La popularité croissante des compétitions de jeux video ne pouvait laisser de marbre un groupe comme Vivendi, présent à la fois sur les versants édition et diffusion. Le groupe de Vincent Bolloré a ainsi annoncé ce 11 octobre un partenariat avec ESL, le géant mondial de l’organisation d’événements eSport. L’initiative devrait permettre d’accroître significativement la visibilité de la discipline sur les écrans français. Un pas de plus vers sa démocratisation, peu après sa reconnaissance officielle dans le projet de loi pour une République Numérique, promulguée le o octobre dernier.
L’eSport français prend son envol
Le communiqué publié aujourd’hui devrait réjouir les addicts à League of Legends, Starcraft, Counter-Strike, DOTA 2 ou encore FIFA. Grâce au « partenariat stratégique majeur » noué entre Vivendi, le Groupe Canal et ESL, l’entreprise de médias souhaite faire entre les compétitions de jeux vidéo dans une « nouvelle dimension ».
Une ambition notamment incarnée par le développement de plusieurs ligues nationales« sur la base de l’actuel ESL championnat national », mais aussi par l’organisation dans l’Hexagone de compétitions internationales, afin de « renforcer la place de la France comme étape incontournable du circuit eSports mondial ». Pour l’heure, des négociations sont encore en cours avec les éditeurs de jeux vidéo pour déterminer sur quels titres s’affronteront les gamers lors de ces compétitions, fait savoir le groupe.
Diffusion TV : Canal met le paquet
Ces différents événements seront bien évidemment télévisés. Sous quelle forme ? Le groupe de médias ne le précise pas pour l’instant, mentionnant simplement que les compétitions « seront diffusées sur les antennes du groupe CANAL ». Dans le cadre de ce partenariat, on pourrait aussi imaginer qu'un canal soit à l'avenir réservé à esportsTV, la chaîne thématique éditée par ESL, dont le lancement a été annoncé au printemps dernier. En attendant ces nouveaux programmes, Vivendi a déjà décidé de s’adresser directement aux gamers sur la principale chaîne du groupe avec le nouveau magazine Canal eSports Club, annoncé prochainement à l’antenne. Peut-être à l’occasion de la Paris Games Week fin octobre ?
Le statut des compétitions d’eSport légitimé
Vivendi et le Groupe Canal prennent ainsi fermement position pour accompagner le développement de la discipline, objet d’un fort engouement en France, où l’on dénombre 850 000 joueurs et 4 millions de téléspectateurs. Au point que ses pratiquant sont parvenus à peser sur le législateur pour obtenir la reconnaissance officielle de la pratique de l'eSport en compétition. Profitant de la consultation citoyenne lancée par le Conseil national du numérique en amont de la rédaction du texte, les défenseurs de la discipline ont en enfin pu faire entendre leurs revendications.
Le projet de Loi adopté il y a quelques jours par le Sénat ouvre ainsi la voie à la légalisation de la pratique compétitive des jeux vidéo et à l’élaboration d’un cadre juridique et réglementaire adapté. Exit, donc, l’assimilation au peu flatteur régime des loteries : les rencontres de eSport bénéficieront à l’avenir d’un statut spécifique d’autorisation qui permettra de sécuriser organisateurs et participants.
eSport à la TV : tentatives et obstacles
Une évolution légale susceptible de stimuler le développement du secteur, à l'image de l'engagement annoncé aujourd'hui par Vivendi. Et du côté des grands diffuseurs, le Groupe Canal n'est pas le seul à s'y intéresser de près. On pense par exemple à la diffusion sur myTF1 de la finale de la FIFA Interactive World Cup 2016, à l'E-football League retransmise par L'Equipe 21, ou encore à l'acquisition des droits de l'E-league par SFR Sport. Flairant la bonne affaire, les principaux groupe TV tentent ainsi de se placer sur cette niche encore relativement bon marché, mais n'ont pour l'heure pas de véritables créneaux pour rivaliser avec le streaming et l'audience d'un Twitch.
Pour se lancer dans l'e-Sport, les chaînes françaises devront en outre résoudre un autre problème : celui de la publicité « clandestine » qui ne manquera pas de s'immiscer dans ce type de programmes : mise en avant d'un jeu, d'un éditeur ou d'un matériel, sponsors des équipes, publicités insérées dans les jeux eux-mêmes... Le CSA risque encore d'hériter d'un dossier délicat.