En France, comme partout en Europe, voire même dans le monde, le réseau Internet ne doit pas lâcher. "En période de confinement face au Covid-19, le télétravail et le streaming sont très utiles, mais les infrastructures peuvent être mises à rude épreuve", s'inquiète Thierry Breton sur Twitter. Le commissaire européen pour le marché intérieur en profite pour lancer un appel : "Plateformes de streaming, opérateurs de télécommunications et utilisateurs, nous avons tous la responsabilité commune de prendre des mesures pour assurer le bon fonctionnement de l'Internet pendant la lutte contre la propagation du virus". Sans jouer les oiseaux de mauvaise augure, le risque de saturation du réseau Internet est réel si aucune mesure de restriction n'est prise.
Les services de streaming invités à passer en définition standard
Or, à lire le tweet publié ce matin par Cédric O, secrétaire d'État français chargé du Numérique, il existe des usages de l'Internet prioritaires sur le streaming : "Télémédecine, éducation à distance, télétravail, urgences,(...) Nous avons tous besoin d'un réseau qui fonctionne partout et tout le temps, fixe et mobile", a-t-il tweeté. Une manière d'inviter les fournisseurs de contenus, qui sont de gros consommateurs de bande passante (VoD, streaming, jeux en ligne…) à prendre dans les heures et les jours qui viennent des mesures techniques appropriées pour limiter la bande passante de leur services.
Important phone conversation with @ReedHastings, CEO of @Netflix
— Thierry Breton (@ThierryBreton) March 18, 2020
To beat #COVID19, we #StayAtHome
Teleworking & streaming help a lot but infrastructures might be in strain.
To secure Internet access for all, let’s #SwitchToStandard definition when HD is not necessary.
Pour éviter le black-out du réseau Internet, l'une des solutions serait, selon Thierry Breton, le passage à la basse définition sur les plateformes de streaming comme Netflix, Amazon Prime Video ou encore myCanal, le service de Canal+, et les autres offres dans les pays européens. "Pour sécuriser l'accès à Internet pour tous, passons à la définition standard lorsque la HD n'est pas nécessaire", exhorte-t-il.
L'objectif est d'agir en amont, selon Cédric O. "Aujourd'hui, il n'y a pas de problème avéré d'engorgement. Mais, nous avons senti qu'il y avait potentiellement un danger", précise-t-il.
Appel entendu par Netflix et YouTube
Dans le monde, le streaming représente 60% du trafic Internet. Sans l'aide des services de SVOD, donc, difficile de voir de la bande passante se libérer et soulager le réseau Internet.
Néanmoins, l'appel lancé par Thierry Breton semble avoir été entendu. À la suite d'une réunion avec le commissaire européen pour le marché intérieur, Reed Hastings, le patron de Netflix, a décidé de réduire le débit de tous ses streams en Europe pour 30 jours, afin de préserver le bon fonctionnement de l'Internet. "Nous estimons que cela devrait réduire le trafic de Netflix sur les réseaux européens d'environ 25% tout en assurant une bonne qualité de service à nos membres", a-t-il indiqué. Pour autant, Netflix ne va passer en basse définition. En effet, Netflix pourrait atteindre son objectif de 25% de baisse du débit en rognant uniquement sur la 4K. Cette décision a immédiatement été saluée par Thierry Breton.
Netflix va réduire la qualité de ses streams d'environ 25% pour soulager le réseau en Europe pour 30 jours. En France, cinq acteurs représentent 50% du trafic descendant: Netflix (23%), Google/YouTube (17%), Facebook (5%), Amazon (3%), Canal+ (2%) (chiffres Arcep) #coronavirus pic.twitter.com/2BegnpB1Rh
— Philippe Berry (@ptiberry) March 19, 2020
Netflix n'est pas le seul acteur à accepter de réduire ses débits. En effet, dans le sillage du leader mondial de la vidéo en streaming, YouTube a aussi annoncé qu'il allait aussi abaisser le qualité de son service en Europe. "Nous nous engageons à basculer provisoirement l'ensemble du trafic dans l'Union Européenne sur une définition standard par défaut", a fait savoir un porte-parole de la firme. Une décision qui devrait rester en vigueur au moins 30 jours.
Disney+ aurait refusé de reporter son lancement en France
La pression était forte. Mais, elle n'aura pas suffi. Pour l'instant. Craignant que l'arrivée de Disney+ sature encore un peu plus le réseau Internet en France, le gouvernement a également encouragé le groupe Disney à reporter le lancement de sa plateforme de SVOD en France, prévue pour le 24 mars. Il lui a demandé "d'ajuster son arrivée sur le marché". Demande à laquelle le géant américain est pour l'instant resté sourd. Disney+ devrait donc débarquer en France le 24 mars, même si il devrait également subir les mêmes restrictions de débit.