Report de la 5G : le gouvernement dit non à Martin Bouygues
Interpellé par Martin Bouygues, qui à l'occasion d'une tribune dans les colonnes du Figaro demandait la semaine dernière le report de l'attribution des fréquences du nouveau réseau mobile 5G, le gouvernement n'a pas tardé à répondre au patron de Bouygues Telecom.
"On va regarder ça de très près mais je ne suis pas totalement convaincue par les arguments qui sont déployés", a répondu ce matin Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, sur BFM Business. Et de s'expliquer : "Faisons attention à ne pas prendre du retard [sur la 5G] et à ne pas se retrouver dans la situation qu'on a déjà vécue plusieurs fois en France où on va être plus intelligents que tout le monde et à la fin on est plutôt en retard sur le reste de la compétition".
Pour appuyer son raisonnement, la secrétaire d'État, "très vigilante sur ce qu'il se passe à l'étranger", assure que la 5G "a été un élément assez important de la Chine pour lutter contre le Covid. J'observe également qu'un certain nombre de pays, que ce soit aux États-Unis, que ce soit en Asie, jusqu'en Nouvelle-Zélande, ont accéléré leur déploiement de la 5G parce qu'ils pensent que c'est un élément de réponse à la crise et notamment pour soutenir les entreprises et leur donner de la compétitivité additionnelle".
Un discours à l'opposé de Martin Bouygues qui appelait le gouvernement à faire preuve de pragmatisme. Parmi les arguments avancés par le patron de Bouygues Telecom, "la situation du pays, qui se relève avec difficulté d’un terrible cauchemar sanitaire humain et économique, commande de repousser de quelques mois supplémentaires l’attribution des fréquences 5G".
Comme prévu par l'Arcep, les enchères 5G, prévues en avril et déjà repoussées une fois à cause du coronavirus, devraient avoir lieu, en juillet ou en septembre, en fonction de la situation sanitaire dans le pays.
Les arguments déployés par Martin Bouygues n'ont visiblement pas reçu l'accueil attendu. Il n'empêche, le patron de Bouygues Telecom a raison sur un point : "Escamoter le débat public serait une grave erreur, s'agissant d'une préoccupation importante de nos concitoyens". En effet, plus une semaine ne se passe sans que les anti-5G ne fassent parler d'eux.
La 5G n'en finit plus de faire des vagues
La 5G n'est pas encore arrivée qu'elle suscite un maximum d'inquiétudes. Il faut dire qu'on dispose d'assez peu de certitudes sur les répercussions de la 5G sur la santé et l'environnement. Résultat, les anti-5G sont de plus en plus entendre et multiplient les actions.
Si certains manifestent leurs craintes en détruisant des antennes 5G, comme c'est le cas dans plusieurs pays européens, d'autres ont décidé de se battre sur le terrain judiciaire. En effet, 500 militants écologistes viennent d'assigner en justice Orange, Bouygues, SFR et Free. Ils demandent une expertise judiciaire sur la 5G. Les quatre opérateurs français qui seront amenés à commercialiser des forfaits 5G devront justifier auprès d'un expert les mesures qu’ils ont prises pour prévenir tout risque pour la santé ou l’environnement. À charge pour l'expert d'investiguer sur "l'établissement de l'inocuité de cette technologie".
Pour les militants écologistes, "le principe de précaution s'impose lorsque les risques pour la santé ou l'environnement ne sont pas certains, mais simplement probables, ou en tous cas non exclus”. Faute de quoi, ils se réservent le droit d'engager des poursuites contre les quatre opérateurs.
Déposée le 26 mai, cette assignation en justice fait suite au recours devant le Conseil d'État de deux associations, Priartem et Agir pour l'Environnement, qui demandaient un moratoire sur la 5G. Elle ont été déboutées sur la forme. Néanmoins, la justice a décidé de se prononcer sur le fond cet été.