Des antennes « de poche » pour améliorer la couverture sur des espaces très localisés : c’est l’une des pistes qu’explorent actuellement les acteurs de la téléphonie mobile pour remédier aux limitations du réseau. Un test mené à Annecy pendant un mois, piloté par l’Agence nationale des fréquences (ANFR), doit permettre d’évaluer la pertinence de ces solutions pour l’amélioration de la couverture 4G et du débit. Sans oublier de mesurer l’exposition aux ondes radio. Avec, en ligne de mire, un « déploiement à grande échelle ».
Absorber la hausse du trafic
D’un côté, une utilisation des réseaux 4G en hausse exponentielle : l’ANFR estime que le trafic sera multiplié par 8 à 10 environ en France d’ici à 2020. De l’autre, des dessertes limitées en capacité (congestion chronique) ou en envergure (zones blanches). Alors que se profilent déjà de nouveaux besoins avec la 5G, d’ici quelques années, les réseaux mobiles dessinés par les antennes-relais classiques risquent fort de n'être plus adaptés. En déployer plus prend du temps, et leur proximité, inévitable en milieu urbain, suscite une inquiétude croissante de la part de la population.
Solution proposée ici : l’installation d’antennes de faible puissance, d’une portée d’une dizaine à une centaine de mètres, pour compléter le maillage. De quoi faire face aux périodes de pointe dans les lieux très fréquentés, de manière régulière (rues, métros, gares, aéroports) ou ponctuelle (festivals, manifestations). Ou résorber les « trous » de couverture localisés, voire améliorer la couverture en zones blanches. Intégrées au mobilier urbain, ces petites cellules ouvriraient aussi de nouvelles perspectives aux collectivités, qui pourraient ainsi offrir des « services innovants en faveur de la "ville intelligente" », prédit l'ANFR.
Annecy en ville-pilote
Pendant un mois, cinq de ces petites antennes, intégrées à des abribus et des panneaux d’information JC Decaux, vont être testées près du Lac d’Annecy sur le réseau d’Orange. Il s’agira ainsi de « vérifier si une amélioration de la couverture 4G et des débits utilisés a été constatée et dans quelle proportion », indique l’Agence.
Parallèlement, l’étude doit permettre de « procéder à des mesures et des modélisations de l’exposition aux ondes radio » pour évaluer l’impact éventuel de ce dispositif. Au cours du 1er semestre, des expérimentations similaires seront conduites par Bouygues et SFR. L'ANFR dressera ensuite un bilan global de ces tests, annoncé pour mi-2017.
Anticiper l’avenir du réseau mobile
L’enjeu, à terme, est de préparer la mise en place d’une nouvelle architecture « hétérogène » combinant antennes « macro » et petites cellules. Et ainsi « préfigurer les réseaux de demain » et notamment l’arrivée de la 5G, explique l’Agence. Vaste ambition au centre du plan Souveraineté télécoms lancé en 2014, lequel avait justement publié en septembre 2015 un livre blanc destiné à « promouvoir le déploiement de petites cellules ».
Soulignant la pertinence de cette solution, les contributeurs, parmi lesquels Alcatel-Lucent, Orange, Bouygues et SFR, rappelaient au passage quelques prérequis pour la mettre en œuvre à grande échelle. A savoir une simplification des démarches administratives pour leur installation et une fiscalité adaptée (taxe IFER). Traduction : les opérateurs sont prêts à y aller, mais les autorités devront faire un effort.