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Votre ado est accro à son smartphone, comment faire ?

Comment faire pour aider son ado à lâcher son smartphone ? Quelques pistes pour aider les jeunes accros au mobile à décrocher.

Votre ado est accro à son smartphone, comment faire ?
Yann Daoulas - modifié le 07/10/2020 à 11h26

Publié le 13/02/2017

L'addiction au smartphone chez les ados

D’un côté, des ados accros à leurs smartphone et connectés partout, à la maison comme à l’extérieur, notamment à l’école.

De l’autre, des parents et des enseignants désemparés, qui se trouvent bien souvent à court de solutions pour convaincre les jeunes de « décrocher ». Parmi les risques engendrés par les écrans, ces comportements compulsifs – certains parlent même d’addiction – sont parfois sources de fortes tensions. Face aux ados hyperconnectés, comment prôner la modération et l’équilibre ? Voici quelques pistes pour trouver une relation apaisée au smartphone au sein du foyer, à envisager en fonction de vos habitudes... et du tempérament de votre enfant.

Le smartphone, à quel âge ?

Le premier d’une (longue) série de débats : quand autoriser son enfant à avoir un smartphone ? Le pas est généralement franchi à l’entrée au collège, mais de plus en plus d’enfants sont équipés dès le CM1 ou le CM2 (28% selon le Baromètre du Numérique 2016). Un peut tôt sans doute pour leur confier un smartphone…

Si vous en avez un en stock, préférez un téléphone portable d’ancienne génération qui assurera l’essentiel : à cet âge, appels et SMS suffiront amplement pour les besoins de communication de base. Dès la 6e-5e, en revanche, difficile pour les parents de résister à l’appel lancinant de leurs ados : aux adultes de voir s’ils cèdent aux arguments classiques du « tout-le-monde-en-a-un » et du rôle de l’appareil dans l’intégration sociale.

Dès le départ, un smartphone sous contrat

Car le smartphone peut rapidement se transformer en cadeau empoisonné, en ouvrant aux jeunes ados un univers de divertissement qui rend vite accro. Si le premier smartphone s’assortit bien souvent d’un contrat (comportement, bonnes notes à l’école…), il doit aussi s’accompagner de règles.

Pas de smartphone pendant les repas et les devoirs

Pour que, dès le départ, le cadre d’utilisation soit clair. Notamment concernant les moments où l’utilisation est proscrite. Deux principes non négociables : pas de smartphone (ni d’écran du tout d’ailleurs) pendant les repas, moment privilégié de l’échange familial. Ou toute autre occasion où l’appareil se montre indésirable : les sorties en famille, ou encore les devoirs. Des règles qui engagent les deux parties, et supposent bien évidemment que les parents s’y plient aussi...

On pourra au besoin établir des zones sans smartphones, ou des horaires d’utilisation, en traçant une deuxième ligne rouge : l’extinction du smartphone le soir, à partir de 21h - 22h, afin de préserver un endormissement calme et une plage conséquente de sommeil. Essentiel à plus d’un titre, le sommeil des ados est souvent sacrifié aux loisirs sur écrans, avec des conséquences à court et long terme.

Application de contrôle parental, solution anti-accros ?

Pas toujours facile, toutefois, de s’assurer que ces règles sont bien respectées. Surtout lorsque l’on rentre tard, ou que l’on ne veut pas sans cesse fliquer son ado. Différentes solutions existent pour incarner les horaires d’utilisation convenus d’un commun accord. A commencer par les applications de contrôle parental, comme Xooloo, Parents dans les parages, Norton Family, le contrôle parental Orange, SFR Family

Ces dispositifs permettent de fixer des plages d’utilisation du smartphone, ou de seulement quelques applications précises. Certaines d’entre elles permettent en outre au jeune utilisateur de connaître son temps de connexion à Internet ou à telle ou telle application. Ce qui, selon leurs concepteurs, permet à l’enfant de se responsabiliser face à ses habitudes de connexion.

Définir des plages de connexion au wi-fi

Les applications de contrôle parental ont toutefois leurs limites. Adaptées aux pré-ados et jeunes ados, elles risquent toutefois d’être perçues comme infantilisantes, voir intrusives, par les plus âgés, à partir de 14-15 ans. Reste la possibilité, à la maison, de paramétrer l’accès au wi-fi afin de restreindre les horaires de connexion pour certains appareils. Des règles qui, au besoin, peuvent être modulées à distance grâce aux applications des opérateurs. Mais attention : elles peuvent aussi être contournées par les petits malins, qui savent sans peine naviguer dans les interfaces des box Internet...

Confisquer le smartphone aux ados accros : à double tranchant

Faut-il confisquer le smartphone ?

Interdire le smartphone aux ados accros, ou pour tout autre brèche dans le contrat : brièvement, pourquoi pas, mais attention aux punitions au long cours. Non seulement cette approche radicale génère des tensions, mais elle peut aussi comporter des effets pervers. Comme inciter à une utilisation clandestine, définitivement hors de la sphère de vigilance des parents. Tout échange sur les pratiques en ligne de l’adolescent devient alors impossible.

Car si nous avons vu jusqu’ici tout ce qui permet d’encadrer l’utilisation chez les ados accros aux smartphones, le rôle de l’adulte ne peut se résumer à celui de parent fouettard. Il comporte aussi une part de dialogue, afin d’échanger sur les expériences en ligne, d’éduquer à certaines bonnes pratiques… et de remettre le smartphone à sa place.

Surveiller ce que fait son ado sur son smartphone ?

Le nœud du problème est en effet moins le smartphone en soi que ce qui s’y passe. Et de nombreux parents n’ont aucune idée de ce qui rend ainsi leurs enfants accros à leurs téléphones. En découlent interrogations et inquiétude qui ne sont pas pour rien dans les tensions générées par l’appareil.

Vérifier en douce leur activité ? De nombreuses applications permettent de dériver du contrôle parental vers la surveillance, mais il s’agit là d’un terrain glissant. Car espionner le smartphone de son enfant à son insu n’est pas légal, et le faire avec son consentement risque d’être difficile à faire accepter. L’âge aidant, l’ado peut mal vivre cette atteinte à son intimité, et tout faire alors pour dissimuler ses pratiques (second smartphone, contournement, etc…)

Le « partage numérique » pour décrocher du smartphone

Reste le dialogue. Ce qui, on en convient, peut parfois se révéler désespérant avec un ado mal luné ou peu enclin à se remettre en question. Mais aussi parfois fructueux, car les 11-18 ans ne sont pas forcément dupes de leur relation fusionnelle au smartphone. Et conviennent parfois volontiers des problèmes que pose son utilisation excessive.

L’approche est préconisée par de nombreux spécialistes, et notamment reprise par la Fédération française des télécoms dans son guide parents-enfants : instaurer des moments de « partage numérique », afin d’échanger sur cette « expérience commune ». On peut envisager de discuter du fond – qu’est ce qui s’est passé de beau sur les réseaux aujourd’hui, qu’est-ce qui a plu ou dérangé, quelle vidéo a buzzé, quelle actu a marqué… Des discussions qui peuvent se révéler précieuses à plus d’un titre. En effet, elles permettent tout à la fois d’échanger sur le quotidien virtuel et « IRL » («in real life », dans la vraie vie) de votre ado et de rompre son lien direct avec l’écran, marquer une pause dans une utilisation parfois frénétique.

Une respiration que l’on peut aussi mettre à profit pour réfléchir en famille : sur les relations en réseau, pas toujours tendres et parfois difficilement vécues par les 11-18 ans. Ou sur les informations glanées en ligne, pas toujours dignes de confiance, et face auxquelles l’esprit critique est de mise.

Aider les ados accros à prendre du recul

Réfélchir aux écrans en famille

Ces moments peuvent également fournir l’occasion de questionner les pratiques. On pense, par exemple, à l’exposition de soi sur les réseaux, à manipuler avec précaution. Ou encore à la compréhension de ces dispositifs qui rendent accros les ados. Systèmes de gratification (likes, flammes, partages) et de recommandation (sur Youtube ou Netflix notamment) qui n’ont qu’un objectif : inciter les jeunes utilisateurs à passer toujours plus de temps sur les applications. Et pourquoi pas, avec les plus grands, aborder le modèle de la plupart de ces plates-formes, qui consiste à monétiser les données personnelles. De quoi faire réfléchir de nombreux ados qui n’aiment rien moins qu’êtres les dindons de la farce...

Les parents peuvent aussi inviter leurs enfants à s’interroger aux risques induits par l’utilisation excessive du smartphone, comme les troubles de l’attention, et parfois de l’apprentissage, ou encore les risques plus directs pour la santé.

Cette sorte de « débrief » numérique familial peut ainsi fournir l’occasion d’envisager quelques bonnes pratiques qui permettront à l’ado de reprendre la main : préservation du sommeil, désactivation des notifications, élimination du réflexe smartphone lors des temps morts ou retour à des échanges « dégamifiés ». Ou, en bon français, débarrassés des artifices ludiques qui les scotchent aux réseaux.

« Nourrir le quotidien familial »

Enfin, les moments d’échange sur le vécu numérique peuvent s’inscrire dans une réflexion plus large sur la place du smartphone et des autres appareils au sein du foyer. Qu’est-ce qu’ils ont remplacé, qu’est-ce que les enfants ne font pas, ou plus, depuis qu’ils ont le nez collé sur leur écran ? Jeux, sports, loisirs créatifs, sorties et autres activités constituent autant d’alternatives bienvenues aux écrans aspirateurs d’attention. L’idée, résume le pédopsychiatre Stéphane Clerget, est de « nourrir au maximum le quotidien familial » (1).

L’intérêt est double : faire en sorte que le réflexe smartphone cesse de grignoter tous les moments disponibles et les temps morts, mais aussi ouvrir de nouveaux espaces de discussion. « La volonté de communiquer entre parents et enfants est plus forte que dans les générations précédentes, les jeunes se confient plus mais les vrais moments d’échange sont de plus en plus rares », observe le spécialiste. Aux parents, conclut-il, de « provoquer » ces occasions, pour réintroduire du vécu collectif face à l’expérience solitaire de l’écran.

Témoignage dans le livre « Portables : la Face cachée des ados », Céline Cabourg et Boris Manenti, Flammarion, 2016, 19€

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