Le principal contentieux reposait sur le montant de la licence, vendue 240 millions d'euros à Free, alors que les autres opérateurs avaient dû débourser 619 millions d'euros chacun au début des années 2000.
Le Conseil d'Etat a justifié cette différence en raison de la "quantité de spectre plus faible dont Free Mobile dispose et de son entrée sur le marché avec un retard d'une dizaine d'années sur ses concurrents".
Désormais débarrassé des tracasseries juridiques, Free peut enfin focaliser son énergie sur la constitution de son réseau et sur le vaste travail de préparation nécessaire pour réussir le lancement commercial de sa gamme prévu en 2012.
Comme le souligne le journal Les Echos, Free doit désormais faire face à des défis culturels, économiques et commerciaux. L'une des clés du succès consistera à transmettre le patrimoine génétique de Free - le fameux esprit "trublion" cher aux freenautes et à Xavier Niel - au sein même des équipes de Free Mobile fraîchement recrutées.
Au plan économique, l'horizon semble bien dégagé. Les investisseurs sont confiants et les finances saines de l'opérateur lui donnent les moyens de ses ambitions. Pourtant, un risque demeure. La clé de voûte du système repose en bonne partie sur les revenus dégagés par l'activité ADSL de Free.
Le "cash flow" généré par la Freebox va-t-il se maintenir alors que de nouvelles menaces se profilent comme la hausse des taxes (TVA...) ou encore les contre-attaques d'envergure des concurrents (Quadrupel Play chez Bouygues et Orange ou encore les promotions Multi-packs chez SFR) ?
Par ailleurs, Free est également engagé dans un vaste plan d'investissement stratégique visant à déployer de la fibre optique pour préparer l'après-ADSL, et augmenter notablement ses marges (fin de la location de la boucle locale de France Télécom). Free réussira-t-il à supporter simultanément des investissements dans le FTTH et dans le mobile ?
Enfin, les compagnons de Xavier Niel auront à relever un challenge commercial sans précédent en débarquant sur un marché saturé, complexe, "verrouillé" par les opérateurs historiques. Les timides tentatives d'ouverture - initiées à l'aide des opérateurs virtuels (MVNO) - montrent toute la difficulté de s'imposer face à Orange, SFR ou Bouygues.
En promettant de diviser par deux la facture télécoms des français, Free s'est attiré la sympathie des consommateurs mais s'est, du coup, moralement engagé à frapper fort dès le lancement de son offre. Free Mobile aura-t-il suffisamment de marges de manoeuvre pour trouver un équilibre entre baisse des prix, rentabilité et satisfaction des actionnaires ?
Le feu vert du Conseil d'Etat conforte le rôle d'agitateur que Free s'apprête à endosser, avec en ligne de mire une probable amélioration de la situation concurrentielle sur le marché français de la téléphonie mobile.