Le confinement a dopé le trafic Internet
Au début de la crise sanitaire, une crainte a rapidement vu le jour. Les réseaux Internet vont-ils tenir ou au contraire arriver à saturation ? Anticipant une surchauffe des réseaux, redoutant même une saturation, le gouvernement avait notamment demandé aux services de SVoD de réduire leur consommation de bande passante. Il avait même fortement encouragé Disney+ à différer son lancement de deux semaines.
Qu'en est-il un peu plus de deux mois plus tard ? "Les réseaux télécoms ont tenu le choc des pics de trafic dans cette période inédite et nous pouvons en être fiers", se félicité la Fédération Française des Télécom. Car, les réseaux Internet ont tenu, malgré la surchauffe. Et, pourtant, pendant les deux mois de confinement, on a assisté à une hausse spectaculaire du trafic Internet, de l'ordre de 30%, par rapport à la même période de l'année dernière. De 34% exactement au mois de mars et de 29% au mois d'avril, à en croire NETSCOUT, le spécialiste américain de la protection des réseaux, qui a compilé les données des Fournisseurs d'accès à Internet (FAI).
NETSCOUT a remarqué une hausse de la consommation sur les réseaux fixes moins significative en avril qu'en mars, un phénomène observé partout dans le monde et en France. "Elle a augmenté en avril mais il y a une légère décrue vers le week-end de Pâques", analyse Philippe Alcoy, spécialiste de la sécurité chez NETSCOUT. Comme si les abonnés Internet en avaient eu "ras-le-bol du confinement" et "besoin de s'évader et de s'éloigner des écrans".
Internet : une hausse stimulée par le streaming vidéo et les jeux vidéo
Aussi spectaculaire qu'elle soit, cette hausse du trafic Internet en France pendant la crise sanitaire est sans surprise. Elle est d'ailleurs du même ordre dans les autres pays européens. Néanmoins, la France se distingue de ses voisins sur l'origine de la hausse du trafic Internet. Elle occupe une place singulière dans le sens où Netscout a observé une croissance énorme des réseaux de diffusion de contenus, de 63% en mars et de 86% en avril, là où la moyenne européenne a augmenté de 20%, selon Netscout.
Plus que le télétravail, c'est donc les services de SVoD, à savoir les plateformes de vidéo en streaming comme Netflix, et le cloud gaming, les services de jeux vidéo en ligne comme Stadia, qui sont à l'origine de cette hausse. "L'essentiel du trafic supplémentaire est bien lié au streaming vidéo et aux jeux vidéo en ligne car les données montrent une diminution de la quantité de flux vers les plateformes professionnelles des entreprises liées au télétravail", assure Philippe Alcoy.
Autre origine de la hausse du trafic Internet : les réseaux sociaux. Leur utilisation a bondi de 121% en mars et 155% en avril. Un phénomène normal même si il surprend par son ampleur. Pendant les deux mois de confinement, ils ont été un des rares moyens de maintenir du lien social.