Si de tous côtés, on nous affirmait que l'affaire du rapprochement Orange – Bouygues Telecom était finalisée à 95%, que la répartition des actifs de Bouygues Telecom entre les divers acteurs du secteur était 'validée', dans le respect d'une concurrence loyale, c'est à nouveau le blocage. Le problème majeur du sujet de la survalorisation de l'opérateur, étrangement occultée jusqu'ici, vient de refaire surface comme une véritable bombe à retardement.
Alors que Bouygues Telecom est valorisé selon les analystes à un peu plus de 6 milliards d'euros, Free ayant d'ailleurs fait d'ailleurs une offre de cet ordre dès 2014, suivi par Orange, mais c'est Altice qui avait mis le feu aux poudres en surenchérissant à plus de 10 milliards d'euros le rachat de Bouygues Telecom en juin 2015. Proposition refusée par Bouygues. Cela avait fixé de fait un prix de référence, trop élevé aux yeux de tous les analystes qui estimaient au maximum une valorisation raisonnable à un peu plus de 6 milliards, 7 au maximum. Et c'est bien ce prix de base de 10 millions d'euros qui a pourtant servi lui aussi de référence pour les négociations en cours, qui semble aujourd'hui poser problème !
Blocage jusqu'au 3 avril 2016… dernier carat ?
Par deux communiqués succincts, d'à peine quelques lignes, les deux opérateurs en discussion plus qu'avancée ont annoncé un dernier report des négociations au maximum jusqu'à ce dimanche 3 avril 2016, suite à de nouvelles réunions des conseils d'administration. Au-delà du prix même de cet accord, de très nombreuses informations restent pour le moment sans réelles confirmations, même si un certain nombre de ces points semblent être actés :
- SFR récupérerait 1,9 million clients B&YOU, des clients internet fixes et les clients Entreprises de Bouygues Telecom, plus éventuellement des fréquences.
- Free gagnerait des fréquences et des antennes de Bouygues Telecom, de quoi booster son réseau en propre mobile et atteindre plus rapidement ses objectifs de couverture du territoire en 4G.
- Free récupérerait également une grande partie des 550 boutique du réseau Bouygues Telecom, multipliant par un facteur de 10 son nombre de points de ventes actuels.
- Orange, garderait de son côté des actifs mais également des clients fixes haut de gamme, ainsi que la grande majorité des employés, Free et SFR reprenant les autres. Ce sujet des employés est d'ailleurs un des points les plus délicats pour le Gouvernement, surtout dans la situation de crise sociale et de l'emploi que nous traversons...
Le gouvernement joue les trouble-fêtes… encore une fois
Etant à la fois actionnaire majoritaire d'Orange, à hauteur de 23% aujourd'hui et en même temps supposé être au service de tous les français, le Gouvernement se trouve dans une situation pour le moins paradoxale, pour ne pas dire antinomique. Au-delà d'un aspect purement financier d'actionnaire, qui a priori est cause du blocage actuel, le Gouvernement ne voulant pas à priori aller au-delà des 9 milliards d'euros, se pose la question des parts des acteurs dans Orange.
On a d'un côté un actionnaire majoritaire (le Gouvernement) qui ne veut pas descendre à priori sous les 21 à 20% du capital d'Orange et un Bouygues qui lui semblerait vouloir entre 10 et 15%, 12% selon les dernières rumeurs en date dans un premier temps. Pour asseoir son développement à l'international, on imagine bien qu'Orange préférerait avoir un acteur industriel de l'envergure de Bouygues, plutôt que le gouvernement, qui fait plutôt office de 'boulet' pour des ambitions d'Orange au niveau mondial.
De son côté, le Gouvernement ayant hérité de l'historique d'Orange, avec les français qui ont donc payé pour l'ensemble du déploiement des réseaux télécoms cuivre qui servent encore à la majorité des français pour les accès xDSL, il doit garder une certaine forme de contrôle sur Orange.
Le sujet Axione filiale du Groupe Bouygues Energies & Services
Un sujet sur lequel peu d'informations ont pour l'instant filtrées, concerne une filiale du Groupe Bouygues Energies & Services, donc théoriquement séparée de la partie Bouygues Telecom. Cette structure est un des acteurs majeurs du déploiement d’infrastructures télécoms au service des collectivités territoriales, des opérateurs et des équipementiers. En mai 2015, Axione avait notamment signé un nouveau contrat pour le déploiement, l’évolution et la maintenance du réseau mobile et du cœur de réseau de Bouygues Télécom (250 personnes mobilisées chez Axione pendant 4 ans). Peuvent alors se poser de nombreuses questions qui concernent Axione, notamment pour savoir si cet industriel sera concerné directement par le rachat, ou se trouvera en position privilégiée pour déployer certains réseaux fibre optique en France par Orange ?