Les opérateurs choisiront quand ils veulent lancer la 5G
Bouygues et SFR, qui militaient depuis plusieurs jours pour un report des enchères 5G n'ont pas obtenu gain de cause. Comme voulu par le gouvernement, qui en attend plus de deux milliards d'euros, elles auront bien lieu à la rentrée. En effet, l'attribution des fréquences du nouveau réseau mobile 5G auront lieu entre le 20 et le 30 septembre.
Chacun des quatre opérateurs, à savoir Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR, se verra attribuer un bloc de fréquences de 50 Mhz, pour un montant de 350 millions d'euros. Puis, 11 blocs de 10 Mhz, disponibles dans la bande des 3,4 - 3,8 Ghz, seront vendus pour chacun 70 millions d'euros. Cette enchère principale sera suivie en octobre d'une autre pour le positionnement des fréquences dans la bande. La délivrance des autorisations d'exploitation de la 5G devrait alors avoir lieu en octobre ou en novembre.
Ensuite, l'Arcep a décidé de laisser la liberté aux opérateurs de lancer ou pas la 5G avant la fin de l'année. Une concession faite aux opérateurs, Bouygues et SFR, qui ont formulé ces dernières semaines une demande de report du lancement de la 5G. Martin Bouygues a dégainé le premier, fin mai, estimant que"la situation du pays, qui se relève avec difficulté d’un terrible cauchemar sanitaire humain et économique, commande de repousser de quelques mois supplémentaires l’attribution des fréquences 5G". Suivi quelques jours plus tard par Grégory Rabuel, le directeur général de SFR qui s'interrogeait : "Avons-nous besoin de la 5G à court terme ? Ce n'est pas sûr".
En effet, l'Arcep, le régulateur des télécoms, explique dans un communiqué qu'"elle lève à cet égard l'obligation du cahier des charges qui imposait cette ouverture dans au moins deux villes par opérateur avant la fin 2020". Néanmoins, il y a fort à parier que si l'un des quatre opérateurs lance la 5G avant la fin de l'année, les autres lui emboîtent le pas, même les réticents, par peur de se retrouver larguer dans la course à la 5G. Dans un tweet, publié hier, Sébastien Soriano, président de l'Arcep, résume d'une phrase la position de l'opérateur : "Nous voulons une arrivée de la 5G choisie et progressive".
Nous ouvrons la voie à une #5G CHOISIE. Choisie par les opérateurs qui veulent la lancer, sans forcer les autres. Choisie par les consommateurs, qui doivent être bien informés. Choisie à travers ses usages, qui doivent dessiner un numérique soutenable ????#parlons5G pic.twitter.com/ZxbiDx2T2u
— Sébastien Soriano (@sorianotech) June 11, 2020
L'Arcep veut un numérique soutenable
Ces derniers mois, ces dernières semaines, la grogne, la colère à l'encontre de la 5G n'a cessé de monter, en France comme ailleurs en Europe.
Antennes détruites et brûlées, théories du complot établissant un lien entre la 5G et le Covid-19, fake news, les anti-5G ont donné de la voix et occupé le terrain pour dénoncer les potentielles effets néfastes de la 5G sur la santé ou l'environnement. Sans compter les pétitions ou les recours devant le Conseil d'État pour demander un moratoire sur la 5G et l'application du principe de précaution. Ils ont même été rejoints par des hommes politiques. C'est dire si la 5G fait l'objet d'inquiétudes, si bien qu'aujourd'hui, des voix s'élèvent pour demander un débat public sur la 5G.
Une colère face à laquelle il est impossible de rester sourd. C'est pourquoi l'Arcep a réagi par la voix de Sébastien Soriano : nous voulons une 5G "choisie par les opérateurs, sans forcer les autres, choisie par les consommateurs, qui doivent être bien informés, choisie à travers ses usages, qui doivent dessiner un numérique soutenable". Conscient que les gens ont peur de la 5G et qu'ils ne perçoivent pas l'intérêt du nouveau réseau mobile, par manque d'informations et de pédagogie, l'Arcep lance une plateforme de travail : "pour un numérique soutenable". Et, elle appelle tout le monde à y participer : les institutions, les associations, les opérateurs, les entreprises du numérique... L'objectif de cette plateforme est de "peser l'enjeu environnemental des l'évolution des réseaux de communication, des terminaux et des usages". Car, écrit l'Arcep, "nous le savons, les réseaux peuvent connaître des débouchés néfastes : usages énergivores, société de surveillance, gabegie consumériste, mainmise des grandes firmes, instrumentalisation géopolitique. Plus la vitesse de nos communications s'accroît, plus nous avons l'impression que la technologie nous échappe, et nos vies avec".
Pour appuyer son message, l'Arcep a publié une tribune sur le site de Reporterre, intitulée : "Favorable à la 5G, nous souhaitons tout de même un contrôle citoyen". "Nous faisons le choix d'ouvrir la 5G" écrit l'Arcep, "non pas seulement par un impératif économique et européen", "mais parce que c'est notre devoir de développer les possibilités d'échange et de partage du pays par l'évolution constante de ses infrastructures de communication. L'Arcep ne répétera pas le retard pris au démarrage de la 4G, qui a trop longtemps privé les Français de réseaux de qualité". Seulement, précise le régulateur des télécoms, "il nous revient d'ouvrir un nouveau chapitre de la régulation : celui de l'enjeu environnemental".
Une prise de conscience dont certains feraient bien de s'inspirer et qui va dans le sens d'un débat public sur la 5G. C'est à ce prix que les Français s'approprieront le(ur) nouveau réseau mobile.