Lancé en juillet 2016, le service de télévision Molotov s’était donné pour mission de révolutionner la TV. Un pari réussi, puisque le service était parvenu en l’espace de deux ans à conquérir plusieurs millions d’utilisateurs grâce à une plateforme séduisante qui casse les codes de la télévision linéaire. Côté financier, c’était plus compliqué : à la recherche d’un partenaire depuis plusieurs mois, Molotov entre finalement en discussion exclusive avec Altice. La maison-mère de SFR s’apprête à en devenir l’actionnaire majoritaire.
Appui financier pour Molotov, expertise OTT pour Altice
Le groupe de Patrick Drahi annonce ainsi ce matin l’ouverture de discussions exclusives avec Molotov, en vue d’« accélérer le développement du service ». Ce dernier trouve ainsi l’assise financière qu’il recherchait depuis des mois, le conduisant à discuter avec des acteurs majeurs des télécoms et de l’audiovisuel, comme Orange ou encore France Télévisions. A la clé, notamment, pour Molotov : la perspective d’un développement à l’international, pour devenir rien moins que le « Spotify de la télé », annonce l’un de ses dirigeants, Jean-David Blanc.
Altice y voit quant à elle l’opportunité « d’offrir aux clients SFR et RMC la meilleure expérience digitale et OTT ». Allusion, peut-être, aux débuts difficiles du service RMC Sport 100% digital, qui pourra désormais compter sur l’expertise de Molotov en la matière pour améliorer le service rendu aux abonnés. Sans oublier l'intéressant relais de commercialisation que constituera Molotov pour le bouquet sportif et les autres services premium estampillés Altice.
Molotov : un service séduisant mais fragile
La nouvelle approche proposée par Molotov a rapidement conquis un public : celui qui, nourri à Netflix et au visionnage à la demande, s’était affranchi de la télévision classique pour lui préférer la consommation délinéarisée. Fini la tyrannie du programme TV : en adoptant une approche par type de contenus, thématiques ou personnalités, le service permet à l’utilisateur de retrouver en un instant ses programmes préférés en direct ou en replay.
Autre clé du succès de Molotov : la gratuité du service de base (direct et replay de certaines chaînes). De quoi assurer sa popularité, mais aussi compliquer l’équation pour rendre le service rentable. Une préoccupation qui a notamment conduit Molotov à rendre payant le service d’enregistrement, offert à hauteur de quelques heures initialement. La plate-forme trouve ainsi auprès d’Altice la bouffée d’oxygène qui va lui permettre de pérenniser le service, plébiscité par des millions d’utilisateurs. Le communiqué publie ce matin assure ainsi que « Molotov conservera sa marque, ainsi que sa démarche universelle et ouverte à tous ».