Plus rien ne s'oppose au lancement de la 5G cet été
La menace était réelle et aurait pu repousser à une date ultérieure le lancement du réseau mobile 5G, prévu pour le mois de juillet 2020. Mi-février, en effet, deux associations, Agir pour l'Environnement et Priartem, ont déposé un recours devant le Conseil d'État pour obtenir la suspension du processus d'attribution des fréquences de la 5G.
Le motif : elles reprochaient au gouvernement de se lancer "dans un projet pharaonique" et ce "dans la plus grande précipitation", avant même de connaître l'impact de la 5G sur la santé ou l'environnement. Elles craignaient notamment les conséquences des ondes sur le cerveau, avec "des suspicions de plus en plus importantes en termes de cancérogénicité". À ce titre, elles demandaient l'application du principe de précaution et donc un moratoire sur la 5G.
Hier, le Conseil d'État a tranché et débouté les deux associations. Il estime qu'il n'y a "pas d'urgence justifiant la suspension des textes relatifs au déploiement de la 5G". "À supposer que l'arrêté critiqué ait pour effet les conséquences alléguées en matière d'environnement, de santé et de consommation énergétique ne pourront se manifester qu'après l'attribution des fréquences (...) au cours de l"été", précise le Conseil d'État. En clair, non seulement il n'y a pas urgence à se prononcer mais il est aussi trop tôt pour le faire. Et, plus rien ne s'oppose au processus d'attribution des fréquences de la 5G et donc à la commercialisation cet été du réseau mobile de 5ème génération.
Cependant, il ne faut pas voir dans cette décision un désaveu pour les deux associations. Il s'agit en effet d'un jugement sur la forme et pas sur le fond. D'ailleurs, le Conseil d'État s'engage à se prononcer sur le fond à l'été 2020.
"En s'engageant ainsi publiquement à traiter en un temps record ce dossier sensible, le Conseil d'État confirme l'importance du débat porté par les associations, notamment sur l'absence d'évaluation sanitaire et environnementale du déploiement de la 5G", réagit Priartem.
Encore impossible d'évaluer l'impact de la 5G sur la santé
La 5G est un motif d'inquiétudes. Et, il est normal de voir des associations demandait l'application du principe de précaution. À ce jour, il est impossible, en effet, de connaître l'impact de la 5G sur la santé ou l'environnement.
Chargée de conduire une expertise sur "l'exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de cette technologie et aux éventuels effets sanitaires associés", l'Anses vient de rendre un rapport préliminaire dans lequel elle regrette le "manque de donnés scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels". Elle a aussi identifié "deux champs d'évaluation des risques distincts" correspondant aux deux nouvelles bandes de fréquences qui seront utilisées par la 5G, la bande des 3,5 GHz et celle des 26 GHz. L'Anses rendra ses conclusions au premier semestre 2021.
Néanmoins, l'Anses se veut rassurante. Elle "ne voit pas en quoi les signaux de la 5G seraient fondamentalement différents et plus dangereux que ceux de la 4G. Même si la transmission des signaux s'effectue avec un autre codage, cela ne change pas grand-chose à l'interaction entre les champs électromagnétiques et le vivant. Ce qui interagit avec le corps humain, c’est l'onde électromagnétique, l'énergie transportée et la manière dont elle est déposée dans le corps : répétée, en continu, hachée… Sur ce point, la 5G ne sera pas différente de la 3G ou de la 4G".