Depuis quelques mois, le Groupe Vivendi s'était lancé dans une opération de prise de participation dans le groupe Telecom Italia, montant à près de 15% au mois de juin dernier, puis étant passé à un peu plus de 20% très récemment. Dans une stratégie de valorisation de ses contenus, Vivendi n'avait pas caché sa volonté de construire une relation solide et de long terme avec Telecom Italia, doté de bonnes perspectives de développement sur l'Europe du Sud, notamment sur la partie très haut débit. Cependant, il faut savoir que tant que la participation de Vivendi est inférieure à 25% des parts de Telecom Italia, une offre de rachat n'est pas possible en Italie.
Vivendi, retour en force dans les Télécoms ?
Du coté de Vivendi, après s'être 'débarrassé' de SFR en revendant l'entité à Numericable il y a deux ans, en se séparant également de Maroc Telecom et de Global Village Telecom au Brésil, le Groupe avait pourtant gardé un pied dans les Télécoms, et cette montée en puissance dans Telecom Italia avait été initiée depuis quelques temps.
Pour comprendre cet intérêt pour l'opérateur italien, outre sa position de leader sur les réseaux mobile et les infrastructures en Italie, anciennement opérateur historique (bref le Orange italien), il faut savoir qu'il détient également TIM Brazil, deuxième opérateur Télécom brésilien (plus de 76 millions de clients mobiles). Alors que la Bourse italienne est en progression de plus de 17% depuis le début d'année, attirant à nouveau massivement les investisseurs étrangers, Telecom Italia est valorisé à plus de 23 milliards d'euros en Bourse.
Xavier Niel entre dans la danse de Telecom Italia
C'est Xavier Niel, via sa holding NJJ Capital, qui a surpris tout le monde en faisant l'acquisition d'environ 1% jeudi, puis un peu plus de 15% des actions de l'opérateur italien dès vendredi, talonnant Vivendi, pour mettre la pression et potentiellement dépasser lui aussi les 24,9% lui permettant de lancer une OPA. Pour rappel, le Groupe Iliad/free avait racheté en 2008 les activités françaises de Telecom Italia : Alice. Par contre, il est à noter que cette entrée dans le capital Telecom Italia est le fait du fond d'investissement NJJ Capital, et non pas d'Illiad, tout comme ce fût le cas pour Monaco Telecom ou Orange Suisse (devenu Salt depuis).
Si en France, Free a fait ses débuts avec des tarifs plutôt agressifs, la stratégie sur des territoires comme Monaco et la Suisse est différente, avec des tarifs excessifs, alors que d'un point de vue investissement, la tailles des territoires aurait du justement signifier une politique tarifaire raisonnable avec une couverture 4G supérieure à 90%. D'un autre côté, les deux pays concernés proposent une clientèle avec un très fort pouvoir d'achat, et Free semble bien en profiter allègrement.
En effet, l’autorité de la concurrence a validé fin octobre le rachat par Free de 50% du capital de Telecom Réunion Mayotte (filiale de Numéricable-SFR) pour la somme de 70 millions d'euros. Iliad et Hiridjee (opérateur malgache), possèdent désormais les activités mobiles d'Outremer Telecom à 50/50, la marque locale Only pouvant céder a priori prochainement la place aux offres de Free.
A noter également que le fonds de Xavier Niel (NJJ Capital) et l'opérateur malgache Telma ont obtenu une licence de téléphonie dans les Comores. La Réunion, Mayotte, Les Comores… face à leurs concurrents locaux SRR (SFR Réunion) et Mauritius Telecom (Orange Maurice). Il reste à voir maintenant si cela va signifier des forfaits mobiles enfin attractifs pour les habitants de ces territoires, car pour le moment, sur ces zones éloignées, les forfaits sont en moyenne, 15 à 40% plus chers qu'en Métropole ! A noter d'ailleurs que REDbySFR.re vient de baisser de façon conséquente ses offres à la Réunion, sans aucun doute pour commencer à contrer la probable arrivée de Free... Le forfait REDMaxi de REDbySFRre avec appels/SMS/MMS illimités est désormais à 19,99€/mois.
Si les spéculations vont bon train depuis ce weekend sur les volontés des uns et des autres, certains analystes s'étant même avancés sur une 'collaboration' entre Xaviel Niel et Vincent Bolloré pour prendre le contrôle de Télécom Italia, information assez vite démentie de part et d'autre. Plus crédible, dans un écosystème télécom qui ne peut que passer par des consolidations et des structures présentes à l'international, cette manœuvre stratégique de Xavier Niel pourrait viser à bloquer Vivendi sur une prise de contrôle du géant des télécoms transalpins, voire assurer le développement de Free sur d'autres pays.