Stadia, "c'est le futur du gaming". Il y a quelques mois, Google, qui rêve devenir le Netflix du jeu vidéo, avait un discours plein d'ambitions. À la veille du lancement de Stadia, la plateforme de cloud gaming du géant de l'Internet, le ton est légèrement différent : "Rien dans la vie n'est acquis, ni sûr. Mais, nous allons tout faire pour que Stadia soit un succès. Vous pouvez bien sûr remettre ma parole en doute et rien de ce que je ne pourrais dire vous convaincra suffisamment si vous avez vous-même un doute. La meilleure que nous pouvons vous apporter c'est de lancer le service et d'y investir les ressources nécessaires". L'ambition reste la même, le discours est emprunt d'une humilité nouvelle.
Il faut dire que 9 mois après avoir annoncé au monde entier son projet de plateforme de jeux vidéo en streaming, Google n'a pas dissipé tous les doutes malgré la réussite de son pack Founder's Edition en précommande à 129€ (un Google Chromecast Ultra, la manette officielle Stadia et trois mois d'abonnement), qui s'est rapidement retrouvé en rupture de stock, contraignant Google à proposer une nouvelle offre de lancement au même prix mais un peu mois étoffé.
C'est le symbole de Google Stadia. Il s'agit bien d'un projet révolutionnaire, mais Google est contraint de revoir ses ambitions à la baisse, comme si le colosse du numérique donnait l'impression de lancer Stadia de manière un peu précipitée.
Stadia : un catalogue moins étoffé que prévu
Au mois de juin, Google révélait en grandes pompes les contours de Stadia. Il donnait notamment des informations sur les deux formules d'abonnement : Stadia Pro, la version payante à 9,99€/mois, avec la qualité 4K et plusieurs jeux inclus. Et Stadia Base, la version gratuite avec une moins bonne qualité d'image et l'obligation d'acheter tous les jeux.
Lors de cette conférence de presse, Google indiquait aussi que 31 jeux devaient être disponibles dès le lancement. Or, le 12 novembre, Google a révélé un line-up avec seulement 12 jeux "judicieusement choisis". Des jeux de qualité, mais pas les plus récents : Tomb Raider (2013), Rise of the Tomb Raider (2015), Thumper (2016), Destiny 2 : The Collection (2017), Assassin's Creed Odyssey (2018), Red Dead Redemption 2 (2018), Shadow of Tomb Raider (2018). Rien de révolutionnaire, comme si on assistait au lancement très tardif d'un concurrent direct pour une PS4 ou une Xbox One. Sur les 12 jeux annoncés, seulement quatre étaient de 2019 : Just Dance 2020, Kine, Mortal Kombat 11, Samurai Shodown. Et, un seul était inédit : GYLT.
Contraint et quelque peu forcé, Google a ajouté aujourd'hui une dizaine de jeux à son catalogue, pour calmer les inquiétudes autour de Stadia : Attack on Titan 2 : Final Battle, Farming Simulator 19, Final Fantasy XV, Football Manager 2020, GRID, Metro Exodus, NBA 2K20, Rage 2, Trials Rising et Wolfenstein : Youngblood.
Excited to announce that we are INCREASING the Day One launch line-up of titles for @GoogleStadia - we now have TWENTY TWO games launching with the platform on Tuesday. Huge thank you to our game developer and publisher partners for bringing more titles #stadia
— Phil Harrison (@MrPhilHarrison) 18 novembre 2019
Cela fait donc seulement 22 jeux. C'est mieux, mais on est encore loin des 31 jeux promis au mois de juin.
Stadia : un lancement précipité ?
Si Google lance Stadia aussi tôt, c'est parce qu'il veut être le premier géant du numérique à se lancer dans le cloud gaming. Un question d'image, sans doute. Mais, pas seulement. "Premier arrivé, premier servi", dit l'adage. En tout cas, Google y compte bien. Le secteur du jeu vidéo a rapporté plus de 135 milliards de dollars en 2018. C'est de loin la première industrie du divertissement. Or, comme le dit Google, le cloud gaming, c'est "le futur du gaming". Il facile de comprendre que Google veut sa part du gâteau, la plus grosse forcément, quitte à lancer ce qui ressemble fort à une version bêta de Stadia. C'est exagéré, mais ça y ressemble fort. Car, il n'y a pas que le line-up qui est en deçà des espérances.
En effet, la version gratuite de l'offre Stadia ne sera lancée qu'en 2020. Dans un premier temps, donc, Stadia ne sera accessible qu'aux personnes qui ont le pack Founder's Edition ou la version light.
En outre, la promesse du cloud gaming est de permettre à quiconque a un écran d'accéder à des jeux vidéo, à condition d'avoir une connexion Internet stable et 35 Mb/s de débit pour une expérience de jeu optimale en 4K. Une performance qui n'est pas à la portée de toutes les connexions, comme vous pourrez le voir avec notre test de débit. Mais, ce n'est pas tout : il faut aussi avoir le navigateur Chrome sur son ordinateur, un Chromecast Ultra compatible pour la télévision, (ce qui ne serait pas le cas des appareils commercialisés en dehors du pack Founder's Edition) ou un smartphone Google Pixel 3 (XL), Pixel 3a (XL). Ce qui exclut donc tous les iPhone, ou les appareils Androïd commercialisés sous une autre marque. Stadia pour tous, donc, c'est pas pour tout de suite.
Enfin, les fonctions Crowd Play ou State Share, deux innovations Google Stadia pour partager son expérience de jeu, ne seront disponibles qu'en 2020.
Au final, donc, on reste un peu sur notre faim et on a comme l'impression que Stadia n'est pas totalement prêt à être lancé. Mais, qu'importe après tout pour Google. L'essentiel est ailleurs : il grille la concurrence et donne l'impression d'être en avance sur les autres. Et, il a les reins assez solides pour attendre que l'univers du jeu vidéo termine sa mue et fasse sa révolution.
Si, comme énormément de monde, vous ne faites pas partie des élus appelés à profiter de Stadia en exclusivité à partir de demain, il existe d'autres plateformes de cloud gaming pour se faire la main en attendant : Blacknut, une plateforme de jeux vidéo en streaming, moins connue que Stadia, mais avec un catalogue de plusieurs centaines de jeux et accessibles à tous.