Ce dernier, qui s’est toujours montré totalement opposé au passage à trois opérateurs nationaux au lieu de quatre n’a d’ailleurs pas tardé à réagir, avec des déclarations des uns et des autres, plus une réunion à Bercy organisée aujourd’hui entre Emmanuel Macron et Patrick Drahi…
Une opération sous haute-tension
Un tel rachat ne peut se faire qu’avec des ententes entre les divers opérateurs, afin de passer outre les risques de situation monopolistique. Il s’agit également de rassurer les autorités et les salariés, notamment sur les risques de licenciements massifs qui découleraient d’une telle opération. Déjà la fusion entre SFR et Numericable a fait l’objet de nombreuses clauses et engagements de la part de Numericable, mais avec le rachat de Bouygues Telecom, le sujet est encore plus délicat.
Afin d’éviter les doublons, en termes d’infrastructures, de boutiques et d’employés, une telle opération doit se faire avec des garanties très sérieuses afin de minimiser les risques de licenciements et de fermetures. Tout le monde s'interroge également sur une possible hausse des prix pour les consommateurs, sachant que toute proportion gardée, nous sommes en France plutôt très bien lotis sur ce sujet.
Un rachat en accord avec Free et Orange
Ce rachat est obligatoirement lié à des accords avec les autres opérateurs, Free et Orange. Du côté de Free, l’accord signifierait la cession d’antennes et de fréquences venant du parc de Bouygues Telecom, ainsi que de certains points de ventes physiques. Une aubaine pour Xavier Niels qui pourrait ainsi très rapidement rattraper son retard sur la couverture 4G à moindre frais et plus rapidement.
Du côté d’Orange, l’opérateur serait intéressé par la reprise d’une partie des employés. Pour le moment aucune information précise dans les solutions envisagées sur ces aspects n’a filtré, même si entre Free et Numericable-SFR, un accord de principe ait été officiellement déjà annoncé depuis un moment sur le sujet des supports de réseau mobile.
Pour ce qui est de Numericable-SFR, le rachat lui permettrait de gagner 11 millions de clients supplémentaires, devenant alors virtuellement le premier opérateur français, et deuxième sur la partie Internet fixe derrière Orange.
Numericable-SFR prêt à s’endetter encore plus
Le financement en cash de ce rachat, annoncé à plus de 10 milliards d’euros, se ferait encore une fois par des emprunts sollicités par le groupe de Patrick Drahi. Une stratégie risquée de surendettement qui risque de poser un sérieux problème pour la validation d’une telle opération.
Vers un France du Très Haut Débit mais pas pour tous ?
Alors que le plan France Très Haut Débit patauge, avec des annonces d’investissements faites il y a plus d’un an qui sur le terrain ne se sont toujours pas concrétisées à hauteur des promesses faites, les inquiétudes grandissent sur l’avenir THD de la France en zone non dense. Si en effet, la couverture en Très Haut Débit (plus de 30 Mbit/s) s’améliore rapidement dans les grandes agglomérations et en zones périurbaines, les zones rurales ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour trouver les investissements nécessaires au déploiement de la fibre optique.
Les caisses de l’état sont vides, les subventions fondent comme neige au soleil et les intervenants majeurs des Télécoms, comme la FIRIP, ne cesse de tirer le signal d’alarme… Et un opérateur privé en moins risque de ralentir encore l’accès au THD pour tous dans les zones rurales.
Moins d’investissements pour le THD ?
Si le rachat de Bouygues Telecom par Numericable-SFr se concrétise, la société de Patrick Drahi ne sera plus en capacité d’investir pour le déploiement de la fibre optique (FTTH). Même si le taux d'adoption de la fibre optique tend à s'améliorer nettement, de gros investissements sont encore nécessaires. De la même façon Free pourrait se montrer nettement moins friand des prochaines fréquences 700MHz qui seront mise en ventes par le gouvernement en fin d’année, pour la mise en place de la 4G.
Avec trois acheteurs au lieu de quatre, les 2,5 milliards de recettes escomptées par Bercy pourraient se voir amputer sérieusement. Inutile de dire qu'une telle possibilité serait catastrophique pour les finances de Bercy...