La raison est double :
D'abord, le contexte fiscal est très fortement incitatif pour Vivendi. Le système du bénéfice mondial consolidé lui permet aujourd'hui d'économiser de l'ordre d'au moins 500 millions d'euros d'impôts par an, en minorant les bénéfices de SFR du montant des anciennes et nouvelles pertes du groupe Vivendi. Or, Vivendi a été averti d'un possible non-renouvellement de ce régime spécifique après 2011.
Si SFR devient la filiale de Vivendi à 100%, les règles de consolidation redeviendront classiques, sans qu'il soit besoin d'opter pour cette règle du "bénéfice mondial". Cette mesure préventive permettrait donc à la maison-mère d'éviter, en tout, 2,1 milliards d'euros d'impôts d'ici à 2013.
Actuellement, entre un Vodafone endetté souhaitant monétiser les actifs qu'il ne contrôle pas et Vivendi demandant, depuis 2007, les 44% de SFR qui ne lui appartiennent pas, il y a une évidente convergence d'idées.
Ensuite, avec plus de 33% des titres et donc une minorité de blocage, Vodafone est en mesure de bloquer les propositions d'investissement de SFR qu'il jugerait trop coûteuses ou les décisions qui seraient dangereuses pour ses propres marchés, une mesure handicapante pour un opérateur disposant d'une forte rentabilité et se sentant à l'étroit sur le marché français.
Vivendi a déjà commencé à développer ses activités à l'international, avec notamment le fort succès de GVT, qui comptabilise déjà 1 million d'abonnés au Brésil. Sur les traces d'Orange, il pourrait bien entrer dans l'esprit de Jean-bernard Lévy, l'homme aux commandes de Vivendi, de projeter SFR comme une marque leader, solidement implantée sur quelques marchés-clés et prête à conquérir le reste du monde.
Entre les deux géants Vivendi et Vodafone, il ne reste donc plus qu'à terminer une partie de poker à 2 milliards d'euros, à savoir s'accorder sur un prix entre les 6,9 milliards d'euros proposés par Vivendi et les 8,4 milliards avancés par le Sunday Times.