Silent Hill : The Short Message, un cache-misère pour Konami ?
Konami a vu de grands créateurs passer chez lui pour y développer ce qui allait devenir des piliers du jeu moderne : Hideo Kojima nous a inventé la légendaire série des Metal Gear, Koji Igarashi a réalisé, scénarisé et produit parmi les plus grands Castlevania dont le fameux Symphony of The Night, et l’équipe que nous appelons communément la Team Silent a emmené les 4 premiers Silent Hill à l'apogée du Survival Horror en partant de zéro, concurrencent Resident Evil sur son propre terrain.
Qu’ont en commun tous ces artistes : Konami leur a demandé de partir pour les remplacer ou les a fait fuir... On ne peut donc pas vraiment plaindre l’éditeur dans l’histoire.
Mais alors que penser de la sortie d’un nouveau Silent Hill dans ce contexte ? Sur le papier, plutôt du bien ! Konami revient en force et essaye de montrer patte blanche en ce moment avec les remakes annoncés de deux de ses grands jeux : Metal Gear Solid Delta : Snake Eater, et Silent Hill 2. On ne peut donc que louer la démarche de nous proposer un jeu gratuit et entièrement original, bien que l’on puisse également y voir une tentative de rassurer les fans très inquiets à propos des deux remakes susmentionnés, leurs créateurs originels étant tout à fait absents des projets.
Un « message » court, mais qui en dit long !
Tant dans le propos développé par son scénario, que par sa simple existence, Silent Hill : The Short Message a beaucoup à dire. La Team Silent n’est plus à l'œuvre depuis longtemps, et on sent qu’une nouvelle génération de développeurs est arrivée avec ses propres inspirations plus contemporaines.
Ce n’est pas la première fois que Konami tente de relancer sa franchise, ceux qui ont pu y jouer (dont Rix, votre serviteur) se souviennent de P.T. la démo du regretté Silent Hills sur PS4 qui n’aura jamais vu le jour ; une démo résultant d’une collaboration entre les ténors que sont Kojima (dont nous parlions plus haut), le réalisateur méxicain Guillermo Del Toro et l’acteur Norman Reedus. Cette démo a visiblement influencé la nouvelle équipe derrière ce Silent Hill : Short Message, c'est en tout cas ce que nous explique le producteur du jeu Motoi Okamoto et c’est une excellente nouvelle !
Côté scénario, la jeune équipe aidée des vétérans de Hexadrive (le studio derrière le DLC avec Chris Redfield « Not a Hero » de Resident Evil 7), a su, d’après nous, capter l’essence horrifique de la saga : l’horreur psychologique. Plutôt qu’une horreur phobique qui nous fait voir des araignées géantes, et fuir face à un poursuivant, Silent Hill se concentre sur la psychologie humaine : deuil, déni, maltraitance, obsessions, pulsions… et ici harcèlement.
Et même devrions-nous préciser le harcèlement scolaire : « [...] il est particulièrement terrifiant de constater l’influence que peut avoir une multitude de commentaires, aussi insignifiants, soient-ils individuellement, sur une personne. » nous explique Monsieur Okamoto à propos des thèmes soulevés par le jeu.
Un jeu gratuit en exclusivité sur Playstation 5, mais pourquoi ?
Le jeu est disponible depuis le 1er février sur Playstation 5, et est complètement gratuit. Ne nous réjouissons pas trop vite, car si la démarche est bienvenue, cela cache en revanche une petite part d’ombre, car l’objectif avoué de cet opus est « d’essayer des choses différentes et de voir ce qui fonctionn(e) ou non afin de parfaire notre expertise en matière de jeux d’horreur. » déclare Motoi Okamoto. Même avec autant de transparence, on peut regretter que le jeu serve d’expérience en remplaçant des bêtatesteurs professionnels par des joueurs.
Oui, il n’est pas difficile d’imaginer que Silent Hill : The Short Message, vient tâter le terrain en préambule à Silent Hill 2 : Remake, prévu pour décembre 2024 qui attise les attentes les plus vives ! D'autant plus que nous avons le droit à une bande-annonce de celui-ci. Ce qui est dommage, c'est que malgré toute sa bonne volonté d'essayer des choses différentes et de s'inspirer du désormais légendaire Silent Hills : P.T… force est de constater que n’est pas Hideo Kojima qui veut : le jeu propose un gameplay un peu rigide, redondant, bancal et presque daté avec un scénario qui a peiné à nous convaincre malgré l’effort évident de capter l’essence de la série.
Évidemment, les comparer est disproportionné, mais à côté d'un Alan Wake 2 qui arrive à être fun tout en poussant les codes du jeu vidéo loin dans ses retranchements, ce Silent Hill fait plus office retour en arrière un peu lourdaud et ne présage pas que du bon pour les futurs titres de l'éditeur.
Mais ne boudons pas notre plaisir, car le jeu reste plaisant malgré ses défauts, ou devrait-on dire déplaisant, puisque s’il est très loin d’être aussi horrifique que ses prédécesseurs, il effraiera sans aucun doute les plus peureux d'entre nous.