Les opérateurs déploient la 4G à leur rythme
Déjà entamée en 2012, la couverture 4G des opérateurs suit son petit bonhomme de chemin en début d'année. Orange et SFR sont presque les seuls à communiquer sur leur avancée. Bouygues annonce l'arrivée du très haut débit mobile sans entrer dans les détails de son réseau. Il attend en effet impatiemment la réponse de l'ARCEP suite à sa demande d'utiliser ses antennes 2G installées sur la bande de fréquences des 1800 MHz pour déployer sa 4G.
Au mois de mars, l'ARCEP donne son accord à Bouygues sous les conditions de paiement d'une redevance annuelle de 65 millions d'euros, et d'une ouverture de réseau fixée au 1er octobre seulement. Mais grâce à cette autorisation, l'opérateur gagne un sérieux avantage sur ses concurrents : techniquement il n'a pas à installer de nouvelles antennes, et commercialement il bénéficie de la compatibilité avec de nombreux smartphones.
De leur côté, Orange et SFR avancent dans l'installation de leur réseau, et multiplient les inaugurations. Début avril, l'opérateur historique annonce la couverture d'une quinzaine d'agglomérations regroupant 50 communes. Ce chiffre augmente en juillet avec 20 nouvelles villes. Fin septembre, ce sont 26 agglomérations de plus qui accueillent la 4G, pour atteindre en fin d'année les 1102 villes couvertes, soit 50% de la population.
Pendant ce temps, SFR déploie son réseau plus tranquillement avec en priorité ses antennes 800MHz, pour garantir une meilleure qualité de service. Fin mars, il inaugure la 4G à Marseille, quatrième ville couverte par l'opérateur après Lyon, Montpellier et Paris La Défense. Il choisit ensuite d'axer sa communication plutôt sur son objectif de fin 2013, soit une cinquantaine d'agglomérations couvertes en 4G, correspondant à 40% de la population.
Cependant, même en respectant leurs objectifs, Orange et SFR restent derrière Bouygues Telecom, qui début octobre a pu couvrir en un coup de baguette magique, 63% de la population. Une avance difficile à rattraper pour ses concurrents, et notamment Free Mobile, resté très silencieux sur le sujet jusqu'en décembre, sauf pour critiquer la précipitation de ses concurrents... Pourtant, il semble avoir fait de même lorsqu'il a lancé son réseau 4G avec seulement 700 antennes en service sur l'ensemble du territoire. Cette annonce est apparue comme impétueuse, justifiant simplement une volonté de détruire les offres commerciales de ses concurrents à l'approche de Noël.
Les offres commerciales 4G connaissent des hauts et des bas
Les trois opérateurs principaux voyaient dans le lancement de la 4G, l'opportunité de proposer des forfaits mobiles à un prix plus élevé, justifié par des nouveaux services disponibles avec le très haut débit mobile. Parmi ces services, on retrouve une offre cloud, l'accès à des chaînes de télévision sur mobile, des applications pour jouer en ligne, écouter de la musique...
Dès janvier, SFR a mis sur le marché trois Formules Carrées compatibles 4G, avec des quotas de data variés : 2Go à partir de 29.99€/mois, 4Go à partir de 45.99€/mois et 6Go à partir de 59.99€/mois. Mais à la rentrée de septembre, l'opérateur au carré rouge a fait évoluer ses offres en proposant un Carré 3Go à partir de 34.99€/mois, un Carré 5Go à partir de 44.99€/mois, un Carré International 7Go à partir de 69.99€/mois, un Carré International 9Go à partir de 119.99€/mois. Ce renouvellement s'est accompagné d'un "Extra" à choisir parmi cinq applications : Napster, SFR Presse, Canalplay, iCoyote ou Gameloft.
Orange a lancé ses forfaits 4G destinés aux particuliers début avril. Dans sa gamme Origami Play, les offres 2Go et 4Go disponibles en 4G ont profité d'une promotion tout au long de l'année, avec un prix minimum respectif de 30.90€/mois et de 45.90€/mois. Chacune a ensuite été augmenté de 9€. La 4G d'Orange est aussi disponible sur l'Origamy Jet 6Go à partir de 59.99€/mois, ainsi que sur certaines offres Open.
C'est chez Bouygues que le prix des forfaits 4G a subi le plus de variations vers le haut comme vers le bas. Mi-avril, l'opérateur proposait deux offres Sensation de 2Go (à partir de 24.99€/mois) et de 5Go (à partir de 34.99€/mois). Puis sa gamme a été renouvelée fin août, avec la refonte du premier qui est passé de 2 à 3Go à partir de 29.99€/mois. Un nouveau forfait est également apparu, le Sensation 8Go Premium à partir de 39.99€/mois, complété au 1er octobre par le Sensation 16Go Premium à partir de 59.99€/mois. Mais à l'arrivée de Free sur le marché début décembre, Bouygues Telecom a été le seul à réagir parmi les trois grands opérateurs, en propageant la 4G sur tous ses forfaits, avec une modification de tarif sur le Sensation 3Go descendu à 19.99€/mois minimum, et le Sensation 5Go baissé à 24.99€/mois.
Il fallait en effet s'attendre à ce que Free casse les prix du marché, comme à son habitude. En proposant la 4G au même tarif que la 3G, le service "haut-de-gamme" auquel croyaient Orange, SFR et Bouygues a tout à coup perdu de sa valeur. Pour répondre à cette nouvelle attaque, ils ont tous les trois décidé d'apporter à leur marque low-cost le très haut débit mobile : B&YOU depuis le 17 décembre, Sosh à partir du 9 janvier et Red de SFR à partir du 14 janvier 2014. Mais l'arrivée de la 4G dans les offres low-cost étaient aussi sous-tendues par le lancement du réseau très haut débit chez les MVNO tels que Virgin Mobile et NRJ Mobile.
Financer les mobiles prend aussi de l'importance
La 4G, déployée sur les bandes de fréquences 800 MHz, 2600 MHz et 1800 MHz (pour Bouygues Telecom), demande à ce que les smartphones puissent réceptionner ce réseau. Or, en début d'année 2013, peu de mobiles étaient compatibles et ceux qui sont apparus progressivement dans les boutiques supposaient pour l'abonné un investissement conséquent. Il fallait donc pour les opérateurs trouver une solution moins onéreuse pour le client, en proposant des promotions ou une alternative à la subvention du mobile.
A la rentrée 2013, Bouygues Telecom a commencé à proposer une alternative à la subvention du mobile. Cette dernière permettait à l'abonné d'acheter un mobile moins cher en souscrivant un engagement de 12 ou 24 mois, pendant lequel il continuait à financer son téléphone. Mais la facture manquait de transparence, et même après la période d'engagement, le client payait toujours un tarif mensuel élevé. Bouygues Telecom a clarifié ce processus et distingue maintenant sur ses factures le prix du forfait et le prix du téléphone. Au bout de 12 ou 24 mois, les mensualités de remboursement s'arrêtent.
Le MVNO Virgin Mobile s'est lui aussi intéressé au financement des mobiles. Fin juin, il a lancé une nouvelle option avec un engagement de 24 mois. A la souscription d'un forfait, l'abonné peut choisir un téléphone, pour lequel il devra s'acquitter d'un premier versement à la commande, puis de 4€ par mois pendant 24 mois. S'il y a résiliation du forfait avant la fin de la période de deux ans, le reste des sommes dues doit être remboursé. Par ailleurs, en septembre, Virgin Mobile a lancé une nouvelle idée. Son forfait Telib inclut le smartphone Liquid Z3 d'Acer sans surcoût. Il constitue un prêt, et devra être rendu à l'opérateur lors de la résiliation du contrat. Cette offre n'est pas compatible 4G, mais elle montre son originalité dans l'accès au mobile pour l'abonné.
Mi-décembre, Free Mobile a lui aussi lancé sa solution pour aider les abonnés à financer un nouveau smartphone. Il a opté pour la location de téléphone haut de gamme, pour 12€ par mois sur deux ans avec un paiement à la commande à partir de 49€. Les Freenautes bénéficient ainsi d'une économie par rapport à l'acquisition du mobile, mais l'opérateur reste le propriétaire. A l'issue des 24 mois, le smartphone doit lui être retourné (sous peine d'être facturé), mais il est possible de louer un autre mobile. Attention, cette location est soumise à des conditions générales précises, qui impose des facturations dans le cas d'une résiliation anticipée, ou d'une panne non prise en charge.
Les débits de la 4G pointés du doigt
Après la mise en route des forfaits 4G d'Orange, de SFR et de Bouygues au 1er octobre, des études sur les débits réels observés ont été publiées. Ils dénonçent des résultats très éloignés des objectifs théoriques de 115 Mb/s ou 150 Mb/s, annoncés par les opérateurs. Même si les débits restent tout à fait satisfaisants par rapport à une connexion en 3G, l'UFC Que Choisir a déposé une plainte début novembre pour "pratiques commerciales trompeuses". La ministre en charge de l'Economie numérique, Fleur Pellerin, souhaite également intervenir pour calmer les effets d'annonces, en régulant les informations diffusées sur la 4G. Elle souhaite que les opérateurs communiquent sur des fourchettes de débit effectif, et non plus sur les débits théoriques, qui n'ont pas de valeur tangible auprès des consommateurs.