Netflix ne sera donc pas intégré au décodeur Livebox à l'image d'une chaîne IPTV ou d'un service de VOD tel que Canalplay. En revanche, cette décision n'empêchera pas les abonnés Orange de souscrire un abonnement Netflix mais ils devront se contenter d'une version "OTT", exactement comme s'ils regardaient une vidéo sur Youtube par exemple.
Concrètement, comme n'importe quel autre fournisseur de contenus (Youtube...), Netflix pourra transiter sur les réseaux d'Orange mais il ne bénéficiera d'aucune supervision ni gestion de la qualité de service (QoS). En cas de congestion du réseau - en heure de pointe notamment - le service Netflix risque donc d'être dégradé (pixellisation...) ou victime de latence.
Pour séduire les internautes, Netflix compte éviter ces désagréments. La semaine dernière, on apprenait ainsi qu'Open Connect, l'infrastructure CDN (Content Delivery Network) de Netflix lui permettant de mettre en cache les contenus les plus sollicités, était en cours d'installation à Paris. Reste à savoir si les interconnexions vers les différents réseaux des opérateurs seront suffisantes pour écouler le gigantesque trafic généré par les vidéos.
Pour réussir à s'implanter efficacement en France, Netflix a certes besoin d'une bonne infrastructure technique, mais il lui faut également tenir compte de 2 facteurs : la place centrale de la TV chez l'internaute français et la qualité du catalogue de vidéos.
En France, le marché de la VoD dépend en effet fortement du canal de distribution des décodeurs IPTV des fournisseurs d'accès. La "Box" centralise la majorité des contenus, et est devenue au fil du temps une passerelle indispensable pour toucher rapidement des millions d'internautes. Sans accord avec les FAI, Netflix se focalisera surtout sur le "second écran" (ordinateur, tablette...).
Pour parvenir jusqu'au téléviseur des internautes, Netflix devra donc transiter par une TV connectée, un boitier Apple TV ou une console Playstation par exemple. Netflix pourra aussi compter sur la clé Chromecast de Google qui permet de diffuser des contenus "OTT" en streaming directement sur un téléviseur.
Mais l'une des véritables questions demeure le catalogue. L'offre de Netflix France sera-t-elle aussi riche qu'aux Etats-Unis ? Faut-il s'attendre à une offre d'abondance capable de séduire un large public francophone ? Rappelons que Netflix ne pourra pas proposer de films récents puisque la chronologie des médias impose un délai de 36 mois entre la sortie d'un film au cinéma et sa diffusion en vidéo à la demande par abonnement (SVOD). Si le projet du Gouvernement aboutit - passer la chronologie des médias de 36 à 24 mois pour les plateformes de SVOD contribuant au financement des œuvres audiovisuelles françaises et européennes - une partie du catalogue de Netflix serait automatiquement moins attractive.