Si cette date s'avère exacte, cela signifie donc que le géant américain de la VoD dispose encore de 2 mois pour tisser sa toile avant de s'attaquer au marché français. L'un des enjeux du lancement de Netflix en France est la création d'une solide infrastructure locale lui permettant de s'interconnecter aux réseaux des opérateurs.
Implantés dans le datacenter Telehouse2 à Paris, les serveurs Netflix sont en cours de préparation comme l'a précisé sur Twitter Dave Temkin, le responsable réseau de Netflix. Et le moins que l'on puisse dire c'est que Netflix ne fait pas les choses à moitié ! La bande passante - le nerf de la guerre - prévue par Netflix est impressionnante. Avec une capacité d'1 Téra-Bits par seconde (1 Tbit/s), Netflix sera à même de supporter un énorme trafic Internet.
Le trafic généré par la firme américaine sera écoulé entre les serveurs de Netflix et les points d'interconnexions français tels que France-IX mais aussi les différents points de peering des fournisseurs d'accès tels qu'Orange, SFR, Numericable... Si de nombreux internautes français s'intéressent surtout au futur prix mensuel du service et à la richesse du catalogue, le véritable enjeu pourrait être la qualité de service.
En effet, bien que le poids et la qualité des vidéos diffusées par Netflix s'adaptent automatiquement au débit disponible sur la connexion Internet à un instant T, il ne faut pas oublier que la qualité de service est fortement liée à la taille des liens de transit entre le fournisseur d'accès et l'éditeur du contenu. En cas de sous-dimensionnement du "peering", les vidéos Netflix risquent d'être saccadées, mises en pause (buffering) ou encore pixelisées même si l'abonné dispose d'une bonne connexion. Un scénario déjà vécu notamment par les freenautes se connectant parfois difficilement sur Youtube par exemple.
Les fournisseurs d'accès sont en effet confrontés à un dilemme. La popularité de Netflix leur coûte cher puisqu'ils doivent adapter leur infrastructure pour maintenir des débits corrects, mais ils ne peuvent pas faire totalement l'impasse sur Netflix sans risquer de décevoir leurs abonnés, écorner leur image de marque et faire face à des résiliations de contrat.
Si le succès de Netflix aux Etats-Unis se confirme en France, les besoins en bande passante seront très importants. Rappelons qu'en heure de pointe le soir, un tiers de la bande passante américaine est monopolisé par Netflix. La pression de Netflix sur les réseaux pourrait paradoxalement être une opportunité pour certains opérateurs.
En effet, si Netflix - et ses concurrents - réussissent à séduire massivement les internautes français, l'un des critères de choix d'un opérateur Internet (fixe et mobile) ne sera plus seulement le prix mais également la qualité de service. D'ailleurs, Netflix pousse dans ce sens en publiant un baromètre des débits moyens observés chez les opérateurs.
Le Speed Index de Netflix classe ainsi les fournisseurs par pays avec une vitesse moyenne et son évolution mois par mois.... Une manière de "motiver" les opérateurs pour qu'ils améliorent leurs performances et fassent mieux que le concurrent !