L'engouement suscité par l'arrivée fracassante de Free Mobile a indéniablement provoqué un raz de marée commercial difficile à contenir pour les équipes de Xavier Niel. Mais plus d'un mois après la commercialisation des premiers abonnements, cet argument suffit-il à expliquer toutes les carences qui mettent la patience et la confiance des nouveaux abonnés à rude épreuve ?
Avec un peu plus de temps et de moyens, les couacs commerciaux ne devraient pas gêner outre-mesure Free Mobile. En revanche, les multiples polémiques liées au réseau 3G du nouvel opérateur sont beaucoup plus dangereuses tant du point de vue réglementaire vis à vis de l'ARCEP, que du point de vue de l'image vis à vis de l'ensemble du marché (clients, partenaires, concurrents).
Orange monte au créneau
Ainsi, après l'épisode des doutes sur l'allumage et la couverture effective du réseau Free Mobile, le nouvel opérateur mobile est désormais directement visé par Orange qui "se plaint des dysfonctionnements des infrastructures de Free".
Bien que concurrents, Free Mobile et Orange sont également partenaires grâce au contrat d'itinérance qui prévoit que Free loue le réseau d'Orange pour compléter sa couverture (27% de la population couverte par Free selon l'ARCEP).
Dans une lettre envoyée la semaine dernière à Maxime Lombardini (directeur de Free), Brigitte Bourgoin, responsable de l'activité de vente aux opérateurs chez Orange, indique que 97% des appels effectués par des clients mobiles de Free passent par le réseau Orange.
Plutôt que d'utiliser son propre réseau, Free Mobile utiliserait donc quasi exclusivement celui d'Orange. L'affaire aurait pris un autre tournant depuis l'incident de mardi dernier, lorsqu'une panne due à une supposée saturation a privé de services pendant 2 heures de nombreux abonnés des deux opérateurs.
Selon Les Echos, Orange - visiblement agacé par la sur-utilisation de son réseau - indiquerait également que "l'Agence nationale des fréquences (ANFR) n'a pas remarqué d'antennes Free allumées" lors de tests menés fin janvier et début février.
Beaucoup de questions se posent donc sur le réseau de Free Mobile. Orange, SFR et Bouygues Télécom font-ils feu de tout bois ou leurs inquiétudes sur l'activation effective des antennes Free Mobile sont-elles justifiées ? A ce stade, seules des investigations rapides et fiables de l'ARCEP et de l'ANFR pourraient clarifier la situation...