Après le tremblement de terre "Free mobile" qui a secoué le marché des télécoms l'année dernière, les opérateurs ont été contraint de revoir leur copie. Dans les faits, cela s'est traduit par une évolution de la stratégie commerciale (baisse des prix, forte hausse des forfaits mobiles sans engagement) mais également par des plans d'économies qui ont touché les dépenses marketing, les réseaux de distribution ou encore les salariés.
Désormais, face à une compression de leurs marges et de leur rentabilité, SFR et Bouygues cherchent à réaliser de nouvelles économies d'échelle sur leurs infrastructures techniques. Fin 2012, Bouygues avait d'ailleurs également vendu à BNP Paribas la propriété et la gestion d'un parc de 2200 pylônes et récupérer ainsi près de 200 millions d'euros.
Les deux opérateurs envisagent ainsi la mutualisation d' "une partie de leurs réseaux mobiles tout en conservant une capacité d'innovation autonome et une indépendance commerciale totale".
Concrètement, l'on peut imaginer que SFR et Bouygues créent par exemple une structure commune pour mieux peser dans les négociations avec les équipementiers télécoms, rationaliser les coûts de maintenance et les dépenses liées aux études de déploiement notamment.
Néanmoins, SFR et Bouygues n'auront pas complètement les coudées franches. Dans un avis rendu le 11 mars dernier, l'Autorité de la Concurrence reconnaît que la mutualisation est source d'économies et permet d'améliorer la couverture, mais elle entrevoit tout de même des "risques concurrentiels variables selon le type de partage choisi".
Pour l'Autorité, l'autonomie des opérateurs est plus ou moins affectée et les risques d'atteinte à la concurrence plus ou moins importants selon que sont mis en commun les infrastructures passives (pylônes, shelters...), les équipements actifs (armoires électroniques...) ou les fréquences.
A l'instar de ce qui se pratique déjà sur les réseaux de fibre optique, SFR et Bouygues devraient surtout mutualiser leurs réseaux en zones non denses, moins rentables. Un partage de l'effort, en somme, pour atteindre plus facilement et à moindre coût les objectifs de couverture fixés par l'ARCEP dans le cadre du déploiement de la 4G LTE.
Combien Bouygues et SFR comptent-ils économiser grâce à cette potentielle mutualisation ? Le montant final dépendra bien entendu de la nature du partage. Se résumera-t-il à quelques milliers d'antennes comme c'est déjà le cas dans les zones blanches 2G/3G (itinérance locale), ou bien, sera-t-il étendu aux fréquences à l'image de l'accord qui lie Orange et Free Mobile ?