A l'occasion de la présentation des résultats de Netgem, l'actionnaire principal de Videofutur, a annoncé qu'il avait "conclu un accord de cession de son activité d'opérateur fibre grand public en France à la société Nordnet, filiale du groupe Orange".
En clair, Videofutur tire sa révérence et revend son parc d'abonnés à son concurrent, également largement présent sur le marché de la fibre optique en zone peu dense. Mathias Hautefort, Directeur Général de Netgem, explique que cette "opération s'inscrit directement dans l'exécution de notre stratégie de recentrage sur notre cœur de métier".
@netgem met en place stratégie de recentrage sur son activité de Streaming TV à destination des opérateurs télécoms (B2B2C). #netgemtv https://t.co/CMKhdywUi3 pic.twitter.com/tb3FZXz4Pt
— Netgem (@Netgem) 10 février 2023
Le coeur de métier de Netgem repose sur l'édition et la commercialisation de services de divertissement digital, et notamment sur la plateforme netgem.tv qui permet à certains opérateurs de fournir une solution "clé en main" (Tv / VoD / SVOD) à leurs abonnés via un décodeur, un ordinateur ou un écran connecté (smartphone / tablette / smart TV). Netgem est par exemple présent au Royaume-Uni chez l’opérateur TalkTalk mais aussi en Ecosse, Finlande, en Estonie ou encore au Luxembourg.
Une offre concurrencée par les opérateurs nationaux
Après son acquisition par Netgem en 2013, Videofutur s'était renommé en Vitis en 2016 pour se lancer dans l'aventure de la fibre optique à l'occasion de la commercialisation des premiers réseaux d’initiative publique. Ces RIP permettaient alors à des millions de français de bénéficier d'une connexion très haut débit dans les zones rurales. A cette époque, les opérateurs nationaux comme Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom ne distribuaient pas encore leurs offres internet dans ces zones, et se concentraient essentiellement sur les métropoles et les grandes agglomérations.
Au fil des années, Videofutur avait passé des accords pour commercialiser ses offres sur les réseaux déployés par Altitude, Axione, Covage ou encore xpFibre par exemple. Il avait par ailleurs régulièrement enrichi ses abonnements avec de nouveaux services et de nouvelles options TV. Avec l'arrivée massive des opérateurs nationaux sur ces réseaux, la concurrence a frappé Videofutur de plein fouet.
Le FAI a bien tenté de remanier son forfait en 2020 avec une formule à la carte reposant sur une connexion 1 Gb/s, un répéteur Wi-Fi inclus et l'application TV myVideofutur. Mais la guerre des prix et des promotions, la montée des débits, la pression publicitaire, et les migrations massives d'abonnés ADSL en fibre lors de la crise du COVID ont sans doute fragilisé Videofutur.
Que vont devenir les abonnés Videofutur ?
Sur son site, le fournisseur d'accès revendique 300 000 abonnés, chiffre qu'il communiquait déjà en 2020. Le calendrier de la cession à Nordnet n'est pas encore précisément détaillé mais Netgem évoque une cession "au cours du premier semestre 2023".
Concrètement, les abonnés Videofutur recevront, dans les prochaines semaines, une communication de l'opérateur leur indiquant que leur abonnement sera désormais géré par Nordnet. Reste à voir si Nordnet continuera à fournir un abonnement strictement identique ou s'il proposera une migration vers l'une de ses offres fibre de la gamme Vital, Idéal ou Ultra. Ces dernières années, Nordnet avait déjà récupéré l'activité de plusieurs fournisseurs d'accès comme Alsatis en 2016, Ozone qui a cédé son activité "satellite" en 2019, ou encore Wibox qui était spécialisé dans la fibre optique.
Après des années à creuser le sillon de la fibre dans les zones rurales couvertes par les réseaux d'initiative publique, les fournisseurs d'accès alternatifs peuvent difficilement lutter contre les opérateurs nationaux qui disposent d'une force de frappe commerciale sans limite, et qui bénéficient également de leur base d'abonnés dans la téléphonie mobile.
Peu d'autres acteurs demeurent sur le marché de la fibre pour les particuliers des réseaux d'initiative. Hormis Nordnet, citons notamment Ozone, K-Net, MilkyWan, Kiwi fibre ou encore par exemple Vialis qui concentre son activité uniquement en Alsace. La plupart des autres FAI se sont orientés vers le marché des entreprises.