Comment vont se passer les enchères 5G ?
Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR sont dans le starting-blocks. Demain, en effet, c'est le coup d'envoi des enchères 5G, deuxième phase du processus d'attribution des fréquences qui seront utilisées par la 5ème génération de téléphonie mobile. Une étape déterminante.
Le spectre de fréquences disponible pour la 5G est de 310 MHZ dans la bandes des 3,5 GHz. Elles sont attribuées en trois temps aux quatre opérateurs qui ont envoyé un dossier de candidature à l'Arcep, l'autorité de régulation des télécoms, en charge du processus.
Dans un premier temps, Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR ont chacun acquis un bloc de 50 Mhz, au prix unitaire de 350 millions d'euros. Reste donc à attribuer 110 MHZ. C'est là qu'interviennent les enchères 5G, deuxième phase du processus. Les 110 MHz de spectre de fréquences 5G restants à attribuer seront en effet vendus, à partir de demain, au plus offrant. Ils seront vendus par lot de 10 MHz. Le prix de départ des enchères est de 70 millions d'euros pour chaque bloc. Cette phase peut durer plusieurs jours, selon que les opérateurs se livrent une guerre sans merci et rentrent dans la surenchère pour acquérir un maximum de fréquences 5G.
L'Arcep a néanmoins prévu une limite de 100 MHz de fréquences 5G par opérateur. À l'issue du processus d'attribution des fréquences 5G, un opérateur ne pourra pas repartir avec un spectre de fréquences supérieur à 100 MHz. C'est à dire qu'au cours des enchères, Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR ne pourront pas acquérir plus de cinq blocs de 10 MHz.
Au terme de l'enchère, l'Arcep publiera la quantité de fréquences 5G obtenue par chacun des quatre opérateurs.
Dernière étape du processus : le positionnement des fréquences dans la bande des 3,5 GHz. Il sera aussi déterminer au moyen d'une enchère. Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR auront deux semaines pour proposer à l'Arcep différentes combinaisons, avec pour chaque possibilité le montant maximum qu'il s'engage à payer si la combinaison est retenue. L'autorité de régulation des télécoms déterminera ensuite la meilleure offre. Cette étape va permettre aux opérateurs de choisir où ils préfèrent se situer : aux extrémités ou bien alors au centre de la bande, qui est moins propice aux interférences avec d'autres services.
Le temps que l'ensemble de la procédure aille à son terme, cela signifie que l'Arcep sera en mesure de délivrer aux opérateurs des autorisations d'utilisation des fréquences 5G vers la fin du mois de novembre. Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR pourront alors décider des commercialiser des forfaits 5G. Les premières offres sont attendues pour la fin de l'année.
Pourquoi les enchères 5G sont-elles si importantes ?
Les enchères 5G sont capitales pour les opérateurs. Car elles vont déterminer l'envergure des réseaux 5G Bouygues, 5G Free, 5G Orange et 5G SFR et leur positionnement dans la bande des 3,5 GHz. Or, plus un opérateur aura de fréquences, meilleur sera son niveau de performances en 5G. En effet, plus un opérateur a de fréquences, meilleurs sont les débits qu'il pourra proposer en 5G.
Les enchères sont donc d'une une importance cruciale pour les opérateurs dans la course à la 5G. Car, d'une certaine manière, elles vont déterminer la capacité des opérateurs à recruter des clients en 5G. Les fréquences 5G sont aussi importantes que le prix auquel seront proposés les offres mobiles 5G des opérateurs.
Logique, donc, que chaque opérateur veuille un maximum de fréquences 5G. Ce qui laisse présager une surenchère. Or, l'Arcep veut éviter de trop grandes disparités entre les réseaux 5G de Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR. Et si le gouvernement veut gagner un maximum d'argent en échanges des fréquences 5G, il veut aussi éviter que les opérateurs se ruinent avec des enchères records. Car, plus les opérateurs mettront d'argent dans les enchères, moins ils en auront pour déployer rapidement la 5G.
C'est pourquoi il a prévu un garde-fou en limitant à 100 MHz le spectre de fréquences maximum que pourra acquérir chaque opérateur, "pour donner ses chances à chacun", selon Sébastien Soriano, le président de l'Arcep. Pour information, les équipementiers télécoms considèrent en effet qu'un opérateur a besoin d'environ 80 MHz pour avoir un réseau 5G de qualité.
Quelles sont les fréquences attribuées à la 5G ?
Le processus d'attribution des fréquences, et donc les enchères 5G, ne concernent que la bande des 3,5 GHz (3,4 - 3,8 GHz). Dans un premier temps, c'est la bande qui sera utilisée par le réseau mobile 5G. Sur les 400 MHz de largeur de spectre, 310 MHZ sont disponibles et sont donc concernés par le processus d'attribution des fréquences 5G. C'est une largeur de bande suffisante pour apporter de l'oxygène au réseau et éviter les effets de saturation. Cette bande de fréquences permet également une montée en débit significative.
Si ils le souhaitent, les opérateurs pourront également faire de la 5G dans la bande des 700 MHz (694 - 790 MHz) , qui présente l'avantage d'assurer une bonne couverture mobile du territoire du fait de leur grande longueur d'onde. Seulement, cette bande de fréquences est déjà utilisée par la 4G et les opérateurs ne pourront l'utiliser qu'à la condition d'avoir du spectre disponible dans cette bande de fréquences.
Il y a enfin la bande des 26 GHz, encore jamais utilisée dans les télécommunications civiles. C'est un terrain qui reste à explorer. Mais, on sait qu'elles permettront d'avoir les meilleurs débits en 5G, comparables à la fibre optique, et la latence la plus faible, de l'ordre du milliseconde, deux conditions indispensables à la révolution des usages promise par la 5G. Actuellement en phase d'expérimentations, cette bande de fréquences ne sera pas attribuée avant 2023 à la 5G.
Combien le processus d'attribution des fréquences 5G va-t-il rapporter à l'État ?
Au total, le processus d'attribution des fréquences de la 5G rapportera un minimum de 2,17 milliards d'euros. C'est un "montant raisonnable", à en croire Agnès Pannier Runacher, secrétaire d'État auprès du ministère de l'économie et des finances. D'ores et déjà, l'État a empoché un chèque de 1,4 milliards avec l'attribution à chaque opérateur un bloc de 50 MHz au prix unitaire de 350 millions d'euros. Et, à partir de demain, au cours des enchères 5G, il va céder aux opérateurs 11 blocs de 10 GHz. Les enchères démarrant à 70 millions, l'État est de gagner 770 millions supplémentaires, ce qui fait donc un prix de réserve de 2,17 milliards d'euros. "C'est la CPT (Commission des participations et des transfert qui a fixé le prix, une autorité administrative qui évalue le patrimoine des Français chaque fois que l'on fait une privatisation. L'analyse de la CPT, c'est que ça vaut 2,17 milliards d'euros et nous nous rangeons pour le moment à ce prix-là", déclarait la ministre il y 9 mois lorsqu'elle révélait le montant de ce prix de réserve, "équilibré" et "pas indécent"
Mais, comme il s'agit d'enchères et que les opérateurs vont fatalement faire de la surenchère pour avoir un maximum de fréquences possibles, ce montant est amené à augmenter sensiblement. Et, au total, selon certains analystes, le processus d'attribution des fréquences de la 5G pourrait rapporter jusqu'à 4 milliards d'euros à l'État.