Deux membres du gouvernement pour un moratoire sur la 5G
Le gouvernement voudrait "flinguer" la 5G, il ne s'y prendrait pas autrement. Il est en effet incapable de parler d'une seule et même voix à propos du nouveau réseau mobile 5G, déjà largement décrié.
Surprise, ce dimanche à la lecture du Journal du Dimanche. On y apprend que la ministre de l'Environnement, Elisabeth Borne, et son homologue à la Santé, Olivier Véran ont écrit au Premier ministre Edouard Philippe pour lui demander "d'attendre l'évaluation de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) avant le déploiement de la 5".
En clair, ils demandent un moratoire sur la 5G, comme le souhaitent plusieurs associations. L'Anses a en effet été chargée par le gouvernement de "conduire une expertise sur l'exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de cette technologie et aux éventuels effets sanitaires associés". Et, en janvier dernier, dans un rapport préliminaire, elle regrettait le "manque de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels" pour rendre des conclusions pertinentes. "Il n'y a pas eu d'études", déplorait-elle, pour évaluer les dangers de la 5G. Ses résultats sont attendus pour la fin du 1er trimestre 2021. En outre, explique Elisabeth Borne, "les citoyens demandent une évaluation des impacts en matière de santé et d'environnement". Une déclaration qui fait suite à la Convention citoyenne pour le climat qui juge ce passage de la 4G à la 5G "sans réelle utilité".
Pour un moratoire sur la 5G ?
— Arthur Nazaret (@ArthurNazaret) June 21, 2020
Borne : "Les citoyens demandent une évaluation des impacts en termes de santé. (...) Avec Olivier Véran, nous venons de saisir le Premier ministre pour demander d’attendre cette évaluation avant le déploiement de la 5G" https://t.co/aXYoSsNl13
Le gouvernement se déchire sur la 5G
Si les déclarations d'Elisabeth Borne font l'effet d'une onde de choc, c'est parce qu'elles vont à l'encontre de la communication gouvernementale sur la 5G jusqu'à maintenant. Il y a moins d'un mois en effet, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie Agnès Pannier-Runacher, en première ligne sur la 5G, déclarait : "Faisons attention à ne pas prendre du retard [sur la 5G] et à ne pas se retrouver dans la situation qu'on a déjà vécue plusieurs fois en France où on va être plus intelligents que tout le monde et à la fin on est plutôt en retard sur le reste de la compétition". "Un certain nombre de pays [...] ont accéléré leur déploiement de la 5G parce qu'ils pensent que c'est un élément de réponse à la crise", expliquait-elle.
Par ses déclarations, la secrétaire d'État, répondait à Martin Bouygues, qui demandait un moratoire et un débat public sur la 5G. Elle donnait également le feu vert à l'Arcep, le régulateur des télécoms, qui a fixé en septembre les enchères pour l'attribution des fréquences 5G. Un étape indispensable avant le lancement de la 5G, dont le coup d'envoi est prévu à la fin de l'année si les opérateurs le souhaitent.
Aussi, avec leur demande de moratoire sur la 5G, Elisabeth Borne et Olivier Véran jettent un pavé dans la mare et rajoute à l'incertitude sur un sujet ô combien important qui conditionnent en partie les télécommunications du futur. Car, aujourd'hui, nul ne sait si la 5G verra réellement le jour à la fin de l'année. On n'est plus à une surprise près et il serait temps que quelqu'un siffle la fin de la récré. Car, pour s'imposer, la 5G devra recevoir l'adhésion de la la population. Or, on en est loin du compte et la cacophonie gouvernementale ne lui fait pas une bonne publicité.