Une partie de ce handicap "léger" vient tout juste de s'évaporer, permettant à Orange d'améliorer encore sa compétitivité. La parution d'un rapport très complet de l'autorité de la concurrence vient d'être effectuée, et fait suite à son autosaisine de décembre dernier.
Suite à l'augmentation des ventes de Bouygues Telecom et SFR effectuées par le biais d'un croisement de leurs fichiers clients ADSL et mobile, la situation d'Orange, à qui une telle manœuvre était interdite, paraissait de plus en plus étonnante.
Orange pourra désormais croiser certaines de ses bases sans craindre le fouet du législateur. Une base cependant ne peut pas être utilisée : celle des abonnés à France Telecom, à laquelle seul France Telecom a accès, en tant qu'opérateur monopolistique pour la fourniture du service universel.
Concrètement, une personne possédant simplement une offre téléphonique de France Telecom ne pourra pas être appelée par France Telecom pour se voir vendre un accès à internet ou de la téléphonie mobile, à moins que France Telecom n'ait réussi à se procurer les informations de contact en extérieur, par exemple en achetant une base de données ailleurs.
Désormais, Orange pourra utiliser sa base d'abonnés à la téléphonie mobile pour proposer des offres "complémentaires" à qui ne serait pas encore de ses clients côté Internet.
Cette stratégie, couplée à des offres compétitives, a permis d'obtenir de grands succès commerciaux chez SFR et Bouygues, une situation qui a amoindri la position de force d'Orange.Non seulement Orange va pouvoir croiser ses bases, mais il va également pouvoir proposer des offres couplant accès triple play à Internet et téléphonie mobile, dans la lignée d'Ideo de Bouygues Telecom et du Pack SFR Absolu.
Unik, une offre convergente qui permet à un téléphone mobile Orange de bénéficier d'une tarification très intéressante dans les zones de couverture WiFi d'Orange, a connu un succès commercial très relatif, cet avantage tarifaire étant perdu hors zone WiFi.
Orange pourra donc proposer une offre convergente plus concurrentielle, mais en prenant garde à ne pas dépasser la ligne jaune.
L'autorité de la concurrence est très claire sur un point : si Free avait accès à un réseau 3G, les risques d'éviction du marché seraient moins importants. On pourrait donc lire entre les lignes que si Free trouve un accord avec Orange quant au 3G mobile, Orange ne devrait alors plus souffrir que d'un handicap allégé quant à la composition de ses offres.
Pour sa part, sans attendre un bon geste de la part d'un opérateur mobile déjà en place ou le résultat d'une procédure de l'ARCEP, Free prépare déjà ses billes : Nokia Siemens Networks, sans "dévoiler de secrets", a laissé très clairement entendre que les prétentions de M. Lombardini quant au caractère technologiquement innovant de l'offre et celles de Xavier Niel quant aux coûts de vente.