D'après une étude YouGov réalisée en 2019, 65% des piétons interrogés avouent consulter leur téléphone en marchant, un pourcentage qui grimpe à 91% dans la tranche d'âge des 18-35 ans. Ainsi apparait en 2015 en Allemagne le mot-valise "smombie", contraction de "smartphone" et "zombie". Parallèlement, toutes les études médicales valident que l'utilisation excessive des écrans est un facteur de trouble sur la santé physique et mentale, celle des ados en particulier : sommeil, concentration, sentiment de solitude, anxiété...
Referendum intrusif ou coup de com ?
Fort de ce constat et considérant que protéger les enfants d'une surexposition aux écrans est une question de santé publique, le maire Vincent Paul-Petit a invité le week-end dernier les 2000 habitants de sa commune de Seine-et-Marne à un référendum... radical : "Faut-il interdire le smartphone dans l'espace public à Seine-Port ?". Conscient du caractère "intrusif" de sa proposition, le maire espérait néanmoins plus de soutien, même si 54% des 275 votants ont dit oui.
Un arrêté municipal va donc interdire les smartphones devant les écoles, dans les commerces, et dans les espaces publics, y compris dans les espaces publics dits "ouverts". Et aux plus jeunes qui craignent de s'ennuyer, le maire a promis de construire un nouvel espace sportif et un ciné-club. Il s'est aussi engagé à prêter un téléphone classique à tous les collégiens et lycéens qui accepteront de se passer de smartphone, une idée copiée sur une expérience déjà menée dans un établissement américain.
Néanmoins, aucune contravention ou pénalité n'est à prévoir en cas de manquement à la règle. Le véritable objectif de ce coup de com étant d'impulser une prise de conscience collective, d'ouvrir le dialogue, et de rédiger une "Charte des écrans" pour sensibiliser jeunes et moins jeunes et les motiver à se tourner vers d'autres activités.
Le "Smombing" : un fléau international
Le phénomène "smombing" n'est pas une exception française et chacun y va de sa solution, préventive ou punitive. Pas très loin de Seine-Port, à Vélizy-Villacoublay, la RATP teste l'application AMY à l'un des plus gros carrefour piéton-route-tramway de la ville, situé tout près d'un collège. Une fois l'application téléchargée, le piéton voit le volume de son smartphone baisser et reçoit une alerte visuelle et sonore s'il s'apprête à passer au feu rouge.
D'autres villes et pays cherchent des solutions : Tel-Aviv a ajouté des bandes lumineuses LED à ses passages piétons pour prévenir les accidents, la Chine a sacrifié des arbres pour créer de nouvelles voies piétonnes réservées aux smombies, tandis qu'à Honolulu ou en Sardaigne, l'amende vous guette si vous traversez en fixant votre téléphone. Quant à la Corée du sud, plus radicale, elle a lancé une application de détection de mouvement qui bloque purement et simplement le smartphone au bout de 5 pas.
Et pendant que certains se préoccupent de la santé des enfants et des piétons, on en voit déjà qui, depuis une semaine, marchent et même conduisent avec l'Apple Vision Pro, le nouveau casque de réalité virtuelle sorti le 2 Février aux États-Unis. Malgré un tarif prohibitif de 3500 dollars, on compte déjà 200 000 utilisateurs !