Comme tous les mois, l'observatoire des réseaux mobiles publié par l'Agence Nationale des Fréquences (ANFR) permet de suivre le déploiement des antennes 2G/3G/4G d'Orange, Bouygues, Free et SFR. Et le mois dernier, ce sont Bouygues et SFR qui ont activé le plus de nouveaux supports 4G, suivis par Orange tandis que Free ferme la marche.
Bouygues et SFR comblent leur retard dans les zones peu denses
Si depuis la fin de l'année dernière, on était plutôt habitué à voir SFR sur la première marche du podium, c'est Bouygues qui s'est imposé en juillet avec 364 nouveaux sites 4G en service, contre 259 pour SFR, 169 pour Orange et seulement 99 pour Free Mobile. Détail intéressant, Bouygues et SFR ont très majoritairement activé des antennes utilisant des fréquences 800 Mhz. Pourquoi cet engouement soudain en plein milieu de l'été ?
La réponse est sans aucun doute à chercher du côté de l'obligation de couverture des zones peu denses que l'ARCEP a associée aux licences 800 Mhz remportées par Orange, SFR et Bouygues. Une clause du contrat prévoit en effet que les trois opérateurs doivent obligatoirement couvrir 40% de la population située en zones peu denses d'ici le 17 janvier 2017.
Or, selon les relevés publiés par l'ARCEP en mai 2016 dans son Observatoire des déploiements mobiles en zones peu denses, Bouygues et SFR n'avaient respectivement couverts que 17 et 13% de la population de ces zones contre 35% pour Orange. Il semblerait donc que les deux opérateurs mettent actuellement les bouchées doubles avec un triple objectif :
- ne pas se faire "gronder" par l'ARCEP
- ne pas perdre des parts de marché face à Orange
- concurrencer davantage Free Mobile dans ces zones
Rappelons, au passage, que Free Mobile dispose d'un droit d’itinérance imposé par l'ARCEP sur le réseau 4G 800 Mhz de SFR qui a obtenu 2 blocs de fréquences en décembre 2011. Ce droit s'applique en zone de déploiement prioritaire dès lors que son réseau sur la fréquence 2,6 GHz aura atteint une couverture de 25 % de la population.
Si la 4G est importante d'un point de vue commercial pour mieux affronter la concurrence, la 3G demeure stratégique pour Free Mobile pour deux raisons. D'une part, le déploiement de la 3G est surveillé de près par l'ARCEP qui vient récemment de "recadrer" les accords d'itinérance entre opérateurs, et notamment celui qui lie Orange à Free. Et d'autre part, Free a tout intérêt à réduire rapidement la manne financière (plusieurs dizaines de millions d'euros par trimestre) qu'il fournit à Orange au titre de la location de son réseau 2G/3G.
Rappelons, par ailleurs, que cette stratégie se matérialise désormais les contrats d'abonnement de Free Mobile. A partir du 1er septembre, le débit descendant des clients Free Mobile en itinérance sera bridé à 5 Mbit/s...une vitesse qui tombera à seulement 1 Mbit/s dès le 1er janvier prochain. En 2019, le débit descendra même à 384 Kbit/s... une vitesse presque symbolique qui empêchera de facto l'usage d'une connexion Internet mobile.