Le premier constat de l'ARCEP concerne le taux d'équipement des noeuds de raccordement d'abonnés (ADSL). Sur les 16500 centraux téléphoniques français, près de 7800 sont d'ores et déjà équipés avec des DSLAM VDSL2. La grande majorité (7600) de ces équipements se situent en zone dégroupée. Seuls 200 NRA seraient actuellement en zone non-dégroupée, c'est à dire uniquement gérés par Orange.
Ces données n'ont rien de surprenant puisque les zones dégroupées couvrent environ 90% des lignes de l'hexagone. Mais attention, ce n'est pas parce que les centraux sont dégroupés par les opérateurs alternatifs qu'ils disposent automatiquement de la capacité de commercialiser du VDSL2. Ainsi, de très nombreux NRA en zone dégroupée sont par exemple uniquement équipés de DSLAM VDSL2 Orange....et attendent toujours d'être mis à jour par Free, SFR et Bouygues Télécom.
Grâce au VDSL2, l'ARCEP estime que 4,7 millions de lignes téléphoniques (2.9 millions en distribution directe et 1.8 million en distribution indirecte) sont aujourd'hui éligibles au très haut débit sur le territoire. Cela signifie que ces lignes - auparavant limitées à l'ADSL2+ jusqu'à 22 Mbit/s - peuvent désormais théoriquement bénéficier d'une vitesse minimum de 30 Mbit/s, et dans le meilleur des cas, atteindre un débit de 92 Mbit/s en réception.
Si la couverture du VDSL2 est actuellement plus large que celle de la fibre optique jusqu'à l'abonné - estimée à 3.7 millions de foyers - l'ARCEP souligne néanmoins que "l'essentiel des déploiements ayant déjà été réalisés [...] l'impact du VDSL2 devrait être modéré dans les prochains trimestres".
L'enquête de l'ARCEP révèle, par ailleurs, la répartition des lignes éligibles au VDSL2 en fonction de leur zone géographique. On constate ainsi que 54.1% des lignes sont situées dans des zones où les opérateurs déploient leurs réseaux FTTH (dont 20.5% en zones très denses et 33.6% en zones AMII avec mutualisation des investissements).
Le reste des lignes éligibles au VDSL2 (45.9%) est concentré dans les zones moins denses qui correspondent, notamment, aux opérations de montée en débit réalisées dans le cadre des réseaux d’initiative publique financés par les collectivités locales.
L'ARCEP précise que "les NRA issus d’opérations de réaménagement de réseau paraissent particulièrement adaptés en combinaison du VDSL2 dans la mesure où les lignes de cuivre sont plus courtes en aval de ces nouveaux NRA de montée en débit". Dans ces cas, le Gendarme des Télécoms a calculé que plus de 62% des lignes pourraient être éligibles à un débit descendant supérieur à 30 Mbit/s.
Malgré des déploiements massifs du côté des opérateurs, le VDSL2 ne représente qu'1% du total des abonnements Internet souscrits par les français. Observant une "certaine inertie sur le marché de détail", l'ARCEP a identifié plusieurs freins à l'adoption du VDSL2 :
- le modem des internautes, dont la ligne est théoriquement éligible au VDSL2, n'est pas systématiquement compatible (par exemple la Livebox 2 et la Freebox Crystal)
- certains opérateurs fixent un "seuil" limitant l'éligibilité pour s'assurer que le client final disposera des meilleurs performances
- les processus de migration de l'ADSL vers le VDSL2 varient et n'incitent pas toujours les abonnés à passer au très haut débit (changement de Box, changement d'offre, perte de promotion...)
Enfin, l'ARCEP rappelle lorsque plusieurs réseaux très haut débit sont disponibles dans un foyer, les opérateurs privilégient logiquement certaines technologies. concrètement, un opérateur alternatif a tout intérêt à imposer le fibre optique que le VDSL2 pour économiser les frais de location de la boucle locale versés à Orange. Cette attitude va d'ailleurs dans le sens des abonnés qui bénéficient alors d'une connexion plus rapide (le débit des offres FTTH est au minimum de 100 Mbit/s en réception et 50 Mbit/s en émission).