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5G France : l'attribution des fréquences rapportera au moins 2,17 milliards d'euros à l'État

Le montant du prix de réserve pour l'attribution des fréquences de la 5G, fixé à 2,17 milliards d'euros, est jugé "raisonnable" par le gouvernement. Tout le contraire des opérateurs qui le trouvent trop élevé et sont furieux.

Maxime Blondet - publié le 25/11/2019 à 14h26

Au printemps dernier, Agnès Pannier Runacher, secrétaire d'État auprès du ministère de l'économie et des finances avait indiqué que le prix plancher des fréquences de la 5G, la nouvelle génération de réseau mobile qui ne sera pas commercialisée en France avant le mois de mai 2020, "serait plus proche des 1,5 milliard que de 3 milliards". Promesse tenue puisque le prix de réserve pour l'attribution des fréquences de la 5G a finalement été fixé à 2,17 milliards d'euros. L'information a été révélée ce dimanche par la secrétaire d'État dans un entretien accordé au journal les Échos.

Trois jours après que l'Arcep, le régulateur des télécoms, a publié le cahier des charges définitif pour l'attribution des fréquences 5G, avec un premier bloc fixe de 50 MHz vendu à chaque opérateur, le reste du spectre disponible étant vendu aux enchères, on y voit plus clair sur le déploiement de la 5G en France.

5G : 2,17 milliards dans les poches de l'État... au minimum

2,17 milliards d'euros : c'est la somme minimum que va rapporter au gouvernement la procédure d'attribution des fréquences de la 5G. En effet, le spectre de fréquences disponibles pour la 5G, à savoir 310 MHz dans la bande des 3,5 GHz, sera vendu en deux temps : une partie à prix fixe, et une seconde aux enchères.

Une partie des fréquences de la 5G sera attribuée aux enchères.

Concrètement, dans un premier temps, les quatre opérateurs concernés (Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR) vont débourser chacun le somme de 350 millions d'euros afin de pouvoir bénéficier d'un premier bloc de fréquences de 50 MHz. Un premier tour qui va donc rapporter 1,4 milliard d'euros à l'État.

Concernant les 110 MHz restants, ils seront cédés au plus offrant, pour un montant minimum de 70 millions d'euros par bloc de 10 MHz, dans la limite totale de 100 MHz par opérateur. Un second tour qui rapportera donc a minima 770 millions d'euros. Mais, vous l'avez bien compris, il s'agit d'un minimum. Car, si les opérateurs s'emballent et décident de se livrer une bagarre sans merci, la vente aux enchères des fréquences de la 5G pourrait s'envoler. Et, la bataille pourrait faire rage. Car, plus un opérateur va acquérir de fréquences 5G, meilleur sera la débit qu'il pourra délivrer et donc meilleurs seront les services en 5G qu'il pourra offrir à ses abonnés. Selon certains observateurs, avec l'attribution des fréquences de la 5G, c'est jusqu'à 4 milliards d'euros qui pourraient venir remplir les caisses de l'État.

2,17 milliard d'euros : un montant "raisonnable" pour l'État...

Le prix de réserve de 2,17 milliards d'euros annoncé par Agnès Pannier Runacher ne sort pas de nulle part. "C'est la CPT (Commission des participations et des transfert qui a fixé le prix, une autorité administrative qui évalue le patrimoine des Français chaque fois que l'on fait une privatisation. L'analyse de la CPT, c'est que ça vaut 2,17 milliards d'euros et nous nous rangeons pour le moment à ce prix-là". Voilà comment la secrétaire d'État auprès du ministère de l'économie et des finances justifie le prix plancher auquel seront attribuées les fréquences de la 5G aux opérateurs. Un montant qu'elle juge "équilibré et "pas indécent".

Selon elle, l'objectif était d'assurer "un minimum de blocs permettant à chacun des acteurs d'être présent, de faire la concurrence et de ne pas être exclu du marché. 200 MHz de socle de service public et 110 MHz à la concurrence, ça nous paraît particulièrement équilibré". Il s'agirait même d'un montant "très attractif" si on le compare aux prix atteints en Allemagne et en Italie où les enchères 5G ont dépassé les 6,5 milliards d'euros. À l'en croire, il ne devrait pas être un frein dans le déploiement de la 5G par les opérateurs.

... mais beaucoup trop élevé pour les opérateurs.

À la suite de l'interview accordé Agnès Pannier Runacher au quotidien les Échos, dans lequel elle révèle le montant du prix de réserve pour l'attribution des fréquences de la 5G, la réaction des opérateurs ne s'est pas faite attendre. Elle est venue d'Arthur Dreyfuss, Président de la Fédération française des télécoms. Une réaction virile mais correcte : "Nous sommes dans une équation inédite avec des opérateurs qui n'ont jamais eu autant d'obligations d'investissement et un montant potentiellement engagé dans les fréquences aussi important". Cette équation, dit-il, "n'est pas cohérente avec ce qui a été avancé ces derniers mois par le gouvernement". Également secrétaire général de SFR, il dénonce un tarif "déraisonnable". Il faut dire que les opérateurs s'attendaient à un prix de réserve plus proche des 1,5 milliard d'euros, évoqué par le gouvernement au printemps et validé par l'Arcep. 

Et, Arthur Dreyfuss de rappeler : les opérateurs "investissent 10 milliards d'euros chaque année pour apporter la fibre et la 4G à tous les français, dans un marché avec les prix d'abonnement les plus bas d'Europe et la fiscalité la plus importante". Voilà qui est dit. La pilule a d'autant plus de mal à passer auprès des opérateurs alors même que le cahier des charges fixé par le gouvernement en termes de couverture 5G et de qualité de services est particulièrement contraignant.

Pas de quoi émouvoir la secrétaire d'État. Sur Radio Classique, ce matin, elle estimait que les opérateurs font "des choix stratégiques en fonction des moyens dont ils disposent". À eux de savoir s'arrêter au bon moment à l'occasion des enchères. Chacun fait en fonction de ses moyens, en somme. En outre, précise-t-elle, "l'argent qu'on récupère pour le déploiement de la 5G ne sera pas perdu car nous le réinvestirons dans le réseau au delà d'un certain montant". Un certain montant qu'Agnès Pannier Runacher s'est bien gardée de préciser.

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