90 milliards d’applis téléchargées l’an passé : c’est 13 milliards de mieux qu’en 2015 pour un business qui se voit promis à de riches années, selon la société d'intelligence économique App Annie. 2016 a vu les ventes des éditeurs d’applications s'envoler de 40% : des performances essentiellement portées par les jeux, mais aussi par les géants du streaming vidéo et musique, qui ont assis leur domination. Moins rémunératrices, les applis de messagerie et de réseaux sociaux restent toutefois les plus téléchargées et les plus utilisées.
Apple surfe sur la Chine, Google Play sur les autres émergents
+15% pour les téléchargements, +20% pour le temps d’utilisation et +40% pour le chiffre d’affaires. Avec, sur l'App Store iOS, +50%, à 23 milliards de dollars, et, pour Google Play, +40%, à 12 milliards. Ce dernier affiche en revanche la plus forte progression sur les téléchargements, porté par le développement d’Android, et donc de Google Play, dans les pays émergents.
La boutique Apple affiche une croissance plus modeste, attribuable à 80% à la Chine (dont Google Play est absent). Le pays est n°1 mondial des téléchargements sur la plateforme à la pomme, mais aussi, pour la première fois, 1er générateur de chiffre d’affaires, devant les Etats-Unis et le Japon.
L'environnement mondial en pleine mue
Une exception dans un modèle où les marchés émergents voient les téléchargements exploser mais pas encore le chiffre d’affaires. C’est dans les pays matures, où les utilisateurs ont déjà fait le tri dans leurs applis préférées et développé des préférences d’usage, que le temps d’utilisation et les recettes peuvent alors véritablement prendre leur essor, analyse App Annie dans son étude.
Le top 10 mondial en termes de chiffre d’affaires reste ainsi le pré carré des grandes économies, où la France occupe d’ailleurs la 10e place sur iOS et la 7e sur Google Play. Mais les fortes croissances des téléchargements et du temps d’utilisation observées cette année en Inde ou au Brésil devraient rapidement changer la donne.
La manne du gaming
La mainmise des jeux mobiles sur le business des apps stores reste impressionnante : 75% du chiffre d’affaires sur iOS et même 90% sur Google Play ! Ce lors d’une année marquée par le phénomène Pokémon Go, qui a établi un nouveau record en matière d’achats intégrés : 800 millions de dollars en seulement 110 jours, loin devant le pourtant très populaire Candy Crush Saga (plus de 250 jours).
Un succès qu’espère imiter Nintendo avec son premier jeu mobile, Super Mario Run, lancé en fin d’année, et encore présent dans le top 10 des applis de jeux les plus téléchargés dans de nombreux grands marchés.
Le social fédère mais ne paie pas
Le secteur le plus rémunérateur, oui, mais pas le plus dynamique, à en croire App Annie. La croissance des téléchargements a ainsi été plus forte sur le secteur non ludique en 2016 : Finance, Voyages, et Photos & vidéo sur App Store iOS et Productivité, Outils et Réseaux sociaux sur Google Play. Des orientations qui reflètent la plus forte implantation des iPhone et iPad sur les marchés matures. Et une prédominance d’Android sur les marchés en développement, où l’on s’en tient pour l’instant au téléchargement d’applis « essentielles ». Soit les navigateurs, comme Chrome, ou les applis de réseaux sociaux, comme Facebook et son Messenger, Instagram, WhatsApp, Snapchat ou Twitter.
Toujours en têtes des téléchargements à travers le monde, ces dernières voient logiquement leur temps d’utilisation exploser à mesure que le smartphone se démocratise dans les pays émergents. Au point, parfois, de phagocyter le temps d’utilisation disponible pour d’autres services. Mais, gratuites, elles restent insignifiantes côté recettes, et doivent rivaliser d’ingéniosité pour convertir financièrement des bases d’utilisateurs immenses.
Les applis de streaming vidéo s'envolent
Un souci que n’ont pas les applis de streaming vidéo ou musique, omniprésentes dans le top 10 combiné iOS et Google Play en termes de chiffre d’affaires : Spotify (1), Netflix (3), HBO Now (5), Pandora (6), iQIYI (7) et Hulu (10). Grâce au système d’abonnement sous forme d’achat intégré, elles ont vu leurs ventes exploser l’an dernier : +150% pour le top 3 des applis de streaming vidéo aux Etats-Unis, +270% en Chine et +420% au Royaume-Uni.
Preuve, pour App Annie, de l’adoption par la clientèle de ce système de paiement, souvent décrié par les éditeurs en raison des commissions élevées prélevées par les boutiques. En particulier chez Apple, qui envisage d’ailleurs, pour apaiser les tensions avec ces entreprises très lucratives, de ramener sa part du gâteau à 15% sur les applis de SVOD.