Xavier Niel avait prévenu : sa nouvelle box, la Freebox Delta, serait haut de gamme ou ne serait pas. La marque s’était donné pour mission de réinventer les usages liés à la box Internet au sein du foyer. Enjeu pour Free : dépasser le statut de simple fournisseur d’accès en répondant aux nouveaux besoins des consommateurs. Tout en prenant une longueur d’avance sur les débits délivrés. Mais tout cela aura un prix, que les Freenautes ne seront peut-être pas prêts à payer.
Le prix de la Freebox Delta fait tousser
L’effet « Waouh ! » n’est peut-être pas là où Free l’attendait. Concentré inédit de technologie et de services, sa nouvelle Freebox Delta a certes de quoi surprendre. Mais les Freenautes ont aussi poussé un cri à la vue du prix : 49,99€/mois pour l’abonnement, à quoi s’ajoute l’achat obligatoire du Player Free/Devialet, au prix de 480€. A régler au comptant ou en plusieurs fois, jusqu’à 10€/mois pendant 48 mois. Soit une offre à 60€/mois, amorcée par des frais de mise en service de 99€. Le tout augmenté de frais de migration de 49€ pour les actuels abonnés Freebox, à qui Xavier Niel avait pourtant promis hier qu'ils seraient offerts, au moins aux clients « les plus anciens ».
[Mise à jour du 13/12/2018 : Free a revu sa copie et baisse le prix de la Freebox Delta : frais de mise en service supprimés et lancement d'un abonnement sans Player]
Player Free/Devialet, un « rapport qualité-prix défiant toute concurrence »
La pilule n’est pas facile à avaler pour de nombreux Freenautes, malgré les arguments avancés par Free. L’opérateur met en avant un « rapport qualité-prix défiant toute concurrence » pour ce nouvel équipement et ses innovations, que l’on pourra conserver même sans être abonné : système audio haut-de-gamme, vidéo 4K HDR, assistant vocal, centrale de sécurité, disque dur 1 To, chargeur sans fil, télécommande tactile... « Si on essaie de reconstituer celui des équipements inclus, un consommateur serait facturé plus de 2 400 euros pour ses achats », affirme l'opérateur dans sa communication.
Côté abonnement aussi, Free assure serrer les prix, à 49,99€/mois pour un ensemble de services (Netflix, TV by Canal, Bouquet presse…) dont « l’addition s’élève à plus de 100 euros par mois ». Le tout, rappelons-le, adossé à une connexion fibre survitaminée (jusqu’à 8 Gb/s en réception et 400 Mb/s en émission) pour les quelque 10 millions de foyers éligibles aux offres fibre de Free. Ou, pour attendre la fibre, à des débits améliorés par l'agrégation 4G /DSL..
Free ne trublionne plus sur les prix
L’enjeu est là pour Free : convaincre les consommateurs qu’ils auront meilleur compte à tout centraliser sur son équipement haut-de-gamme, plutôt qu’à se disperser vers une multitude d’interlocuteurs. Tout en se rendant incontournable pour les partenaires (Netflix, Amazon, Spotify...) dans un nouveau rôle d’agrégateur de services. Réponse à la principale crainte formulée par Xavier Niel ces dernières années : que les fournisseurs d’accès ne deviennent qu’une simple « commodité », laissant les services tiers engranger l'essentiel de la valeur ajoutée.
Une approche en rupture qui a un coût : en adoptant ce nouveau positionnement, Free abandonne non seulement son image de casseur de prix, il est vrai de moins en moins tenable dans un environnement hyper concurrentiel. Mais l’opérateur sacrifie également un élément central de son ADN, la simplicité. L’offre Freebox Delta pêche en effet aussi par son manque de lisibilité, avec une multiplication de faux-frais qui suscite la méfiance chez les Freenautes. Pas évident à défendre pour une marque qui avait fait de la guerre aux coûts cachés son cheval de bataille.
Agrégation 4G/DSL sur Freebox Delta : débit amélioré, sous conditions
Même type d’interrogation sur l’Internet hybride embarqué sur la Freebox Delta : saluée lors de la Keynote, la possibilité d’agréger les technologies DSL et 4G pour améliorer le débit suscite toutefois quelques interrogations. La perspective d’un débit boosté – jusqu’à 200 Mb/s en réception et 60 Mb/s – est évidemment enthousiasmante pour un utilisateur jusqu’ici scotché à une poignée de Mb/s en ADSL. Encore faut-il que les performances soient au rendez-vous, ce qui n’est pas toujours le cas sur les box 4G proposées depuis plusieurs mois par ses concurrents.
Free précise ainsi que « le débit effectif varie notamment en fonction du nombre d’utilisateurs simultanés connectés au réseau, du lieu d’utilisation et de la couverture 4G à l’intérieur des bâtiments ». Avec une indication supplémentaire concernant le volume de data disponible : illimité par défaut, il sera plafonné à 250 Go « en cas de saturation de la cellule (antennes) dont l’abonné dépend », avec débit réduit au-delà. Les retours d’expérience sur ce point seront donc intéressants à suivre, mais si la qualité de service n'est pas au rendez-vous, la facture risque de s’avérer salée pour l’abonné. lequel s’engage, rappelons-le, à acheter le Player Free/Devialet à 480€ dans le cadre de l’abonnement Freebox Delta . Et pas question, ici, de mois d'essai « satisfait ou remboursé » comme le proposent traditionnellement les box 4G classiques...
A quoi sert la Freebox One ?
Enfin, la Freebox One lancée presqu’en catimini en parallèle de la Freebox Delta laisse perplexe. Elle a certes quelques arguments à faire valoir, à commencer par la compatibilité 4K HDR, les flux TV HD+, la nouvelle interface Freebox TV, l’accès à Netflix inclus dans l’abonnement. Le tout pour un prix de lancement bien plus abordable que celui de la Freebox Delta, à 29,99€/mois pendant un an puis 39,99€.
Mais cette nouvelle Freebox One n'est pas non plus sans inconvénients. On citera notamment l’absence d’espace de stockage intégré ou encore des frais de mise en service là aussi plutôt élevés (69€). Sans oublier l’approche modem/décodeur TV tout-en-un, qui risque de poser problème aux abonnés dont la télévision est éloignée de la prise téléphonique ou fibre. On peut regretter aussi que cette offre plus abordable ne bénéficie de l’agrégation DSL/4G, qui aurait permis aux oubliés du débit de compter sur cette nouvelle solution à prix plus abordable.
Rien de renversant donc pour cette Freebox One. Plutôt une mise à niveau qui permet à Free de boucher un trou dans sa gamme, afin de présenter une alternative aux offres les plus élaborées de la concurrence : Livebox Up (Orange), Power/Premium (SFR) et Ultym (Bouygues). Conséquence : la grille tarifaire de Free comporte désormais cinq offres Freebox : Crystal, Mini 4K, Revolution, One et Delta. Avec (temporairement ?) trois offres intermédiaires qui rendent, là aussi, l’ensemble peu lisible, entre prix de première année et prix hors promotion. Du ménage en perspective ?