Le 3 décembre, la FIRIP (Fédération des Industriels des Réseaux d’Initiative Publique), réélisait à sa tête Etienne Dugas (Président Groupe RIPP) et organisait un colloque à la Cité des objets connectés d’Angers. L’occasion de démontrer l’intérêt des réseaux en fibre optique comme support de l’Internet des Objets (IoT/Internet of Things). La synergie entre les réseaux d'initiative publique et l'écosystème des objets connectés d'aujourd'hui mais surtout de demain est une évidence, la fibre optique n'étant pas uniquement là pour apporter le FTTH chez les clients. C'est la colonne vertébrale du numérique dans son ensemble, un facteur de développement sociétal abordé dans de nombreuses études récentes, mais aussi et surtout économique, en particulier dans les régions moins denses via l'IOT.
La fibre optique, la seule solution viable pour une société moderne
En effet, il faut bien comprendre que derrière cette bataille autour du déploiement de la fibre optique, ce n'est pas uniquement de permettre aux particuliers ou aux entreprises d'avoir des débits internet fixe de qualité chez eux dont il est question. Que cela soit pour les réseaux mobiles 3G/4G/5G, pour les technologies d'accès à Internet autres (fibre, câble, cuivre, WiFiMax, Satellite…), les villes et maisons intelligentes, et surtout pour l'Internet des objets, à un moment ou à un autre, les données collectées doivent passer par le réseau fibre optique vers les datacenters qui 'renferment/diffusent' l'Internet et les services dans le Cloud.
L'Internet des Objets, bien plus que les 'wearables'
Avec ce colloque de la FIRIP, labellisé Angers French Tech et organisé sur le thème de l'impact des objets connectés sur le développement des territoires 'intelligents', se pose en effet pour les collectivités, les enjeux de ces technologies sur leurs administrés, à travers les usages dans des villes qui doivent devenir intelligentes. Eclairage publique, collecte des déchets, vidéosurveillance, gestion des transports et du stationnement, compteurs électriques, santé, éducation, administration... l'IoT ce ne sont pas juste des montres connectées, vêtements intelligents et autres pots de fleurs 'intelligents'. Toutes les facettes de la vie des communes, départements et régions seront impactées par l'IoT, tout comme elles le sont déjà par les réseaux fixes et mobiles 'traditionnels'.
Assurer l'interopérabilité des réseaux IOT
Qui dit objets connectés dit réseaux hertziens à bas débit, avec plusieurs normes actuellement actives. Contrairement à la 4G ou au WiFi, le réseau bas débit qui sera utilisé par l'IoT ne nécessite pas de gros débits, mais devrait à terme accompagner des millions/milliards de connexions. D'un côté on a des technologies réseau IoT propriétaires, gérés intégralement par leur concepteur, comme c'est le cas avec la célèbre société française Sigfox mais également des acteurs comme Qowisio qui semblent intéressés par plusieurs technologies... Pour Cyril Le Floch (Président de Qowisio), ces réseaux bas débit et l'IoT constituent une nouvelle révolution numérique, mais avec des objets et des usages qui pour restent encore à inventer !
D'un autre côté, il a des acteurs comme la solution OpenSource Weightless et surtout la LoRa Alliance (Low Range), adoptée notamment par les opérateurs comme Bouygues, Orange, Archos... Ainsi, le réseau LoRa déployé par Bouygues Telecom, avec Sagemcom, couvrira la majorité du territoire français au 1er semestre 2016 pour la gestion des objets de l'IoT.
Quoiqu'il en soit, sans un seul standard établi, une des problématiques de cet Internet des Objets est d'assurer la compatibilité de l'ensemble de ces objets connectés. Sans même parler des problèmes de sécurité, de confidentialité et d'usage par des tiers des données qui vont transiter via ce réseau de l'IoT. En outre, ces objets devront également pouvoir interagir avec le reste du numérique, que cela soit les smartphones en mobilité, les box internet pour tout ce qui sera maison intelligente... Un acteur comme Matooma avec son MatooWan permettra en théorie à 'tous' les objets issus de technologies différentes (3G, WiFi, satellite, M2M...) d'interagir entre eux de manière transparente via un réseau sécurisé. A terme, il se pourrait surtout que la norme 5G intègre l'ensemble des technologies hertziennes, haut et bas débit, dans un seul standard... avec des acteurs comme Intel (Quartz) ou Nokia travaillant plus qu'activement sur le sujet.
Les investissements pour les réseaux IoT passeront par la fibre optique !
Ces réseaux IoT utiliseront des réseaux bas débit (bande des 800-900MHz, 868MHz pour LoRa/Sigfox), avec une portée des antennes très importante (de l'ordre de 50 à 60 km de couverture pour un support en zone rurale !). Cela permet de couvrir l'ensemble du territoire avec nettement moins d'antennes que la 3G/4G actuelle (5 à 10 fois moins !), donc des investissements moindre pour les acteurs privés et publiques.
Il faudra cependant en parallèle déployer des réseaux en fibre optique, et surtout trouver des modèles économiques viables pour l'IoT. Se pose plus que jamais la problématique du déploiement de la fibre optique dans l'Hexagone avec un retard constaté par tous les acteurs du secteur. Mr Darodes, Président de l'Agence Numérique, a cependant réaffirmé qu'après un 'gros ralentissement cet été', du fait notamment d'une normalisation à l'échelle européenne, les investissements devraient à nouveau s'accélérer.
D'ailleurs, l'intervention de Mme Laure Blanchard-Brunac (membre de la Commission Européenne, DG Connect) s'est révélée particulièrement intéressante. En commençant par le constat d'une infrastructure actuelle des réseaux numériques français très loin de suffire, tant de par la couverture proposée que de par la qualité des réseaux THD ! Un budget de 6 milliards d'euros pour l'Europe, dont près de 1 milliard pour la France est d'ores et déjà prévu par l'Europe pour fournir des fonds structurels pour développer le THD. Ainsi la BEI (Banque Européenne d'Investissements) a débloqué des fonds du Plan Junker pour des projets massifs en Alsace (montant non encore confirmé) ou dans le Nord Pas De Calais (606 millions d'euros au total). BPI France et la CDC intervenants sur des projets plus modestes.
Les investissements du Plan France THD
Christophe Genter, le directeur adjoint du département transition numérique de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), rappelle que cet organisme est depuis 10 un partenaire des investissements pour le déploiement du numérique. Avec une volonté d'assurer une réelle concurrence en privilégiant les projets d'intérêts généraux, ce sont plus de 150 millions d'euros qui ont déjà été investis dans 36 RIP.
La CDC insiste notamment sur le besoin de trouver de vrais business modèles pour l'IoT, pour aller au-delà des simples revenus sur la ventes des objets de l'IoT, qui seuls ne pourront pas permettre l'essor des ventes. Or sans ventes, il n'y aura pas de marché de masse, donc pas de services intéressants à bas prix et donc encore moins de ventes...
La cité de l'Objet Connecté d'Angers
Inauguré en juin 2015 en présence du Président Hollande, la Cité de l'Objet Connecté est une plateforme d'innovation industrielle, pour aider les sociétés et startups à développer les objets connectés de demain. Ce projet est aujourd'hui porté par un groupe d'entreprises industrielles partenaires réunis autour d'éolane (Orange, Bouygues, LaPoste...), afin d'accompagner de bout en bout les projets privés, avec ce lieu de rencontre, de fertilisation, symbole du travailler ensemble pour un véritable Living Labs des objets connectés.
Sur les 3,3 milliards d'euros promis par le gouvernement sur le Plan France Très Haut Débit, si 2 milliards sont 'engagés', concrètement les sommes ne sont pas encore débloquées. Comme le confirmait encore récemment un document du Colloque TRIP 2015 de l'AVICCA, sur les 900 millions d'euros d'investissements du FSN et les 1,4 milliards autorisés, 148 millions étaient acceptés à ce jour et seulement 18 millions décaissés !
Une situation géopolitique complexe en France aussi
Comme le rappelait Christophe Genter de la CDC, 50% de la population française vit dans des villes de moins de 10 000 habitants, et les efforts des collectivités locales, des départements et des régions dans les RIP sont indispensables pour assurer une certaine égalité numérique pour les français. Malheureusement, avec un manque de stabilité décisionnelle des autorités qui occasionne des retards et une fébrilité de la part des investisseurs, la France est en train de prendre un retard inquiétant, les résultats des toutes prochaines élections régionales risquant encore de fragiliser le Plan France THD.
Pour rappel, ce dernier est supposé à fournir du très haut débit à toute la population française d'ici 2022 (dont 80 % en FTTH). Un premier élément de réponse sera déjà donné dès ce lundi 7 décembre avec la réponse de l'ARCEP à la consultation sur les prix de gros des réseaux fibre optique sur les RIP. Un sujet majeur pour les futurs investissements en fibre optique dans les zones moins denses afin d'attirer ou non les FAI sur ces RIP...
La FIRIP a élu son nouveau conseil d'administration
Alors que la FIRIP va fêter ses trois années d'existence le 6 décembre prochain, ce colloque du 3 décembre a aussi été l'occasion d'une élection du nouveau conseil d'administration pour les 3 ans à venir, lors de l'Assemblée Générale Ordinaire de la FIRIP, composé de 12 membres :
- Etienne Dugas (Groupe RIPP), réélu à l'unanimité à la présidence de la FIRIP
- Philippe Le Grand (Nomotech), nommé à l'unanimité trésorier
et 10 vice-présidents :
- Pascal Caumont (Adista)
- Olivier Duroyon (Alcatel Lucent)
- David El Fassy (Altitude Infrastructure)
- Max Mantelin (Cofely Ineo)
- Agnès Huet (Comptoir des Signaux)
- Jean-Michel Soulier (Covage)
- Pierre Alloin (Firalp-Sobeca)
- Sylvain Gendry (Gendry Service Locations)
- Pierre-Michel Attali (IDATE)
- Xavier Vignon (Sogetrel)
Cependant, s'il faudra bien à un moment parler de l'extinction du cuivre, avant de pouvoir atteindre une France à '100% fibrée', il faudra passer par des phases transitoires et l'utilisation de technologies alternatives pour assurer dans un premier temps une couverture numérique correcte déjà pour tous les français. Ainsi, Étienne Dugas de rappeler que les solutions de montées en débit cuivre et hertziennes (WiFiMax, Satellite, 4G 'fixe') resteront essentielles pour apporter du Haut Débit dans les logements les plus reculés dans un premier temps. Investir des millions d'euros pour déployer la fibre optique dans un hameau de 5 maisons en pleine montagne ne sera jamais possible !
La FIRIP remercie les acteurs du numérique français
A l'occasion de ce Colloque, la FIRIP a remis deux médailles d'honneur :