Les télécoms n’échappent pas à la crise. Comme les autres secteurs de l’économie, ils souffrent du confinement mis en place pour limiter la propagation du Covid-19. Des mesures restrictives aux conséquences multiples sur l’activité des opérateurs télécoms : Boutiques fermées, interventions à domicile limitées au strict minimum, déploiement de la fibre optique quasiment à l’arrêt... Pour affronter la crise sanitaire et économique, les opérateurs sont obligés de revoir leur organisation du travail. D'un opérateur à l’autre, les mesures adoptées ne sont pas les mêmes et la question du chômage partiel divise.
SFR et Bouygues : seuls opérateurs à avoir recours au chômage partiel
En pleine crise du Covid-19, l’opportunité de recourir au chômage partiel se pose dans tous les secteurs de l’économie. Celui des télécoms n’échappe pas à la règle. Les opérateurs sont impactés par le coronavirus et le levier du chômage partiel est envisagé par tous.
Mais, jusque là, seuls deux opérateurs ont décidé d’y avoir recours. Les salariées des boutiques de SFR, fermées depuis l’annonce du confinement le 16 mars, sont déjà au chômage au chômage partiel. Une mesure qui a été étendue à d’autres secteurs d’activité de SFR le 23 mars. Résultat : 40% des salariés de de SFR sont aujourd'hui en chômage partiel, soit 5.000 collaborateurs. Révoltés contre cette mesure, les syndicats avancent le chiffre de 6.000 personnes concernées.
Du côté de Bouygues Telecom, les 1.400 salariés des boutiques sont aussi en chômage partiel. L’opérateur compensera durant 15 jours la perte de rémunération concernée par le dispositif, en échange de quoi il demande aux salariés de prendre une semaine de congés. Ces derniers jours, l’entreprise a souhaité étendre le recours au chômage partiel à la direction de la relation client et à la direction de la vente à distance, soit près de 900 personnes supplémentaires.
Mais, sous la pression des syndicats, il a fait machine arrière. Et, finalement, 400 autres salariés, essentiellement des équipes commerciales dédiées aux clients entreprises sont in fine concernés par le dispositif. Hier soir, Bouygues Telecom a fait savoir qu’il comptait mettre moins de 20% de ses effectifs en chômage partiel.
Orange et Free, les deux autres opérateurs historiques ont également envisagé cette possibilité. Mais, ils n’y auront pas recours. Pour l’instant. C’est ce que Thomas Reynaud a fait savoir dans une lettre adressée aux 11.000 salariés du groupe. Le groupe Iliad, maison mère de Free a décidé "de ne pas déclencher le chômage partiel en mars et en avril et de ne pas faire appel à la solidarité nationale".
Pourtant, 600 salariés, et "peut-être quelques milliers dans les semaines à venir sont aujourd'hui "non-opérationnels"". L’opérateur encourage les personnes concernées "soit à prendre des congés payés, soit quand cela est possible à suivre des formations à distance". Et, pour ne pas démobiliser ceux qui sont encore sur le pont, Free dit "réfléchir à des mesures de bonifications de primes".
Orange, enfin, n’aura pas non plus recours au chômage partiel et les salariés arrêtés ne subiront pas de perte de salaire. Jusqu’à quand ? Tout dépendra de l’évolution de la crise lié au coronavirus.
Recours au chômage partiel chez les opérateurs : un sujet qui fâche
Dans les télécoms, la question du recours au chômage partiel est un sujet sensible. Les opérateurs avancent à pas feutrés et les syndicats sont vent debout contrer une telle décision qu’ils jugent incompréhensible.
Pour Xavier Courtillat, délégué syndical CFDT d’Altice France, la maison mère de SFR, la décision de recourir au chômage partiel ne passe pas : "Nous dénonçons vigoureusement le comportement actuel de la direction de notre entreprise et plus particulièrement l’opportunisme et le cynisme à l’œuvre dans la demande de recours auprès de l’administration d’une mesure de chômage partiel massive".
Dans un mail, il explique que "l’intégralité des salariés pourrait tout à fait être au travail (à distance), sans que nos dirigeants cherchent à faire payer une grosse partie de la masse salariale par la collectivité nationale, en cette période où la solidarité devrait être à l’œuvre de manière exemplaire". Le syndicat dénonce un "effet d’aubaine", alors même que la santé financière de SFR n’est pas menacée. En 2019, le chiffre d’affaires de l’entreprise a augmenté de 11% pour s’établir à 4 milliards d’euros. Et les bénéfices ont grimpé de 14,8% à 1,4 milliards d’euros.
Même son de cloche au syndicat CFDT de Bouygues Telecom, qui a fait pression de tout son poids pour finalement contraindre la direction à privilégier le télétravail plutôt que le chômage partiel. Selon lui, le Covid-19 n’aura pas de conséquences sur le chiffres d’affaires lié aux clients particuliers de l’opérateur : "Les clients ne résilient pas soudainement leurs abonnements, explique Azzam Adhab, délégué central CFDT de Bouygues Telecom. Au contraire, la période montre que les connexions explosent, et les forfaits avec. »
Selon lui, la situation économique de Bouygues Telecom n’impose pas que le groupe bénéficie de la solidarité nationale. En outre, avant le rétropédalage de la direction, il expliquait que le chômage partiel "va amputer le salaire des gens" puisqu'ils ne touchent que 84% de leur rémunération en pareil cas. "Cela va aussi avoir des conséquences, plus tard, sur leur point de retraite, sur l’acquisition de jours de RTT, sur le calcul de leurs prime", poursuivait-il. Visiblement, la pression exerçait le syndicat a suffi pour faire plier l’opérateur.