"Da 5 Bloods" : une fiction au service d'un combat d'actualité
Il a été tourné et monté bien avant la mort de George Floyd, cet Afro-Américain de 46 ans tué par un policier le 25 mai dernier à Minneapolis. Mais, par un hasard du calendrier, "Da 5 Bloods : Frères de sang", le dernier film du réalisateur engagé Spike Lee est disponible depuis hier sur Netflix, alors qu'une vague d'indignation secoue le monde entier. Une colère qui donne forcément un écho particulier à ce film.
En effet, Spike Lee est un fervent défenseur de la cause noire et tous ces films traitent d'une manière ou d'une autre du racisme et des inégalités raciales.
C'était déjà le cas en effet, en 1989, dans "Do The Right Thing", qui raconte le meurtre d'un jeune noir par un policier blanc, ou plus récemment en 2018, dans "Blackkklansman", qui raconte l'histoire d'un policer noir infiltré dans le Ku Klux Klan. Et, c'est encore le cas, donc, de "Da 5 Bloods : Frères de sang", qui a pour théâtre la guerre du Vietnam, pendant laquelle les Noirs ont servi de chair à canon (30 % de soldats pour une population noire de 10 % aux États-Unis).
Le film raconte en effet l'histoire de quatre vétérans Afro-Américains qui retournent au Vietnam afin d'y retrouver la dépouille de leur chef et un hypothétique trésor enfoui. "Da 5 Bloods : Frères de sang" nous rappelle surtout que l'histoire des États-Unis est intimement liée à celle des Afro-Américains qui ont toujours payé un lourd tribu pour défendre la nation américaine. Comme le dit l'affiche du film : "Notre combat n'est pas au Vietnam", "Da 5 Bloods" interroge sur la place des Afro-Américains dans la société américaine.
"On meut pour ce pays depuis le début. On va donner cet or aux nôtres". Cette réplique du film, qui apparaît dans la bande annonce, résume à elle seule le sens que Spike Lee a voulu donner à son film. Cet or, que les quatre vétérans vont chercher au Vietnam, c'est le symbole des réparations que réclame une partie de la communauté noire et d'une reconnaissance qu'ils n'ont jamais obtenue.
Alors, forcément, on fait le parallèle avec la situation actuelle aux États-Unis qui nous rappelle que le racisme et les inégalités raciales sont toujours aussi fortes dans le pays. "Ce que je vois dans les rues aujourd'hui, c'est ce dont je me souviens durant les années 60 quand j'ai grandi", a déclaré Spike Lee dans une interview à la chaîne CBS. Des années 60 notamment marquées par les manifestations contre la guerre du Vietnam et contre le racisme...
Ce film est donc un trait d'union entre les deux époques. Une production qui risque bien de se hisser au hit-parade des meilleurs films disponibles sur Netflix. Mais, pour le voir, il faut absolument avoir un abonnement à Netflix.