Le dernier trait d'esprit en date vole particulièrement haut : "Le MVNO est un coucou, qui fait son nid chez les autres, surcharge votre réseau, n’investit pas et prend zéro risque."
Pour ceux qui auraient séché leurs cours d'ornithologie, il faut se souvenir que le coucou, aux moeurs suffisamment célèbres pour avoir inspiré le mot "cocu", pond ses oeufs dans le nid d'un autre oiseau plutôt que d'assumer sa couvée. Le poussin coucou nait plus vite que ceux de la mésange ou du passereau victime de la supercherie et, aussitôt, jette les oeufs des "concurrents" hors du nid.
Puis commence une vie de pacha, où les parents trompés s'épuisent à nourrir leur poussin "adoptif" au gargantuesque appétit.
Il faut reconnaître que le trait est particulièrement bien trouvé : les MVNO sont toujours considérés comme pouvant potentiellement déloger le triumvirat Orange, SFR et Bouygues Telecom de leur podium, alors même que leur statut d'opérateur virtuel les amène à utiliser le réseau du trio de tête tout en subtilisant leurs clients.
Pourtant, si les MVNO ont investi le pré carré des opérateurs, ils ont, semble-t-il, cassé beaucoup d'oeufs sans faire d'omelette ! Entre rachats, prévisions manquées et résultats en berne, le pain-béni des MVNO s'est révélé plutôt sec, les trois détenteurs des précieuses licences mobiles se révélant plus faucons que colombes...
Entre leurs serres, les MVNO peuvent déplorer que "150 millions d’investissements", "2800 emplois directs et induits" et leurs "2,5 millions d’abonnés" semblent être aujourd'hui sur la voie du déclin : un regard d'aigle n'est pas nécessaire pour voir dans les derniers chiffres de l'ARCEP une baisse du parc d'abonnés.
Alternative Mobile, l'association regroupant les principaux opérateurs mobiles alternatifs, a immédiatement réagi, l'idée de devenir les dindons de la farce et de finir dans l'estomac d'un fonds vautour ne leur semblant apparemment pas particulièrement alléchante...
Et le rapport avec Free, dans toute cette histoire ?
Free ne souhaite pas devenir un MVNO, mais un opérateur à part entière, avec son propre réseau, les coucous de Martin Bouygues ne pouvant, selon Xavier Niel, "pas gagner d'argent".
Les oreilles de Martin Bouygues ont-elles sifflé ? Le lendemain, le dirigeant du groupe éponyme, a volé dans les plumes de Free et émis des doutes sur la surface financière de Free, qui ne lui permettrait pas de déployer un réseau de troisième génération. La décision de l'ARCEP devant être rendue fin septembre, que des noms d'oiseaux sifflent de toute part est naturellement dans l'air du temps.