site. Ce tarif vous donnera droit au pack ESSENTIEL, soit la chaîne Canal + et la déclinaison Canal+ Décalé. Pour tremper ses orteils dans cette formule, la chaîne va d’abord limiter l’offre à 50 000 abonnés, et exclusivement sur PC, tablettes et smartphones.
Autre axe de développement évoqué : la création d’une « plateforme Canal sur tous les écrans » qui s’appuierait sur la force de frappe de Vivendi en matière de contenus et proposerait cinémas, séries, documentaires, avant de s’attaquer à la musique et aux jeux vidéos, soit « une offre bien plus large que Netflix ». Objectif : devenir le leader du « home entertainment ».
Canal + vers des offres personnalisées
Le gros de cette refonte sera dévoilé le 14 octobre prochain : seront alors présentées de nouvelles offres « sous la marque ombrelle Canal, qui se substituera à Canalsat », indique M. Saada. Le principe : un socle de chaînes Canal+ et une « offre modulaire », aux « formules plus souples », à destination de différents publics (sport, jeunesse, cinéma). Il faudra encore attendre trois semaines pour juger de la réelle modularité de cette gamme, qui semble partie pour se décliner sur les mêmes thématiques que les bouquets existants. Mais c’est surtout sur le prix que l’évolution devrait être significative.
Le pari de la distribution par les opérateurs
Outre une offre Canal « plus accessible qu’aujourd’hui » promise par le directeur général de Canal +, l’apparition d’une « TV by Canal » commercialisée par les différents opérateurs pourrait achever de convaincre ces nouveaux publics que convoite le groupe. Une mouture concoctée spécialement pour les clients fibre d’Orange devrait être lancée très prochainement, à moins de 10 euros par mois. Et des discussions sont en cours pour que Free propose sa propre offre Canal, accessible aussi en ADSL. Une petite révolution qui doit permettre à Canal + d’améliorer son taux de pénétration : « Avec cette nouvelle politique commerciale, nous pouvons potentiellement doubler notre nombre d’abonnés », esquisse même M. Saada.