Les principaux opérateurs alternatifs (Neuf, Free, Alice) ont rappelé la semaine dernière à l'Autorité de Régulation des Télécommunications que le tarif de l'offre de location du réseau de France Télécom n'a pas été actualisé depuis 2006. L'opérateur historique facture à ses concurrents 9,29€ HT par mois et par ligne dégroupée.
A quoi correspond cette offre de gros ? Il s'agit du coût de location de la portion finale du réseau de France Télécom, appelée aussi la boucle locale. Dans le cas d'un dégroupage, votre connexion ADSL utilise forcément la paire de cuivre de FT entre votre domicile et le central téléphonique, avant de transiter sur le réseau de votre opérateur.
Les FAI contribuent ainsi à l'amélioration et à la maintenance du réseau qu'ils utilisent en louant son accès à l'opérateur historique. Mais la polémique n'est pas tant sur le principe que sur le montant (voire même sur sa méthode de calcul). En clair, plutôt que 9,29€ HT, les FAI estiment que 6 ou 7€ serait un tarif plus juste au vu des investissements que France Télécom réalise sur la boucle locale.
Rappelons que cette offre de gros n'a pas beacoup évolué ces dernières années. En 2002, France Télécom facturait 10,5€ par mois et par ligne dégroupée. Sous l'influence de l'ARCEP, le prix a légèrement baissé par la suite à 9,5€ puis à 9,29€.
Quels sont les enjeux dans cette affaire ? Les opérateurs alternatifs veulent payer moins cher les prestations que France Télécom est aujourd'hui seul habilité à réaliser et à facturer. L'objectif pour les Free, Neuf et Alice est d'améliorer leur marge, et donc augmenter leur capacité à proposer de nouveaux services.
L'autre enjeu pour les opérateurs alternatifs est plus stratégique et à plus long terme. Il s'agit d'éviter que les profits que FT génère via la location de la boucle locale ne soient, indirectement, réinvestis par Orange dans le déploiement de la fibre optique ou encore dans les contenus (droits du foot...).
Avec plus de 15 millions d'abonnés, le marché de l'ADSL a bien entendu explosé ces dernières années. Alors que la consolidation du secteur s'achève, après que les plus gros aient mangé les plus petits, les opérateurs se rendent compte que la domination d'Orange reste importante avec plus de 49% de part de marché.