L’étude Global TV de Médiamétrie le révélait il y a quelques jours : les Français regardent de plus en plus la télévision depuis un écran mobile, smartphone pour 650.000 d’entre eux et tablette pour 870.000 personnes. Ce sont principalement les jeunes qui plébiscitent ces nouveaux terminaux : la génération « mobile », la génération des millenials, ceux qui sont nés après le début des années 1980 et qui consomment aussi déjà beaucoup de séries. Et c’est à eux, que s’adressera Studio+, qui espère les rendre addicts, au moins autant qu’ils le sont à leur téléphone.
La mobilité dans les usages
2 milliards de personnes utilisent un smartphone dans le monde, avec un taux d’équipement qui atteint les 60% en France et 80% aux Etats-Unis. « Je peux vivre sans TV, je ne peux pas vivre sans téléphone portable » explique Dominique Delport, président de Vivendi Content. On annonce à longueur d’articles, la fin de la télévision traditionnelle qui trône au milieu du salon et qu’on regarde à heures fixes, la délinéarisation des programmes, la mobilité des utilisateurs et développement de la 4G. Certes, mais concrètement, comment les diffuseurs s’adaptent à ces nouveaux usages ? Replay, plateformes VOD et SVOD, sites de streaming… Seulement les contenus diffusés sur plateformes mobiles semblent devoir répondre à des normes de qualité, de temps, de format. On ne regarde pas de la même manière un contenu sur son téléviseur en soirée que dans le métro en allant au travail.
Des contenus courts de qualité
C’est ainsi que germe l’idée de Studio + : des contenus de qualité exclusivement conçus pour la mobilité (tablette et smartphone) et le temps disponible par l’utilisateur (lors d’un trajet en métro, dans la salle d’attente d’un médecin…). Ce sera ainsi un format unique, des séries originales de 10 épisodes de 10 minutes chacun, avec un budget important d’environ un million d’euros chacune, soit bien plus que les contenus produits actuellement sur internet. Et l’ambition d’attirer les talents. 25 séries seront proposées au lancement avec l’ambition d’en offrir une nouvelle chaque semaine.
Les contenus seront variés : documentaires, acquisitions internationales et même réalité virtuelle, dans des thématiques qui plaisent habituellement aux jeunes, notamment les séries de genre. 60 projets seraient ainsi en développement.
Une ambition internationale
Studio + ne se limitera pas à la France, mais devrait être proposé à terme dans 20 pays, en Europe et en Amérique Latine, dans six langues (français, russe, italien, portugais, espagnol et italien). Les séries sont et seront tournées dans 18 pays différents. L’idée est de tourner localement mais de pouvoir séduire le public à l’international. Cela rappelle la stratégie de Netflix qui détient l’exclusivité de ses séries qui sont produites sur différents territoires, avec la même idée de produire des séries universelles avec une couleur locale.
L’Afrique fait également partie des ambitions de Vivendi, avec un énorme potentiel d’Africains sortant progressivement de la pauvreté, qui n’auront pas forcément les moyens, ni les infrastructures pour acquérir un ordinateur et le relier à internet, mais qui auront tous un smartphone et des besoins d’accès à la culture et à l’entertainment. Orange l’a d’ailleurs bien compris en développant un smartphone low-cost et en prenant des parts dans Afrostream, le « Netflix africain ».
Une orientation de Vivendi sur les contenus
Avec Studio +, Vivendi confirme, s’il en était encore besoin, son ambition d’aller vers les contenus et l’international. StudioCanal, la société de production du groupe Canal + est ainsi entrée récemment au capital du premier studio indépendant espagnol et de deux studios britanniques, spécialisés dans les séries TV. Le groupe du cinéma s’oriente ainsi petit à petit vers la fiction télévisée.
Un partenariat avec les opérateurs télécom
Les dirigeants de Studio+ sont actuellement en négociation avec les opérateurs télécom, en France ou à l’étranger, pour leur proposer leur produit et le commercialiser à part ou encore dans le cadre d’offres « bundle ». Produit d’appel, Studio + vise à différencier les offres, comme c’est déjà le cas pour les principaux opérateurs qui proposent déjà des services multimédias à leurs clients dans le cadre de leur abonnement.
« Le futur de la télévision, c’est l’application » affirme Dominique Delport, président de Vivendi Content. Les consommateurs sont prêts à payer quelques euros pour accéder à une offre de qualité. C’est en tous cas l’avis de M. Delport qui cite ainsi le sport ou les jeux vidéo.