En forte croissance ces dernières années, les vols de câbles touchent de plus en plus les réseaux de France Télécom, d'ERDF ou encore de la SNCF. Convoités pour leur cuivre, les câbles téléphoniques nécessaires notamment aux accès Internet ADSL, et les lignes électriques sont régulièrement vandalisés.
Les préjudices répétés, qui touchent aussi bien les particuliers que les professionnels, trouvent désormais un large écho dans la presse locale et régionale. Il suffit de taper "vol de câbles" dans la rubrique Actualités de Google pour s'en rendre compte : 3900 foyers privés d'Internet à Noisy-le-Sec le 22 mai, 400 autres dans la Sarthe le 9 mai, 500 en Meurthe-et-Moselle le 16 mai, et autant en Côtes d'Or le 2 mai dernier.
Quelles sont les conséquences de ces vols ?
Pour un particulier, ces vols se matérialisent surtout par l'impossibilité de se connecter à Internet et de téléphoner depuis un poste fixe. Dans le cas d'une connexion ADSL, les données Internet transitent sur les câbles qui relient la Box de l'internaute au central téléphonique dont il dépend.
Le vol de câbles électriques peut avoir exactement les mêmes effets en plongeant dans le noir des dizaines d'habitations. Depuis le début d'année, la direction d'ERDF Morbihan, en charge du réseau de distribution dans ce département breton, déplore le vol de 30 kilomètres de câbles représentant plus de 10 tonnes de cuivre. Chaque vol signifiant mécaniquement une interruption plus ou moins longue de l'alimentation électrique. A l'échelle nationale, l'entreprise RTE (réseau de transport d'électricité) estime le préjudice à plus de 12 millions d'euros...
Même constat du côté de la SNCF. Le vol de câbles servant aux communications sur le réseau ferré provoquent des pannes, des retards et un mécontentement général... En avril dernier, une cinquantaine de TGV et près de 20 000 personnes ont été bloquées près de Lyon à cause d'un incendie provoqué par un vol de câble.
Pour les entreprises, les préjudices économiques d'une coupure d'accès Internet liée à un vol de câble France Télécom peuvent être dramatiques. Depuis le 20 décembre dernier, 17 vols de cuivre ont été recensés sur la seule commune de Caudiès-de-Fenouillèdes dans les Pyrénées-Orientales ! Une situation qui met en danger une entreprise viticole locale, implantée à quelques kilomètres de là, qui perdrait 10 000€ par jour de coupure. De quoi mettre une trésorerie à plat et des emplois en danger...
Pourquoi les malfaiteurs s'attaquent-ils (notamment) aux câbles de cuivre du réseau téléphonique de France Télécom ? Le cuivre est une matière première rare et stratégique dont le prix a flambé (5000€ la tonne). Ces derniers mois, des associations de malfaiteurs très organisées se sont ainsi spécialisées dans le vol de câbles, considéré comme une filière lucrative et nettement moins risquée que les cambriolages, les braquages et d'autres activités illicites.
Comment lutter contre le vol de câbles ?
Plusieurs actions ont été entreprises pour lutter contre les vols de métaux, et en particulier le cuivre. Du point de vue législatif, l'Etat veut limiter le recel. La loi de finances rectificative du 31 juillet 2011 a supprimé la possibilité de paiement en espèces des transactions relatives à l'achat au détail de métaux ferreux ou non ferreux (art. L. 112-6 du code monétaire et financier). Les professionnels sont ainsi tenus d'utiliser un mode de paiement traçable et doivent communiquer aux services fiscaux l'identité et l'adresse des vendeurs ainsi que le cumul annuel des achats effectués.
Sur le terrain, des conventions entre les forces de l'ordre et les principales sociétés concernées par les vols (SNCF, France Télécom....) ont également été signées. Dans les faits, cela signifie par exemple des moyens renforcés comme la surveillance nocturne du réseau ferré par des hélicoptères de la Gendarmerie.
Du côté de France Télécom, la surveillance s'effectue de manière passive. Un protocole spécifique est prévu (câbles sectionnés, alarmes....) pour alerter les gendarmes et leur permettre d'interpeller en flagrant délit d'éventuels voleurs.
Des travaux sont également entrepris pour l'ancrage et l'enfouissement des réseaux. On évoque également le remplacement progressif du cuivre par la fibre optique, plus performante et dont la valeur marchande est nulle par rapport au cuivre. Néanmoins, ces travaux sont bien souvent longs et coûteux d'une part, et d'autre part, ils n'empêchent pas les coupures puisque les voleurs ne font pas de différence entre des fourreaux de câbles en cuivre et des fourreaux remplis de fibres.
Du côté judiciaire, les condamnations à la prison ferme tombent et devraient jouer leur rôle de dissuasion. Trois habitants de Bayonne ont été condamnés à 6 mois de prison ferme pour un vol de 400kg de câbles téléphoniques. L'année dernière, le tribunal de Tarascon a retenu la qualification de vol aggravé (à cause des conséquences de l'atteinte ua réseau) pour condamner deux hommes à 18 et 24 mois d'incarcération. Deux ans également pour un voleur interpellé en train de dérober les câbles électrique du stade des Mureaux (Yvelines).